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Ellumyne![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Excursion au Mont-Merveille(par Ellumyne)La poussière du chemin virevoltait sous les pas de mon cheval, teintant mes bottes d’une poudre ocre. Mais je n’en avais cure, tout à ma joie de découvrir ce nouveau pays, connu dans le monde entier pour son légendaire Mont-Merveille. Cela faisait trois jours que je chevauchais, émerveillée par le paysage environnant. Des champs de tulipes se succédaient les uns aux autres, à perte de vue. Chaque parcelle encore plus belle que la précédente, chacune d’une couleur différente, dans un arc-en-ciel féérique passant du rose délicat au jaune éclatant. Un peu perdue dans ce dédale bariolé, je décidai de m’arrêter à une gargote pour laisser ma monture se reposer et demander mon chemin. — Bonjour ! m’exclamai-je avec enthousiasme à l’aubergiste. Un verre d’eau s’il vous plait. — Tenez. Vous n’êtes pas du coin, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qui vous amène dans notre beau pays ? me répondit-il avec curiosité. — Je viens pour visiter le Mont-Merveille ! D’ailleurs, pouvez-vous m’en donner la direction ? Je pense m’être légèrement égarée sur la route. Une lueur d’hostilité passa dans le regard de l’homme, et c’est les lèvres pincées qu’ils me répliqua sèchement : — Le Mont-Malade vous voulez dire ? Pourquoi voulez-vous aller dans ce lieu maudit ? — Malade ? Euh, on m’a dit que ce mont vertigineux était le plus beau de toute la contrée. — Beau ? Il n’est que ruine, mort et désolation. Rien de bien n’en sortira jamais. Abandonnez votre quête et retournez d’où vous venez, c’est un conseil. — M… Mais… bégayai-je surprise par tant d’animosité. — Hors de chez moi ! Ouste ! cria-t-il en me désignant la porte de son établissement d’un index rageur. La tête basse, je filai sans demander mon reste et remontai à cheval. Mon chapeau à larges bords vissé sur le crâne, je repris la route sous la fournaise. L’horizon n’était que couleurs chatoyantes sous les rayons du soleil. La chaleur commençait à me monter à la tête et j’avisai deux hommes au loin. Ou bien était-ce un mirage ? Le paysage ondoyait sous la canicule écrasante de ce début d’après-midi, et je n’étais plus sûre de rien. — Hey, vous, là -bas ! appelai-je d’une voix rauque. Savez-vous où je peux trouver le Mont-Merveille ? Je m’approchai d’eux sur le chemin caillouteux, mais personne ne réagit à ma présence. — Voleur de terrain ! Tu vas me le payer, crapule ! Quel culot de planter tes monstrueuses tulipes violettes au milieu des miennes ! vitupéra l’un des deux hommes. — Truand ! Vaurien ! Je ne fais que replanter celles que tu as piétinées dans mon propre champ ! répliqua le deuxième. — Cette faute ne restera pas impunie ! Cela se règlera dans un duel à mort ! s’exclama le premier en soulevant le pan de son manteau pour laisser apparaître un révolver. Je stoppai net, n’ayant nullement envie de me prendre une balle perdue. Même à cette distance, je pouvais voir la sueur perler sur leur front. Les yeux plissés, les jambes arquées et bien campées dans le sol, la main droite prête à dégainer, ils étaient prêts à se faire justice. Je m’apprêtais à rebrousser chemin quand une détonation me vrilla les tympans. Terrorisé, mon cheval se cabra, manquant de me faire tomber, et parti au triple galop dans le champ, traçant un sillon dans la terre meuble et décapitant toute une rangée de tulipes dans une explosion de pétales colorées. Un beuglement féroce accompagna ma fuite. S’agissait-il du cri de douleur du blessé ou bien d’une menace à mon encontre pour avoir ruiné le fruit de leur dur labeur ? Une chose était sûre, je n’avais pas l’intention de m’arrêter pour avoir la réponse. Le soir venu, épuisée et démoralisée, j’encourageai ma monture à gravir une butte avant de nous arrêter pour la nuit. Je dormis à la belle étoile, d’un sommeil agité, en me demandant si ce Mont-Merveille ou Mont-Malade, ou quel que soit son nom, existait bel et bien. Au petit matin, le bruit d’une carriole me tira de ma torpeur et un vieil homme me salua. Le visage ridé comme une vielle pomme, la peau noircie par une vie en plein air et les dents jaunies par le tabac, il m’observait d’un regard empli de curiosité. — Vous avez l’air épuisée, jeune demoiselle, me dit-il d’une voix bienveillante. Où allez-vous comme ça ? — Je… Je crois que je suis partie à la recherche d’une chimère. Le Mont-Malade n’existe probablement pas… murmurais-je, abattue. — Vous voulez parler du Mont-Merveille ? Mais vous êtes assise dessus ma petite dame. — Hein ? Quoi ? m’exclamais-je en regardant autour de moi. Le sol était recouvert d’une multitude de fleurs multicolores, de pâquerettes blanches, de bleuets d’une teinte éclatante, de pissenlits et de bouton-d’or d’une couleur aussi vibrante que le soleil lui-même. — Mais… Je ne comprends pas… — Le Mont-Merveille est le seul endroit où les tulipes ne poussent pas. Il est boudé par les habitants de la région car il ne leur rapporte pas d’argent. Cela en fait un endroit merveilleux et unique. — Mais je croyais qu’il s’agissait d’une montagne ! Ici, nous ne sommes que sur un vulgaire talus, marmonnai-je. — Bienvenue aux Pays-Bas !
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