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Ellumyne![]() Spectacles![]() Les aventures du Professeur Istique et de Claire Voyance
![]() ![]() Visite fortuite(par Ellumyne)Après l'explosion du canon cupidon dans les mains de son propriétaire, je laissai ce dernier déclamer sa demande en mariage en l'écoutant d'une oreille distraite. Le pistolet à fleurs traînait sur le sol un peu plus loin, je le confisquai afin de ne prendre aucun risque. Le toit de cet immeuble avait déjà subi bien assez d'outrages pour aujourd'hui. Le regard adorateur que m'adressa le Professeur Istique, encore agenouillé au sol, me donna une idée, et je demandai l’autorisation à mon patron de la mener à bien, ce qu’il accepta sans hésitation. — Professeur, puis-je vous demander de me faire visiter votre merveilleux laboratoire ? minaudais-je, en lui faisant mon plus beau sourire. — Mon… mon laboratoire ? Mais bien sûr ! Pour vous, Claire, je ferai absolument tout ! Allons-y, je vous ferai une visite guidée, répondit ce dernier avec empressement. Le Professeur sortit de sa poche intérieure un petit briquet qui se transforma en lance flammes d'une simple pression de bouton et il carbonisa les bégonias qui entravaient la fermeture de la cabine d'ascenseur. Une fois sortis de l’immeuble, le voyage jusqu'au laboratoire se déroula sans encombre, si ce n’était que je devais constamment repousser l’amoureux transi qui se collait à moi tout m’énonçant ses projets pour notre lune de miel. Mais la joie que j’éprouvais à l’idée de pouvoir enfin visiter ce lieu mystérieux et impénétrable dépassait de loin mon antipathie envers le Professeur. Arrivés devant la porte blindée menant à l’arrière-boutique d’une horlogerie, je retins mon souffle, ressentant un mélange de peur et d’excitation. J’allais enfin accéder à ses plus sombres secrets, mais pour combien de temps ? Les effets secondaires de son rayon à amour n’allaient pas durer des heures et je ne souhaitais plus être sur place lorsque le Professeur Istique reprendrait ses esprits. L’accès s’ouvrit avec un chuintement et mon soupirant me fit une courbette afin de m’inviter à entrer. Les sens aux aguets, j’observais avec attention tout ce qui m’entourait. Mais mon cerveau était incapable d’enregistrer l’intégralité ce que je voyais. Des étagères remplies de fatras, croulants sous une montagne de pièces détachées diverses et variées. Des piles de rouleaux de parchemins entassés, menaçaient de s’effondrer au moindre courant d’air. Des outils, clés, tournevis, marteaux étaient dispersés un peu partout, dans un agencement tel que seul le génie qui m’accompagnait pouvait s’y retrouver. J’avançais avec précaution sur le sol tapissé de fiches de notes et de plans raturés. Autant d’inventions qui ne verraient jamais le jour… Mais c’était peut-être pour le mieux ? Ma semelle glissa soudainement et j’entendis le doux bruit du papier se froissant sur mon pied. Me rattrapant in extremis sur le bord de l’établis, je sentis la surface rugueuse du vieux bois frotter contre ma peau avant qu’une vilaine écharde ne se plante dans la paume de ma main. Portant la blessure à mes lèvres, je tentais de stopper le saignement et un goût métallique envahit ma bouche. Le Professeur Istique, me voyant en difficulté, m’apporta avec une célérité inégalée, une petite fiole d’un liquide jaunâtre. Il en aspergea généreusement la plaie qui moussa en provoquant un picotement qui me fit monter les larmes aux yeux. Pendant qu’il bandait la plaie, je continuais mon inspection des lieux. Une brise légère faisait osciller une de mes mèches de cheveux et je tournai la tête vers une espèce de ventilateur qui soufflait en direction d’un modèle réduit de montgolfière. Le vent frais produit par l’appareil contrastait agréablement avec la moiteur ambiante de l’atelier et cela me fit un bien fou. M’approchant de la maquette, je touchai du bout de ma main valide le ballon bariolé. Mon doigt caressa le tissu gonflé d’air chaud, appréciant la douceur de l’étoffe. C’était un ravissement pour les yeux tout autant qu’un trésor d’ingéniosité, et, pour la première fois de ma vie, je ne cherchai pas à savoir à quelles fins cette invention serait utilisée. Un sifflement au loin attira mon attention. Relevant la tête et plissant les yeux pour percer la pénombre ambiante, j’essayais de deviner l’origine du bruit. Remarquant ma curiosité, le Professeur m’invita à le suivre. Une succession de larges erlenmeyers ornait une table. Chacun contenait un liquide mauve qui fumait doucement sous la chaleur de la flamme du réchaud, et dont la nuance s’intensifiait à chaque nouveau récipient. Hypnotisée par le doux clapotis des bulles éclatant à la surface, j’approchai mon visage de la paroi transparente et respirai avec ravissement les délicates fragrances de violette et de jasmin. — Un nouveau parfum de glace, vous voulez goûter ? me proposa le Professeur en se dirigeant vers un congélateur. — NOOON ! criais-je en lui barrant la route, de mauvais souvenirs me revenant brusquement en tête. — Un thé alors ? Ce bouquet de senteurs peut être décliné sous plusieurs formes. Sans me laisser le temps de réagir, il nous servi deux tasses et but la sienne d’une traite. Reprenant un peu confiance, je dégustai la mienne du bout des lèvres et l’arôme exquis du breuvage envahit mes narines et mon palais, et je fermai les yeux pour en profiter au maximum. — C’était le parfum préféré de ma défunte femme, vous savez ? — Hein ? Euh, pardon ? Vous étiez marié ? Je l’ignorais, répondis-je, confuse. — Il y a bien longtemps… Une maladie rare et foudroyante a eu raison d’elle. Je débutais dans la recherche à cette époque-là , et je n’ai malheureusement pas eu le temps de finir l’invention qui aurait pu la sauver… — Je… Je suis désolée… murmurais-je, attristée par la nouvelle. — Mais c’est du passé tout ça, maintenant, c’est vous que j’aime ! s’exclama-t-il en retour, revigoré par cette certitude. — Hum, euh, je crois que je vais vous laisser. J’ai, euh, plein de travail en retard. Je ne pouvais plus supporter la vue de ses yeux pétillants d’un bonheur factice. J’avais honte d’être entrée dans son intimité par la ruse et je ne voulais plus qu’une seule chose, sortir d’ici au plus vite avant qu’il ne reprenne pleinement conscience. Jamais il ne me pardonnerait cette intrusion, et c’est le cœur serré que je sortis du laboratoire, en claquant la porte avant qu’il ne se décide à me suivre. Enfin au grand air, je pris une grande inspiration avant de me faufiler dans le dédale des ruelles. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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