L'Académie de Lu





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Visite guidée


Une dernière fois

(par GaĂŻa Gil'Sayan)
(Thème : Visite guidĂ©e)



J’entendais mes pas résonner dans le silence. Les arbres étaient parfaitement immobiles, le vent totalement absent, mais la brume qui m’entourais m’empêchait de distinguer autre chose que des vagues formes de bâtiment derrière moi, et un grand espace vide devant. Malgré l’ambiance sombre, je n’avais pas peur. J’avais déjà parcouru ce chemin tant de fois…

J’ai continuĂ© mon avancĂ©e, en sachant parfaitement ce qui m’attendait au bout. Le pont Ă©tait comme dans mes souvenirs. Un pont très simple, suspendu entre deux bout de terre sĂ©parĂ© par un gouffre dont je n’avais jamais vu le fond. Pourquoi aller risquer une expĂ©dition si jamais personne ne tombe ?

Je me suis engagé sur le pont, que, malgré son apparence fragile, je savais incassable et inusable. Arrivée au bout, je pris quelques secondes pour observer l’endroit d’où je venais, désormais totalement caché par la brume. Poussant un léger soupir, je me suis retourné vers la forêt que j’avais à présent autour de moi. Je ne me souvenais plus d’à quel point elle était belle. Tous les types d’arbres s’y mélangeaient, du plus simple au plus exotique, mais dans une harmonie totale. Les senteurs de la forêt m’envahirent. Un parfum de terre et de fleur. Malgré le soulagement que m’apportait cet endroit, je ne m’y suis pas arrêtée plus longtemps. J’ai commencé à suivre le sentier, petit à petit effacer par le temps et l’absence, mais que je ne pouvais oublier.


Je ne me souvenais plus. Je ne me souvenais plus d’à quel point ce bâtiment était grand, d’à quel point il était beau. La façade n’avait pas changé, évoluant en permanence, au gré de mes envies, de mes besoins. La porte était toujours si impressionnante: une porte immense, en bois rouge sombre, passant tantôt a l’oranger, tantôt au brun sombre.

Je n’eu pas le temps d’atteindre les quelques marches blanches permettant d’accéder à la porte que celle ci s’ouvrît, laissant apparaître la silhouette d’une jeune fille que je reconnu en quelques secondes. Ce visage calme, ces yeux bleu, ces cheveux ocres… je ne pensais pas que celle a qui je dois mon nom était toujours là.

— Bonsoir GaĂŻa.

— Tu es revenue finalement.

Ces yeux bleu me détaillaient, mais son visage était totalement inexpressif.

— Pourquoi es-tu lĂ  cette fois ? Cela faisait bien longtemps que nous ne t’avions pas vu…

Une autre silhouette apparue derrière elle. Plus grande. Il ne me fallut pas plus de temps pour la reconnaître.

— Ça me fais plaisir de te revoir, CĂ©leste.

— …

— Que fais tu ici ? Reprit GaĂŻa, de sa voix toujours aussi calme. Tu semblais ne plus avoir besoin de nous, pourquoi revenir maintenant ?

— Je… je ne sais pas. Pour me souvenir ? Pour vous revoir ? Parce que j’en ai Ă  nouveau besoin ? Je ne sais pas…

— Te souvenir ? La mĂ©moire te fait-elle dĂ©faut a ce point ?

— GaĂŻa, ne sois pas si dure… tu sais bien pourquoi elle reviens.

— …entre. Après tant de temps, ça serait dommage de ne pas refaire une petite visite.


Les deux jeunes filles s’écartairent, me laissant accĂ©der au hall. Il n’avait presque pas changĂ©. L’escalier central Ă©tait toujours lĂ , toujours aussi imposant. Les innombrables portes n’avait pas bougĂ©e non plus. Avais-je rĂ©ellement crĂ©er quelque chacune d’entre elles ? Ou n’étaient pour la plupart que des façades, de multiples entrĂ©es vers cette pièce que je ne voulais plus jamais revoir ? Cette pièce qui continue encore de me hanter ? J’ai prĂ©fĂ©rĂ© ne pas me poser la question, et j’ai fait quelque pas dans cette immense salle, cherchant le dĂ©tail qui avait changĂ©. En me tournant vers mes deux guides, toujours silencieuses, j’ai compris.

— Ou sont les autres ?

— Ă€ toi de nous le dire. Tu as laissĂ© cet endroit derrière toi, tu reviens sans prĂ©venir, et tu t’étonnes que les choses ait changĂ© ?


Je ne rĂ©pondis pas. Oui, j’étais partie longtemps… mais n’était ce pas une bonne chose ? Ça voulait dire que j’allais mieux, que ça avait enfin changĂ©, après ce cauchemar… Mais cet endroit n’avait jamais disparu. Avais-je souffert plus que je ne le pensais ?

CĂ©leste ne me laissa pas le temps de me poser plus de question. Elle se mit a marcher calmement vers l’escalier, suivie par GaĂŻa, qui continuait de m’observer. Avais-je tant changĂ© que ça en quatre ans ? Elles commencèrent a monter les escaliers, avant de se diriger vers un des nombreux couloirs. Et c’est lĂ  que je me suis rendue compte que quelque chose m’avais Ă©chappĂ©. Je n’avais plus le contrĂ´le. Sur rien. Moi, qui contrĂ´lais l’entièretĂ© du bâtiment, le modifiais Ă  chacun de mes passages pour fuir dès que j’en avais besoin, dès que j’en avais envie, j’étais devenue une Ă©trangère. Une invitĂ©e. Une inconnue. Qui avais abandonnĂ© ce lieu sans prĂ©venir, du jour au lendemain, alors que je ne m’en serai jamais sortie si je n’avais pas rĂ©ussi Ă  crĂ©er cet endroit… qui Ă©tait le responsable ? Moi, qui avais tout abandonnĂ©, ou les gens qui m’avaient forcĂ© Ă  crĂ©er cet endroit pour me protĂ©ger, et a l’abandonner dès que le danger fut passĂ© ?

Perdue dans mes pensées, je ne vis pas tout de suite que Gaïa et Céleste s’étaient arrêtées. Devant une porte que je connaissais mieux que n’importe laquelle, indiquée par une petite plaque gravée de lettres dorées. Le dortoir. Sans hésiter, j’ouvris la porte sombre pour entrer à nouveau dans cette pièce qui avait sauvé bon nombre de mes nuits. Elle était exactement comme dans mes souvenirs. Une immense pièce ronde, occupée par dix placé contre les murs à intervalles réguliers. De nombreux objets étaient dispersés dans toute la pièce. Des livres , des accessoires de magie, des objets personnels…. L’endroit n’avait pas été rangé depuis longtemps et une fine couche de poussière recouvrait l’ensemble.

Un seul objet se dĂ©marquait. Un carnet. Un simple carnet, a la couverture bleu Ă©purĂ©e. Un carnet propre, sans la moindre trace de poussière, sans la moindre trace du temps. Je ne pensais pas qu’il serait encore là…pas après toutes ces annĂ©es… comment un projet comme celui-ci avait pu me motiver ?

Prise de peur, je suis ressortie de la pièce en claquant la porte. Mes deux guides me regardaient sans bouger, et reprirent leur chemin en silence.


Nous avons continuĂ© notre dĂ©ambulation dans les couloirs, avec pour seule bruit le claquement de nos chaussures. Le silence Ă©tait impressionnant. Moi qui avais toujours connus ces couloirs remplis de monde et agitĂ©, j’étais presque effrayĂ© par ce silence. La couleur de plafond changeait en permanence, mais d’une manière très calme et agrĂ©able. Les murs s’étendaient, les portes s’alignaient, toujours aussi nombreuses, les pièces Ă©taient toujours indiquĂ©es par des plaques de bois. « Infirmerie », « salon », « cuisine », « salle d’entraĂ®nement »… un escalier apparu sur notre droite, menant sans doute a l’observatoire. CĂ©leste et GaĂŻa passait devant les portes comme si elle n’existait pas, prenait les escaliers sans ralentir et continuait leur chemin. avant de s’arrĂŞter toute les deux devant une porte que rien ne distinguait des autres. L’inscription sur la plaque Ă©tait parfaitement lisible : « salle de concert ». GaĂŻa eu un mouvement hĂ©sitant vers la poignĂ©e, mais CĂ©leste, poussant un faible soupir, poussa la porte avant d’entrer dans la salle.


Elle était toujours aussi impressionnante.


Les murs s’élevaient, sombre, immense, vers un plafond changeant constamment, passant d’un impressionnant ensemble de projecteurs à du matériel digne de la plus grande des discothèques à un plafond simple et sombre .

Les meubles aussi changeaient en permanence, tantĂ´t gradins tournĂ©s vers le scène, tantĂ´t grande piste de danse, tantĂ´t table et chaise de restaurant. La scène, elle, ne bougeait pas. Une scène en bois immense, entourĂ©e de grand rideaux rouges, recouverte d’instruments : une batterie, un piano, plusieurs flĂ»tes, un violon, une contrebasse… tous laissĂ©s sur place, comme abandonnĂ© après un ultime concert. Et poser Ă  plat sur le devant de la scène…

— Comment est il arriver lĂ  ?

Aucune des deux ne répondis.

— Comment est il arriver lĂ  ?

J’ai posé ma main sur la couverture. Elle n’avait pas changé. Toujours ce cuir, ces dorures sur les bords, ces coins de pages abîmés… mais le livre ne servait plus à rien. Je n’avais même pas besoin de l’ouvrir pour le savoir. Il avait perdu sa magie, perdu son utilité…


C’est à ce moment que j’ai compris.


J’ai compris la raison de mon retour en ces lieux, tant de temps après.

CĂ©leste et GaĂŻa n’avaient pas bougĂ©. Deux jeunes filles immobiles, dans cette immense pièce, si vide dĂ©sormais. Avais-je rĂ©ellement Ă©tĂ© capable de la remplir ? …Evidemment . J’ai crĂ©er, remplis et fais vivre cet endroit seule pendant des mois. Une pièce de plus ou de moins ne faisait plus la diffĂ©rence.

— J’ai compris.

— Et qu’as tu donc compris ?

— Pourquoi je suis revenue ici.

Céleste haussa les épaules, et Gaïa fixa ses yeux bleu sur moi.

— Et pourquoi es tu revenue ?

— Pour revoir cet endroit une dernière fois… et pour vous dire au revoir.

Céleste pris la parole.

— Tu ne reviendra plus ?

— Je n’ai plus aucune raison de revenir. J’ai revu cet endroit une dernière fois, je suis prĂŞte a le laisser derrière moi. Ă€ fermer dĂ©finitivement la porte.

GaĂŻa esquissa un sourire.

— Et c’est une bonne chose.

Ma vision devint de plus en plus floue. La salle disparaissait devant moi. Je savais que j’aurais pu avoir peur, mais je n’avais qu’une seule question.

— Si j’ai besoin de revenir, est-ce que je pourrais retrouver le chemin ?

— Tu trouvera toujours le chemin.

— Et si j’ai besoin de vous, vous serez toujours lĂ  ?

— S’il le faut, toujours.

La voix de Gaïa s’éleva une dernière fois, avant que tout disparaisse.


— Mais tu n’as plus besoin de nous. Et tu le sais.














JilanoAlhuin

Je viens de lire ton texte (Bordel, j'ai sans doute jamais lu un texte aussi vite de ma vie :emoji_worryconfused: ). Tu as prévenu, y a quelques fautes d'orthographes (bon y en a que 4 que j'ai vraiment vue et qui m'ont fait arrêter la lecture brièvement) mais dans l'ensemble, le texte est lisible sans aucun problème. Je trouve que tu très bien décrit les décors du lieu que tu nous fais visiter (Par contre, j'ai pas reconnu le personnage de jeux vidéos dont tu parles avec Gaïa :sweat_smile: ). Ce refuge dont tu nous parles a cependant l'air très beau. Quand à la dernière phrase... Je ne vais rien dire, elle se comprend à elle seule et je ne peux qu'être d'accord avec celle-ci. Ton texte est superbe


Le 13/07/2021 à 22:16:00



Malkym

C'est un très beau texte, emprunt comme on s'en doute de pas mal de personnel, ce qui se sent dans l'écriture. Cet endroit que tu nous décris te semble très personnel tout en étant étrangement effrayant. Et il est bon de savoir que le quitter puisse te faire un bien tel (surtout que ces deux filles semblaient être de bien étrange compagnie). Ce n'est peut-être que la façon dont je l'ai lu qui me procure que sentiment, mais je trouve à travers cette description un goût de familier mêlé à une certaine frayeur.
Il y a bien quelques fautes, mais je ne serai pas celui qui t'en tiendra rigueur.
Quant au dénouement... on se sent rassuré à l'idée de quitter cet endroit, de même qu'on se sent rassuré de quitter ce texte rempli de doutes et de certitudes.


Le 13/07/2021 à 22:31:00



Downforyears

avec ce voyage, je sais que tu nous as accordé toute ta confiance
Ce lieu et les émotions qui y sont rattachées sont magnifiques Gaia. Je n'ai rien à rajoute, j'en suis incapable tant tes mots ont percuté ma poitrine
J'ai aussi ressenti le soulagement à la fin. J'en ai été heureux.


Le 13/07/2021 à 22:50:00



KatalCaine

Ton texte est très touchant. On sent quelque chose de personnel.


Le 14/07/2021 à 00:01:00

















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