L'Académie de Lu





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Mélilémots 8


En avant, moussaillons !

(par Ellumyne)
(Thème : MĂ©lilĂ©mots (sermon, propagation...))



L’embarcation voguait paresseusement sur l’eau cristalline. De temps en temps, des petits poissons aux écailles luisantes, remontaient à la surface avant de replonger dans un éclat argenté. Tout était calme, paisible. Rien ne semblait pouvoir troubler la quiétude ambiante de ce lieu paradisiaque. Sauf peut-être le croassement d’une grenouille au loin. Un rouge-gorge se posa délicatement sur la proue de la barque vermoulue, ses fines pattes disparaissant complètement dans la mousse épaisse qui recouvrait le bois. Il ouvrit le bec, prêt à entonner un chant divin, lorsqu’un long tube en carton frôla les plumes de sa tête, manquant de l’assommer. Effrayé et tout ébouriffé, il s’enfuit à tire d’ailes quand un hurlement lui vrilla les tympans.

— Meeeeeer !

— Où ça ? Où ça ? Laisse-moi voir ! Allez ! pépia une voix enfantine.

— Sûrement pas ! C’est moi le capitaine ! Il n’y a que moi qui ait le droit d’utiliser la longue vue ! répliqua Lorenzo en agitant l’objet, fait d’un assemblage de rouleaux de papier toilette, au-dessus de la tête de Léo.

— C’est pas juste… Je vais le dire à maman…

— Comme tu veux. Mais on ne t’emmènera plus jamais avec nous.

La mine renfrognée, Léo alla bouder dans un coin pendant que son grand frère donnait ses instructions.

— Moussaillons ! Nous arrivons au delta de l’Œil du Corbeau. Après ce passage, nous atteindrons la mer tant attendue. Nous hisserons notre pavillon de pirate, et nous irons à la conquête du trésor sacré !

— Ouiiii ! Le trésor ! hurlèrent à l’unisson, Camille et Léo qui avait retrouvé le sourire à l’évocation des aventures qui les attendaient.

— Très bien ! Dans ce cas, je vais répartir les rôles. Léo, hisse la grand-voile, puis va à la proue, observe les environs et préviens-moi au moindre danger. Camille, tu sais ce que tu as à faire. Et moi, je reste à la barre pour manœuvrer. En route !

L’unique fille du groupe se plaça au milieu de l’embarcation de fortune, s’accroupit contre le mât principal et sortit de sa poche une coquille de noix. Plantée en son centre, une feuille de hêtre transpercée par un cure-dents faisait office de voile. Camille posa soigneusement le bateau miniature au creux de sa main, inspira une grande goulée d’air frais, puis souffla doucement dessus. Un courant d’air caressa les cheveux de la petite fille, agitant ses boucles blondes.

— Plus fort ! On n’avance pas assez vite ! s’impatienta Lorenzo.

— Ça vient, ça vient ! répondit sa sœur avant de souffler à nouveau, un peu plus fort.

Le vent se leva soudainement, faisant bruisser les branches des arbres aux alentours. Une bourrasque s’engouffra soudainement dans la grand-voile, faisant trembler toute l’embarcation, tandis qu’elle bondissait en avant. Avant de s’immobiliser à nouveau quelques mètres plus loin.

— Camille ! Qu’est-ce que tu fais ? On n’a pas toute la journée ! ronchonna le maitre d’équipage.

— Attends, je vais aller l’aider, proposa Léo qui s’élança vers sa grande sœur, sans même attendre de réponse.

— Non ! Ne touche pas à ça ! glapit Camille en essayant tant bien que mal d’empêcher son petit diable de frère de l’approcher.

Mais c’était peine perdue. Léo était vif et agile, et avant qu’elle n’ait pu le stopper, il souffla de toutes ses forces sur le mini bateau. Des postillons s’écrasèrent sur la coquille de noix qui bascula sur le côté. Le ciel, jusque là d’un bleu immaculé, se teinta brusquement d’un gris profond, chargé de nuages menaçants, plongeant les lieux dans la pénombre. Une bise glaciale prit les enfants au dépourvu et ils se rassemblèrent au centre du bateau en observant les cieux d’un regard inquiet.

Un éclair déchira le ciel, suivi d’un grondement apocalyptique. Le vent forcit et de fines gouttelettes d’eau fouettèrent le visage de la fratrie. Tremblant comme une feuille, Léo s’agrippa aux jambes de Lorenzo pour y chercher un peu de réconfort. La pluie redoubla soudainement de violence, tambourinant avec force sur l’embarcation, masquant totalement les sanglots des enfants. Ils avaient totalement perdu leurs repères, entourés comme ils l’étaient, par une étendue noire d’encre. Et l’eau commençait doucement à monter doucement au niveau de leurs chevilles.

Des trombes d’eau se déversaient maintenant sur eux. La propagation des remous faisait tanguer leur bateau et ils craignaient un chavirage imminent. Soudain, une main, puis une autre, apparurent sur le bord de la coque, et les poussèrent avec ardeur en direction de la rive. Au moment où ils percutèrent cette dernière, Léo fut happé par une force invisible, rapidement suivi par Camille et Lorenzo.

Poussés de force à l’abri de la tempête et recouverts de couvertures, ils ne réalisèrent vraiment ce qui venait de se passer que lorsqu’ils se retrouvèrent nez à nez avec leur père, échevelé, dégoulinant des pieds à la tête, les poings sur les hanches. Le regard fulminant, il hésitait entre serrer ses enfants dans ses bras et leur passer le savon de leur vie. Mais il n’eut pas à faire de choix, sa femme ayant été plus rapide.

— Qu’est-ce que j’avais dit ? La piscine est interdite quand un adulte n’est pas avec vous !

— Mais… murmura Lorenzo, penaud.

— Il n’y a pas de « mais » qui tienne ! Quelle idée d’aller barboter dans l’eau, à trois sur un pauvre matelas gonflable, alors qu’il y a de l’orage ! Qu’est-ce qui serait arrivé si votre père n’avait pas été là ? Hein ?

Les trois enfants baissèrent les yeux, observant avec intérêt la pointe de leurs pieds. Ils savaient que le sermon était mérité et attendaient sans piper mot que le torrent de colère se tarisse. Cependant, la frayeur qu’ils venaient d’avoir semblait être une punition suffisante et leurs parents finirent par se calmer et les enlacer tendrement.














Awoken

Ton texte est super chouette et les mots demandés s'y fondent parfaitement. En même temps j'ai cru que c'était de la fantasy avec le souffle qui provoque un orage, et en même temps on revient au réel à la fin avec la piscine et le matelas gonflable. Bravo!


Le 12/10/2022 à 20:25:00

















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