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Zandra-Chan![]() Spectacles![]() ![]() Réunion de crise(par Zandra-Chan) Les différents gradés s'installèrent avec un calme relatif autour de la table ronde de la salle de réunion, chacun une fiche récapitulative à la main, presque comme si l’alarme qui braillait depuis vingt bonne minutes n’existait pas. Le major posa sa casquette défraîchie sur le bureau, révélant une chevelure poivre et sel – plus sel que poivre – coupée selon le règlement de l’armée. Les yeux fermés, il expira d’un coup, avec force, avant de prendre la parole d’une voix forte.
— Messieurs, la situation est grave et nécessite notre intervention la plus prompte. Aussi, permettez-moi d’exceptionnellement passer outre le protocole.
Les membres de la réunion hochèrent la tête presque de concert, sans parvenir à masquer l’angoisse qui leur nouait les tripes.
— Le sermon de “à qui la faute” viendra quand tout sera revenu sous contrôle. Pour le moment, nous devons déployer des équipes en urgence.
Pressant une touche sur le clavier qui lui faisait face, le haut gradé activa le vidéo-projecteur. Un plan de la région s’afficha alors sur le mur blanc. Le major se munit d’un petit pointeur laser qu’il orienta vers la carte schématisée.
— Ici, ici et ici, le Mur a été franchi. Aucune faille n’a été signalée. Il est donc possible que l’Entité Noire soit maintenant capable de franchir les flammes-...
Un vent de panique secoua rapidement les hommes en uniforme. Diverses exclamations montèrent. La peur sourde qui les écrasaient depuis des mois, depuis l’alerte donnée par cette petite ville touristique perdue dans le désert, ressortait, explosait, menaçant de balayer toute rationalité.
— Messieurs ! appela à l’ordre le major de sa voix de stentor. Messieurs ! Je vous en prie ! Nous n’avons pas le temps pour ces bavardages !
Le calme revint difficilement. Nombre de doigts tapaient nerveusement sur la table en bois massif ; quelques jambes agitées faisaient grincer le cuir des chaussures cirées à un rythme frénétique ; le papier récapitulatif était trituré, froissé, crissant dans le silence approximatif. Le haut gradé à la chevelure grisonnante reprit.
— Je disais donc, l’Entité Noire est peut-être capable de franchir les flammes sous certaines conditions. Sinon, l’intégralité de la région serait déjà engloutie. Elle n’a pu passer qu’à certains endroits et il faut trouver pourquoi.
Prenant appui sur la table, il se pencha gravement vers ses interlocuteurs.
— Il nous faut une première équipe pour analyser les paramètres qui lui ont permis de passer et prévenir toute nouvelle brèche.
Pressentant la suite, les militaires s’agitèrent dans leurs costumes impeccables. Pour eux, peu habitués au terrain, ces missions relevaient de l’abattoir. L’orateur poursuivit, insensible à l’émoi de ses subordonnés qu’il commença à pointer du doigt.
— Sergent-chef Hamed, je veux que vous emmeniez trois de vos groupes pour élucider ce mystère. Un pour chaque faille. Je vous laisse répartir les tâches ; vous connaissez vos hommes mieux que moi.
Le ciblé pâli. Ses deux voisins s’écartèrent imperceptiblement, comme si le fait qu’il ait été sélectionné pouvait être contagieux. Le doigt changea d’angle.
— Sergent-chef Jamaha, votre rôle sera d’assurer la protection des groupes en intervention. Trois groupes pour vous aussi.
Le doigt reprit son hécatombe.
— Adjudant Salim, vous avez la lourde tâche de venir en aide aux civils. Pour cela, vous avez carte blanche.
Le désigné hocha difficilement la tête. Ses épaules s’étaient affaissées, comme si une montagne venait de lui tomber dessus.
— Adjudant Amil ; pareil, carte blanche, mais pour repousser l’ennemi. Envoyez les unités Alpha, Delta et même Thêta s’il le faut. On ne peut pas laisser l’Entité Noire continuer sa propagation, au risque de perdre la région toute entière.
Le major, inflexible, avait donné un rôle à chacun des membres présents. Il avait survolé nombre de sujets d’ordinaires longuement détaillés avant une opération – le terrain, le nombre de civils sur place, les tactiques employées pour repousser l’ennemi – tant le temps manquait.
— J’ai bien conscience que je vous demande l’impossible… Mais nous sommes le dernier espoir des habitants de la région. Faites au mieux. Et au plus vite. Rompez.
Ce bref discours, aux accents galvanisant, ne rassura aucunement ses hommes. Il n’en avait cure. Il était dans le même bateau, et il avait bien l’intention d’honorer son serment de servir – jusqu’au bout, s’il le fallait.
L’alarme hurlait toujours. Le gradé souffla en enfilant sa casquette aussi fatiguée que ses vieux os.
— Et dire que sans cette chose, j’aurais pu être à la retraite, sur une île paradisiaque avec ma moitié… Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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