Un parfum d'apesanteur
(par Zandra-Chan)(Thème : Problème Ă la station)
Dave soupire longuement alors que ses semelles se détachent du sol et que l’alarme se met à brailler. L’alternateur du générateur de gravité artificielle à encore lâché ? C’est la troisième fois depuis le début du mois ! Avec fatalisme, il prend appuis sur le mur et donne une impulsion. Il va avoir besoin d’outils. Il porte tout de même sa montre à son poignet.
— Mikiko, tu peux arrêter l’alarme, s’il te plaît.
— C’est bien dans mes intentions, réplique la jeune femme dans le micro mininaturisé. Je n’ai pas l’intention de supporter ce vacarme plus longtemps.
L’astronaute américain pouffe de rire. La petite japonaise est encore moins patiente que lui.
Toujours en apesanteur, et jusque-là absorbé par les multiples et complexes câblages qui lui font face, le grand blond fronce soudain le nez. Ce qu’il sent ne lui plaît pas. Mais alors pas du tout.
— Qu’est-ce qu’il se passe encore, ici… râle-il alors qu’il se propulse dans le couloir, vaguement inquiet. Ça sentirait juste le cramé, je comprendrais, mais là …
Il joue des bras et des jambes, passe l’angle et aperçoit sa collègue qui vient vers lui en lévitant. La japonaise, les traits plissés, semble tout aussi indisposée que lui.
— Hé, Dave… Tu sais d’où ça vient, cette infection ?
— On est que trois… Donc, avec un peu de chance…
Avec une moue mi-dubitative, mi-dégoûtée, il se projette vers l’arrière et pivote lentement sur lui-même pour se réceptionner plus loin. Il bondit ainsi de mur en mur. La jeune femme l’imite et le binôme arrive bien vite devant la cuisine de la petite station.
— Tu paries combien que c’est lui le responsable ? se moque la femme.
— Rien du tout ! C’est sûr que c’est lui !
— Qu’est-ce qu’il a fait importer, cette fois ? continue-t-elle sur un ton presque rhétorique.
— J’en sais rien, mais y en a marre de ses expériences…
Dave ouvre la porte, prêt à pousser sa gueulante. Il est arrêté dans son élan par une pomme de terre qui flotte à quelques centimètres de son visage. L’astronaute louche pour la suivre des yeux une poignée de secondes avant que son attention ne soit captée par son dernier coéquipier, qui s’agite de l’autre côté de la pièce.
— Mais attrape-la au lieu de la regarder passer ! s’indigne-t-il en enfournant lui-même un féculent volant dans un sac.
— Richard, mais qu’est-ce que tu fabriques, encore ?!
— J’vous avais promis de vous faire goûter de la cuisine locale de chez moi…
L’asiatique passe sous le bras de Dave.
— Et c’est tes patates qui sentent comme ça ?
— Mais non !
Il désigne trois grosses saucisses qui flottent non loin du plafond, juste à côté de la bouche d’aération.
— C’est les andouillettes qui sont là -bas. Et qui se seraient mieux portées si le générateur de gravité artificielle n’avait pas encore pété les plombs ! Maintenant filez-moi un coup de main au lieu de vous marrer ! Bande d’incultes culinaires !