Fuite éperdue
(par KatalCaine)(Thème : DĂ©fi de Sourne et Awoken)
Les torches s’agitent en tous sens… Impossible de me cacher. L’obscurité de la nuit ne me protégerait pas longtemps. J’entendais les voix m’appeler… M’ordonner même de me dévoiler. Cachée sous un petit dénivelé, sous d’épaisses racines, j’essayais de respirer le plus silencieusement possible. Cette chasse aux sorcières allait mal finir. Lorsqu’ils auraient suffisamment approché, mon ombre apparaîtrait sous la lueur des torches et ils me captureraient. Le bûcher m’attend sûrement déjà , sur la place du village.
Une branche craque, puis une autre. Je les entends se rapprocher. Il ne me reste plus que quelques minutes. Je dois m’enfuir. Je dois tenter quelque chose. Je me dégage légèrement de ma cachette et jette un regard furtif. Apercevant l’un de mes poursuivants, je décide de concentrer toute mon énergie mentale au creux de ma main et la projette sur ce dernier. Il s’immobilise immédiatement et je murmure à son esprit que le villageois le plus proche de lui à abuser de sa femme. L’affrontement est inévitable. J’entends un gémissement et des cris. Les autres tentent de les séparer. J’en profite pour démarrer une course effrénée.
Mes chaussures me font mal. Elles n’ont pas été prévu pour ça. Que ce soit se déplacer dans une forêt ou même courir. Mais ma survie dépend aujourd’hui de mes jambes. L’éloignement d’avec ma cible a annulé les effets de mes pouvoirs. Je ne suis pas assez puissante pour en réchapper. Je dois trouver un moyen. Mais lequel ? Mes pensées se brouillent. Je sens mon cœur qui semble vouloir quitter ma poitrine. J’essaie de chercher une solution dans les évènements qui m’ont conduite à cette situation.
Le masque que je porte a été brisé lorsque le fils du maire a désiré que je devienne son épouse. Voilà des semaines qu’il me courtisait. Il était incroyablement beau et gentil. Bien qu’étrangère au village, des affaires de famille m’avaient contrainte à y séjourner quelques semaines. Mon père avait envoyé sa fille unique gérer une acquisition. Dès mon arrivée, ma longue crinière rousse ne m’avait pas permis de passer inaperçue. Alors que je m’installais tout juste dans la chambre de l’auberge, il m’invitait à déjeuner avec lui. J’aurais dû refuser… J’aurais sans doute dû refuser…
Une fourchette à la main, je me retrouvais l’heure suivante à l’écouter et, malgré tout, à prendre plaisir à partager un moment avec lui. Et cela se renouvela plusieurs fois aux cours des jours qui suivirent. Le temps passa et j’inventais toutes sortes d’excuses pour prolonger mon séjour. Un jour, alors que nous nous promenions dans la forêt, il s’agenouilla devant moi et demanda ma main. L’émotion déclencha mes pouvoirs que je gardais secrets depuis mon arrivée. Cela ne dura qu’une seconde, mais il réalisa que j’étais une sorcière.
Ma valise fut bouclée en moins d’une heure, mais je dus me résoudre à l’abandonner et quitter les lieux par la fenêtre. Lorsque j’ai sauté, j’ai cru mourir, tuée par la chute. J’ignore comment j’ai survécu indemne, mais j’ai ainsi pu prendre une longueur d’avance. Hélas, je n’ai jamais été spécialiste de la discrétion et les villageois habitués à la traque d’animaux ont vite retrouvé ma trace.
Une feuille d’arbre passant sous mon pied arrête brusquement ma course, me faisant tomber à la renverse. Ma tête heurte le sol et je sens une douleur vive. Mais je n’ai pas le temps de me relever qu’une fourche est placée devant mon visage. Ces rustres vont me faire brûler. Je n’ai aucune chance de survie à moins que le fils du maire ait pitié de moi. Je dois m’échapper. Je dois fuir. Je dois quitter cet endroit. Et l’impossible se produit. Je sens la terre devenir meuble. Je me sens aspiré et une grande lueur m’aveugle.
Mon collier, gisant au sol, est la première chose que je vois lorsque mes yeux sont habitués à la clarté aveuglante du jour. Il faisait nuit il y a à peine dix secondes… Quelle est cette sorcellerie ? En suis-je responsable ? Je sens tellement d’énergie s’écouler en moi. Et si j’avais plus de pouvoirs que je ne le crois ? Je me relève et remet mon collier, glissant son améthyste contre mon cœur. Je me sens mieux une fois qu’il est remis en place et je regarde autour de moi. Il y a un manoir, ici… Mais rien d’autres aux alentours. Je décide donc d’y demander assistance.
Les portes ouvragées s’ouvrent sans problème. Et je remarque une certaine effervescence. Les tenues sont étranges… Les jupes honteusement trop courtes. Où suis-je arrivée ? Je n’ose dire un mot. Il y a trop de monde et je ne me sens pas à l’aise. Je m’écarte et prend le contrôle d’un jeune homme qui passe par là . Je dois tout savoir et ce que j’apprends me déconcerte. Je ne suis assurément plus chez moi. Et j’ignore complètement s’il existe un moyen de retour.
Des livres par centaines peuvent être trouvés dans la bibliothèque, mais il faut être élève dans l’académie pour pouvoir y accéder. Je n’hésite qu’une seconde. Ce bâtiment sera mon foyer le temps que je découvre s’il n’existe quelques magies capable de me renvoyer chez moi. Pour l’heure, je vais devoir m’habituer à des mœurs qui ne sont pas celles de mon époque. Je me dirige vers le bureau d’inscription. Tendant les mains vers la porte, je vois une fine particule d’énergie quitter mes doigts… Frappant la porte, elle en force l’ouverture.
La feuille et l’objet métallique destiné à l’écriture qu’une jeune femme me tend volent par magie jusqu’à mes mains. Je me découvre un don que je ne me connaissais pas. Mais je réalise également que personne ne semble s’en étonner. Ces lieux sont empreints d’une forte magie qui accentue étonnamment mes pouvoirs et attirent des êtres plus étranges les uns que les autres. Il me semble même apercevoir un dragon. Je vais devoir apprendre à contrôler mes craintes et ma timidité pour me fondre dans la masse. Pour un temps indéterminé, une nouvelle vie s’offre à moi.
Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !