C’était avec une crainte mĂŞlĂ©e d’excitation que j’avançai dans la grande forĂŞt menant Ă  l’AcadĂ©mie. Pour preuve, ma peau magique s’était couverte de tâches prune et framboise. Marchant sur le sentier, j’étais perdue dans mes pensĂ©es. Et si on me trouvait trop bizarre avec mon apparence de chat sans poil incapable de rester de la mĂŞme couleur plus de deux minutes ? Et si je me mettais dans l’embarras et qu’on me prenait pour quelqu’un de bĂŞte ou de dĂ©sagrĂ©able ? Et si je me rĂ©vĂ©lais parfaitement nulle ?

La lumière soudaine m’éblouit. J’avais quitté la protection des arbres et pénétrai dans une immense cour. Les deux bâtiments à l’aspect changeant se dressaient à quelques dizaines de pas. Il était tôt, trop tôt, j’avais un peu de temps avant que la sonnerie ne retentisse. J’en profitais pour visiter les lieux. C’est du moins ce que j’aurais dû faire. Mais incapable d’entrer la première, j’attendis, partiellement cachée par derrière un tronc d’arbre.

Enfin les premiers Ă©lèves arrivaient. Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis les crĂ©atures, toutes plus Ă©tranges les unes que les autres, que j’allais cĂ´toyer dans cette AcadĂ©mie. Un peu rassurĂ©e quant Ă  mon apparence, j’avais l’espoir d’avoir trouvĂ© un endroit oĂą je serais acceptĂ©e. Un ange chargĂ© de bagages descendit du ciel. Je rassemblai mon courage et quittai mon abri pour me faufilai discrètement derrière un immense dragon au sweat rouge et dĂ©couvris le hall. J’esquivais le mouvement de queue du dragon en sautant par-dessus et jetai un Ĺ“il aux tables dans l’entrĂ©e. Des formulaires ! De la pointe de ma griffe, je les remplis consciencieusement. Étant externe, la plupart des questions ne me concernaient pas, ce fut donc rapide. Je le dĂ©posai dans la boĂ®te recueillant les inscriptions et les renseignements divers et observai attentivement le plan de l’école.

Quand la sonnerie retentit, je sursautais et de nouvelles tâches vertes apparurent. Les élèves se précipitèrent vers la salle de classe. Avec appréhension, je me glissais dans le flux qui franchit la porte, tenue par le dragon. Je me fis encore plus discrète quand je passais devant lui. Je choisis une place tout près du bureau de la directrice. Elle prit la parole quand tous furent installés, captant l’attention de chacun. J’inspirai alors profondément et sondai les émotions alentour. Je fus soulagée de sentir le même enthousiasme émaner de tous ceux qui étaient là. Ça ne sera pas facile, mais je devrais me plaire ici, pensais-je.