![]()
![]()
![]()
![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() Pas de mots masculins
![]()
Elinor![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Claudette, ou la naissance d'une lĂ©gende(par Elinor)Vieille. Claudette se sentait vieille. Quatre-vingt-dix annĂ©es s'Ă©taient Ă©coulĂ©es depuis sa naissance. Malade, dĂ©faillante. Cette femme avait vĂ©cu une longue et heureuse vie, et aujourd'hui, elle voulait mourir. Depuis plusieurs semaines, la Faucheuse lui avait annoncĂ© son arrivĂ©e imminente dans son habitation londonienne. Alors, Claudette attendait. Ses affaires Ă©taient rĂ©glĂ©es, plus rien ne la retenait sur cette terre. Dans sa chaise Ă balance, les paupières clauses, la vieille dame se berçait. Elle entendait comme de la musique, d'une faible intensitĂ©. La FlĂ»te enchantĂ©e, sa pièce prĂ©fĂ©rĂ©e, celle qu'elle avait demandĂ© pour ses funĂ©railles. Ce fut l'expression de l'introduction de sa migration. Elle allait quitter sa terre natale, pour une qu'elle espĂ©rait meilleure. La porte grinça. Avec difficultĂ©, Claudette se leva Ă l'aide de sa canne, prĂŞte Ă partir. Mais, quelle fut sa surprise lorsqu'elle dĂ©couvrit... MĂ©lanie, sa petite-fille, devant son entrĂ©e. La jeune fille portait une longue cape, une capuche lui couvrait la figure, et elle avait une longue et grande faux Ă la main. Claudette ne comprenait pas. Que venait faire sa descendante devant sa maisonnette, dĂ©guisĂ©e comme la Mort. — Que... Que fais tu ici ? chevrotta la grand-mère, Ă©berluĂ©e. — Oh, je ne te l'avais dit ? Eh bien, je suis l'apprentie de la Faucheuse depuis peu ! Tu as vu ma tenue ? Elle est super cool, hein ? rĂ©pondit la petite-fille, de manière très naturelle, comme si devenir l'Ă©lève de la Faucheuse après seulement quinze annĂ©es d'existence Ă©tait tout Ă fait normal. — Tu... Tu ne m'as pas rĂ©pondu ! Pour...pourquoi es-tu devant chez moi, costumĂ©e ainsi ? bĂ©gaya Claudette. — Eh bein mamie, tu es ma première mission ! Quand la Faucheuse (elle refuse que j'utilise sa vĂ©ritable identitĂ©) m'a dit qu'elle Ă©tait dĂ©bordĂ©e et que je devais la remplacer, j'Ă©tais super fière ! Mais bon, quand elle m'a dit que c'Ă©tait toi, j'Ă©tais un peu moins contente... C'est quand mĂŞme bizarre de devoir faucher sa mamie non ? Surtout quand c'est sa première cliente... Mais bon, ma maĂ®tresse ordonne, j'exĂ©cute... Quoique, tu penses que je pourrais faire une exception pour toi... Tu en penses quoi ? Hein, mamie, tu en penses quoi ? Claudette Ă©tait complètement perdue par l'affluence de paroles que dĂ©versait MĂ©lanie. Évidemment, elle s'Ă©tait prĂ©parĂ©e Ă se voir retirer sa vie, mais pas par sa petite-fille adorĂ©e. Quelles horribles consĂ©quences aurait cette action nĂ©faste et irrĂ©versible pour la jeune adolescente ? — Tu... tu ne pourrais pas demander Ă ton...ton employeuse d'envoyer une autre personne ? Je... je ne veux pas que ma mort pèse sur ta conscience ! balbutia difficilement la petite et faible grand- mère, rĂ©ussissant Ă peine Ă enchaĂ®ner les phrases, essoufflĂ©e par la pĂ©nibilitĂ© de cette action. — Mais non, mais non, ne t'inquiète pas, tout va bien se passer, je vais m'en sortir comme une vĂ©ritable professionnelle ! — Je refuse ! s'exclama Claudette, de toute sa force. Alors, en claudiquant, elle partit, tantĂ´t en marchant rapidement, ou plutĂ´t avec toute la vitesse que sa vieillesse croulante lui permettait, tantĂ´t trottinant. Elle ne voulait pas ĂŞtre tuĂ©e par sa chère et tendre MĂ©lanie. Tendre ? Non, la jeune fille ne l'avait jamais Ă©tĂ©. Cela commençait par son prĂ©nom, qui signifiait mĂ©lasse noire. Et puis, son enfance et son adolescence avaient mis Ă dĂ©couvert une personnalitĂ© bien trempĂ©e, dure, arrogante, maligne et extrĂŞmement tĂŞtue. Lorsque MĂ©lanie avait une idĂ©e en tĂŞte, rien ne pouvait l'en dĂ©tourner. Ainsi, Claudette savait qu'elle n'Ă©chapperait pas Ă sa descendante. Mais elle voulait essayer, au moins, de ne pas mourir en regrettant de n'avoir rien fait. Elle espĂ©rait pouvoir se jeter sous une voiture avant de recevoir l'estocade fatale. Elle rĂ©ussit Ă atteindre la bordure de la chaussĂ©e, Ă la sortie de son habitation. Malheureusement, MĂ©lanie fut plus rapide. Avant que sa grand-mère ne put traverser l'intersection pleine de conductrices Ă cette heure de la journĂ©e, elle fonça sur elle grâce Ă sa mobilette. Elle calcula parfaitement sa trajectoire, et quelques secondes Ă peine avant que Claudette ne pose la semelle fatidique sur la route, elle la faucha prĂ©cisĂ©mment et nettement, et une fumĂ©e verdâtre s'Ă©leva du corps de la dĂ©funte. C'Ă©tait son âme ! MĂ©lanie Ă©tait tellement fière ! Elle avait rĂ©ussi sa première mission ! Alors, elle la vit. La Faucheuse ! Elle Ă©tait venue ! Elle avait assistĂ© Ă sa victoire ! Lorsqu'elle l'eut rejoint, la Mort annonca Ă son apprentie : — Cette première mission Ă©tait une Ă©preuve. Je voulais m'assurer que tu es bien la personne qu'il me faut pour m'Ă©pauler. Et tu l'as exĂ©cutĂ©e avec ardeur, adresse, Ă©lĂ©gance, habiletĂ© et maĂ®trise. Tu es digne d'ĂŞtre mon apprentie. Je te formerai, et lorsque tu seras prĂŞte, je prendrai ma retraite sereine, car tu seras une Faucheuse exceptionnelle. J'ai confiance en toi. Plus tard, tu seras l'Ă©tincelle qui dĂ©clenchera l'apocalypse et grâce Ă ton incroyable future puissance, tu règneras sur la terre d'en haut et sur la terre d'en bas. — Je vous remercie infiniment de votre confiance. Je ne vous dĂ©cevrai pas, je vous le jure, rĂ©pondit MĂ©lanie, Ă©mue. Et ce fut ainsi que naquit une lĂ©gende. par la mort d'une grand-mère nommĂ©e Claudette.
|