L'Académie de Lu





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K comme...

(par Elinor)
(Thème : MĂ©lilĂ©mots 1)



Une panne. Encore une panne. Ce vieux tas de ferrailles n'en avait plus pour très longtemps. Thomas sentait venir une pointe de nostalgie en repensant à toutes les épreuves qu'ils avaient traversées, ensemble. Un road-trip fou à travers les plaines du Grand Ouest. Une course-poursuite avec la police. Une compétition entre amis sur un circuit de cross. Ils avaient vécu tellement d'aventures.

ArrĂŞte.

Le jeune homme se reprit. Déposer la carcasse de son vieux tacot à la décharge lui fendait le cœur, mais il ne pouvait pas continuer à se voiler la face. Entre les pannes à répétition, les ceintures qui ne fonctionnaient plus, les freins qui ne répondaient pas dans certains moments critiques... Son véhicule était devenu dangereux, et il devait s'en séparer. Pour sa sécurité.

Il Ă©tait plongĂ© dans ses souvenirs et ses pensĂ©es, quand un bolide passa tout près de lui, Ă  toute allure. Il allait sortir de sa voiture pour s'Ă©nerver après ce conducteur inconscient, mais ce dernier ouvrit sa portière, s'extirpa du vĂ©hicule et... pointa une arme Ă  feu sur Thomas. Le jeune brun, incrĂ©dule, leva doucement les mains de son volant. Mais son cerveau entrait en Ă©bullition. Pourquoi lui ? Pourquoi ici, sur cette route qui menait Ă  Las Vegas ? Que se passait-il ? Il scruta son ennemi, Ă  la recherche d'un signe distinctif qui pourrait lui permettre de l'identifier plus tard. Cheveux blonds. Costard noir, malgrĂ© la canicule. Yeux basiques. Bouquet de cĂ©rĂ©ales Ă  la boutonnière. Un bouquet de cĂ©rĂ©ales... Non, ça ne serait pas... Mais cela ne peut ĂŞtre que cela…

— Sortez de la voiture.

Cette injonction tira le jeune homme de ses pensées.

— Sortez de la voiture, rĂ©pĂ©ta l'homme.

Et Thomas obtempéra.

L'homme... Non. Maintenant qu'il y prĂŞtait attention, la personne qui se tenait devant lui n'Ă©tait pas un homme, c'Ă©tait une femme, et pas n'importe laquelle. La forme de sa silhouette, de son visage sa voix, dĂ©jĂ  entendue aux informations, et bien sĂ»r le bouquet. Tout concordait. La personne qui se tenait devant lui n'Ă©tait autre que Maria K.G., bras droit du plus important mafieux de Las Vegas. Mais, impossible de se souvenir du nom de ce dernier ! Il lui semblait que cela commençait par K comme... comme... Rohh ! Quelle foutue mĂ©moire !

Pendant qu'il poursuivait ses tribulations, Maria s'approchait doucement, lentement. Et plus elle avançait, plus le canon de son arme se rapprochait de sa tĂŞte. Quatre mètres. Trois mètres. Il devait gagner du temps. Et pour cela, il devait entamer la conversation. D'une voix mal assurĂ©e, il commença :

— Je crois... avoir dĂ©jĂ  vu votre bouquet quelque part... Votre patron s'appellerait pas Kin... Ka... Kangourou ?

— Tu tiens si peu Ă  la vie ? Mon maĂ®tre s'appelle Kingorrow, et tu lui manques encore une fois de respect, je te jure, je te bute.

Bon, le nom, ce n'Ă©tait pas une bonne idĂ©e. Lui demander ce qu'elle faisait lĂ  et pourquoi elle voulait la tuer ? Mauvaise idĂ©e. Elle devait avoir commis un crime, et il devait ĂŞtre un tĂ©moin gĂŞnant qui n'aurait pas du ĂŞtre lĂ . Aucune des stratĂ©gies qu'il avait appris ne fonctionnerait dans cette situation. Seule la manière radicale pouvait marcher. Mais il n'y avait qu'une faible probabilitĂ© que cela rĂ©ussisse, et il pouvait ne pas s'en sortir indemne. Mais il n'avait pas le choix. Les rouages du dĂ©but d'un plan s’engrangèrent et, quelques secondes plus tard, il savait ce qu'il avait Ă  faire. Mais il n'allait avoir que quelques instants devant lui pour exĂ©cuter son idĂ©e. Et toute erreur lui serait fatale.

Il passa à l'action, et tout se déroula très vite. Il se jeta sur sa voiture et bondit sur son siège en cuir, évitant tant bien que mal les balles qui pleuvaient. Il rechignait à le faire. Il était contre la violence, ce qui lui valait d'ailleurs des remarques acerbes de ses collèges du FBI. Mais aujourd'hui, sa vie en dépendait, tout comme la mission qu'il devait mener à Las Vegas.

Alors, il adressa une dernière pensée à sa chère voiture. Ce fut un plaisir de vivre cette partie de ma vie avec toi. Nous avons surmonté tant de choses ensemble. Et tu vas me manquer.

Et il appuya sur l'accĂ©lĂ©rateur. Cette fois-ci, il n’avait pas le choix : il allait devoir la renverser.




























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