Après avoir timidement rĂ©cupĂ©rĂ© mon sac par terre Ă  l'autre bout de la cour, je me mets en retrait de la cour. J'ai Ă©tĂ© si ridicule... La dame biscuit Ă  du me trouver ridicule, en tout cas. J'aurais au moins dĂ» lui dire normalement, mais parler me stresse trop. Il y a des moments oĂą tout m'Ă©chappe, je suis pas tout le temps en train de pleurer. Je me demande pourquoi j'ai choisi de m'inscrire ici, sachant que je devrais lire mes textes dans la salle ronde... Peut-ĂŞtre que je me donne Ă  trop de choses Ă  la fois. La musique sur ordinateur, l'Ă©criture et la programmation c'est peut-ĂŞtre trop, mais toutes ces activitĂ©s me passionnent tant, je ne saurais pas laquelle choisir... En plus, c'est des mĂ©tiers oĂą il faut s'acharner pour ĂŞtre riche. Si je deviens jamais riche, je ferai comment pour acheter une belle voiture, un appart, un sweat avec mon nom en or plaquĂ©, la vraie Ă©charpe de Papyrus ? Parce que celle que j'ai Ă©tait vieille, mon grand frère me l'a donnĂ© quand il en a fait une nouvelle Ă  Fallens Stars... Avec mon look, pas Ă©tonnant qu'on ne me prenne pas au sĂ©rieux, mais j'aime bien. Je trouve que ça me rajeunit, et les gens sont toujours un peu surpris de ce que je peux faire Ă  mon âge.

En tout cas, je ne suis pas un petit garçon comme les autres. Après tout, je viens de Fallens Stars, qu'est-ce qui est normal lĂ -bas ? Derrière mon teint pâle et mes grands yeux se terre un ocĂ©an de sensibilitĂ© et un ouragan d'Ă©motion. Et entre mes mains, une Ă©tincelle de magie devrait apparaĂ®tre un jour, et il me faudra apprendre Ă  les contrĂ´ler pour qu'ils grandissent, comme mon frère. Je ne sais pas comment elle va se manifester, ça peut ĂŞtre tout et n'importe quoi. C'est ce cĂ´tĂ© "puissance cachĂ©e" que j'aime chez moi. Comme mon attaque PokĂ©mon prĂ©fĂ©rĂ©e. Bon, je dis ça mais je suis toujours incapable de parler tant que des yeux sont dirigĂ©s sur moi.

Bon, tout va mieux, maintenant. Je me suis calmĂ©, j'ai retrouvĂ© mon sac, j'ai fait connaissance avec quelques personnes, et la directrice, une dame biscuit. Je traverse la cour pour aller dans ma chambre, et je repasserai ici pour aller au rassemblement ici. Les Ă©lèves sont tous diffĂ©rents ici, du coup, pleins de questions bĂŞtes me viennent Ă  l'esprit. Par exemple, est-ce que la dame biscuit peut se laver ? Est-ce qu'elle a une phobie du lait ? A-t-elle une date de pĂ©remption ? Je me demande si on l'a dĂ©jĂ  confondue avec un vrai biscuit... Un truc est sĂ»r, si j'Ă©tais un biscuit, je serai pas serein entourĂ© d'oiseaux, moi.

En passant dans le couloir pour atteindre ma chambre, j'entends un bruit étrange. La souris d'ordinateur d'une chambre pend par la fenêtre. Ce doit être ça que j'ai entendu... Je suppose que c'est normal, ou que ça ne dérange personne. Je continue mon chemin en prenant soin de sauter un carreau sur deux. Arrivé dans ma chambre, je ferme la porte doucement, pour être tranquille. Je suis seul dans ma chambre, et tant mieux, parce que je ne suis pas prêt à être constamment observé par quelqu'un. Le lit en face du mien est donc vide pour l'instant... Je récupère mon PC dans mes affaires pas encore rangées et m'installe sur mon lit pour continuer une musique un peu nulle que j'ai commencé hier. J'irai à la cérémonie après...

Au bout d'un moment, j'entends une musique par la fenĂŞtre. Un air de violon apaisant, qui rĂ©sonne jusqu'au fond de mon cĹ“ur. Je m'approche de la fenĂŞtre pour en entendre plus, et surtout l'auteur de cette merveille. Si il y a un musicien Ă  L'AcadĂ©mie, je dois forcĂ©ment le rencontrer ! Malheureusement, la mĂ©lodie s'interrompt. Mais moi, il ne m'en faut pas plus pour commencer un nouveau morceau... Je retourne sur mon PC, trouve un son de violon ressemblant Ă  celui que j'ai entendu et recopie la mĂ©lodie. Suite Ă  cela, je suis pris d'une frĂ©nĂ©sie crĂ©ative, comme Ă  mon habitude, essayant de mĂ©langer le plus d'instruments possibles. Je crus sentir de la fumĂ©e Ă  un moment, mais cela ne m'arrĂŞte pas. Je me retrouve avec une espèce d'orchestre synthĂ©tique, triangle y compris. On ne va pas se mentir, c'est très mauvais, j'ai juste fait ça en deux petites heures, et je le peaufinerai plus tard. Je pense Ă  fermer la fenĂŞtre.

La journĂ©e prend fin, je regarde le ciel orangĂ© virer au violet. Et je me rappelle de la remise de diplĂ´me. Heureusement, j'ai de l'Ă©nergie Ă  revendre. Je traverse tout le campus en courant jusqu'Ă  la salle ouverte en plein air situĂ©e dans la forĂŞt. Non sans trĂ©bucher, j'ai quand mĂŞme un pantalon taille 13 ans, mais je rĂ©ussis Ă  garder mon sweat propre. Qu'est-ce qu'ils font penser s'il me voient ? Cinq minutes de retard, c'est dĂ©jĂ  limite limite, alors vingt-cinq... J'espère que personne ne me remarquerait, je ne voudrais pas tous les dĂ©ranger. Ça m'Ă©tonnerait, et puis je vais rester sur le cĂ´tĂ©. Une fois que j'arrive Ă  voir les lumières de l'estrade, je m'approche plus discrètement. Juste assez proche pour entendre ce que la dame biscuit dit, derrière les autres Ă©lèves.

— Je voudrais un tonnerre d’applaudissements pour l’équipe pĂ©dagogique de l’AcadĂ©mie !

DĂ©jĂ  ? Tout le monde se met Ă  applaudir. Je fais pareil, un peu déçu... Je n'ai mĂŞme pas vu l'Ă©quipe en question que je fais demi-tour en traĂ®nant les pieds. Je suis trop nul... Bon, au moins j'ai fait un peu de sport, et j'ai commencĂ© un nouveau morceau. J'essaierai de ne pas ĂŞtre en retard la prochaine fois... Je retourne dans ma chambre, ferme la porte derrière moi, et je regarde un moment le ciel nuageux et la lune brillante au-dessus du paysage...

— Ce n'est qu'un premier jour, pas de quoi pleurer…