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![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() Collaboration globale avec 20 personnages
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Lu' Directrice![]() Spectacles![]() Academy Universe - ancien lore
![]() ![]() La revanche du biscuit(par Lu' Directrice)Debout Ă la fenĂŞtre de mon bureau, je regarde la cour de l’AcadĂ©mie. Elle est particulièrement agitĂ©e en ce dĂ©but de mai. Des Ă©lèves courent dans tous les sens, les diffĂ©rentes dimensions se chevauchent devant mes yeux, un brouhaha impressionnant monte jusqu’à moi. Il est temps que je descende de ma tour pour voir ce qu’il se passe. De mon petit pas de biscuit, je rejoins la porte et saisis la poignĂ©e. Je prends une grande inspiration. Cette AcadĂ©mie, c’est ma crĂ©ation, j’en suis la Directrice. Mais elle est surtout le refuge de tous ces Ă©lèves en mal d’écriture. Si quelque chose se passe, il faut que je veille Ă ce que chacun se sente encore chez lui. DĂ©cidĂ©e, j’ouvre enfin le battant et descends les escaliers. Aujourd’hui est un jour spĂ©cial, nous avons une remise de diplĂ´mes. La reconnaissance d’implications particulières au sein de cette Ă©cole. J’aimerais pouvoir remercier chaque Ă©lève un par un, leur donner Ă chacun un rĂ´le particulier. Mais ce serait un sacrĂ© bazar Ă gĂ©rer. Lorsque j’arrive en bas des marches, je suis accueillie par un appel d’air impressionnant. Je sens quelques miettes se dĂ©tacher de moi et s’envoler vers le ciel. Je lève les yeux vers l’hĂ©licoptère qui me surplombe, un peu trop près de l’entrĂ©e Ă mon goĂ»t. Ma bouche s’entrouvre sous le coup de la surprise. — Ar ? Mais… Qu’est-ce que font tous ces animaux sur ta carrosserie ? L’hĂ©lico bip de partout et je ne comprends pas un traĂ®tre mot de ce qu’il me rĂ©pond. Ă€ l’intĂ©rieur, une jeune femme tente tant bien que mal de maintenir l’appareil en position de vol, malgrĂ© le poids qu’exercent les multiples animaux. Lena fait tout ce qu’elle peut pour ne pas s’écraser dans la cour. Je les surveille quelques instants, les bras croisĂ©s. Enfin, la jeune femme parvient Ă guider son ami pour l’éloigner de l’école. — N’oubliez pas d’être Ă l’heure pour la cĂ©rĂ©monie ! je leur crie. Ă€ peine ai-je le temps de faire quelques pas qu’une jeune femme nĂ©gligĂ©e me percute. Je tombe Ă la renverse, sonnĂ©e. Elle tente tant bien que mal de m’aider Ă me relever en marmonnant. Ă€ son teint pâle et Ă ses cheveux noirs ondulĂ©s, je reconnais la protĂ©gĂ©e de Cope, Selya. — OĂą est-ce que vous courriez, donc ? Je n’ai pas le temps d’obtenir une rĂ©ponse que dĂ©jĂ elle reprend sa course. InterloquĂ©e, ce n’est que lorsque j’aperçois une foule de militaires lancĂ©e Ă sa poursuite que je comprends qu’elle a des ennuis. Leur tenue est… rose ? Ils sont rouges de colère, ce qui jure affreusement avec leurs treillis. Ils passent autour de moi sans mĂŞme me remarquer. Inquiète, je suis leur progression du regard, mais Selya a dĂ©jĂ disparu. Un feulement furieux me fait sursauter. Quelques mètres plus loin, Ă l’orĂ©e de la forĂŞt qui borde l’AcadĂ©mie, un chat sans poil crache sur un Ă©lĂ©phant. Un Ă©lĂ©phant ? Mais qu’est-ce qu’une telle bestiole peut bien faire par ici ? Il a l’air… joyeux, loin de l’émotion ressentie par le sphinx. Sil, puisqu’il s’agit de toute Ă©vidence de mon Ă©lève, semble furieuse après lui. Puisque l’élĂ©phant ne semble pas lui vouloir de mal, je me dĂ©tourne pour les laisser rĂ©gler leur histoire. Lorsque je me tourne vers la cour, je suis happĂ©e par l’agitation qui y règne. Cette Ă©cole accueille toutes sortes de personnages, tous plus dĂ©lurĂ©s les uns que les autres. Comme pour me faire mentir, un jeune garçon au sweat trop grand pour lui et Ă la longue Ă©charpe s’approche de moi. Il s’agrippe Ă moi s’une petite main timide. — Qu’est-ce qu’il y a, 2KBOY ? Il lève des yeux effrayĂ©s vers moi et me montre un objet du doigt. Je plisse les paupières pour apercevoir un sac, vide, abandonnĂ© un peu plus loin. — Quelqu’un t’a piquĂ© tes affaires ? Il hoche la tĂŞte. C’est un petit nouveau, je ne l’ai encore vu assister Ă aucun cours. Je fronce les sourcils. — Je suis sĂ»re que ce n’est qu’une mauvaise blague. Tu as vu qui t’a fait ça ? Il tremble contre moi. Sans me rĂ©pondre, il me lâche pour se prĂ©cipiter près de son sac. Il le rĂ©cupère et part en courant. Qu’il sache ou non qui a fait ça, j’espère qu’il pourra facilement rĂ©cupĂ©rer ses affaires. Je me demande bien ce qu’ils ont tous. Qu’est-ce qui peut bien provoquer toute cette agitation ? Quelques pas plus loin, je suis surprise par un flash lumineux. Je cligne plusieurs fois des paupières pour retrouver la vue. Lorsque ma vision redevient normale, je regarde fixement le rouquin qui se trouve en plein milieu de la cour, les cheveux en pĂ©tard. RouxCool est en train de mener des expĂ©riences en plein milieu de mon AcadĂ©mie. Je fronce les sourcils. — Je t’ai dĂ©jĂ dit de ne pas faire ça ici, tu as tout l’espace pour mener tes expĂ©riences. Pourquoi… ? Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase, il me tend un drĂ´le d’objet de couleur or. De son autre main, il le dĂ©signe du doigt puis l’intĂ©rieur de sa bouche. Je regarde fixement l’espace qu’il me montre, pour ĂŞtre certaine de ce que je vois. Il n’a plus de langue. RouxCool a perdu sa langue. — Quoi ? Mais comment… ? ÉnervĂ©, il me montre de nouveau l’objet mystĂ©rieux. C’est certainement le nouvel artefact qu’il a trouvĂ© sur une quelconque autre planète. J’ai envie de ricaner, mais ce n’est pas digne d’une directrice. — DĂ©brouille-toi pour la rĂ©cupĂ©rer avant la cĂ©rĂ©monie. Alors qu’il s’apprĂŞte Ă reprendre ce qu’il Ă©tait en train de faire, je tape du pied, croustillant sur les pavĂ©s. — Mais tu arrĂŞtes tes expĂ©riences. Tout de suite. Il lâche ses outils en me jetant un regard noir. Je n’attends pas de voir s’il m’obĂ©it bien et je poursuis ma route. Quelques mètres me suffisent pour me retrouver Ă nouveau en danger. J’esquive in extremis les sabots d’un cheval parti en courant. Il est montĂ© par une jeune femme que je ne connais pas et qui rit Ă gorge dĂ©ployĂ©e. Je me retourne sous les exclamations d’un jeune homme qui leur coure après. Il a une armure couverte de boue, usĂ©e par les annĂ©es. JilanoAlhuĂŻn m’adresse un faible sourire et continue sa poursuite, leur hurlant de l’attendre. Je suis Ă©tonnĂ©e par son endurance, surtout au vu des kilos que doivent reprĂ©senter les plaques de son armure. Sa gentillesse lui a-t-elle encore jouĂ© des tours ? Je commence vraiment Ă m’inquiĂ©ter pour la cĂ©rĂ©monie de tout Ă l’heure. Tout le monde semble si occupé… Les Ă©lèves vont-ils rĂ©ussir Ă y assister ? Lorsque j’atteins enfin le bout de la cour, je sue de la confiture de framboise. Je l’essuie d’un geste agacĂ©. Le soleil est trop chaud pour moi, je ne devrais pas rester si longtemps Ă l’extĂ©rieur. Je m’empresse de rentrer dans le bâtiment abritant les salles de classe. L’atmosphère y est aussi agitĂ©e qu’à l’extĂ©rieur. J’entends un hurlement de chat furieux. DĂ©cidĂ©ment, les pauvres bĂŞtes ne peuvent pas simplement ronronner au lieu de cracher ? Je me dirige vers le casier d’oĂą proviennent les feulements. Un chat noir apparaĂ®t et disparaĂ®t par intermittence. — Schrödinger ? Le matou cesse de cracher et m’adresse un regard noir. C’est toujours très perturbant d’être avec lui. Il est Ă la fois lĂ et… pas lĂ . Vivant et mort. D’un regard, je comprends la situation. Il s’est coincĂ© Ă l’intĂ©rieur et Ă l’extĂ©rieur du casier. BloquĂ© dans la porte fermĂ©e, en quelque sorte. — Comment est-ce que tu… Un hurlement Ă me glacer le sang retentit dans le couloir. Je me prĂ©cipite vers son origine, laissant le pauvre Schrö se dĂ©brouiller. — Qu’est-ce qui se passe ici ? Je passe la tĂŞte par la porte de la classe. Au sol, un jeune homme que je ne connais pas, les yeux grands ouverts, vides. Mort. PenchĂ©e au-dessus de lui, une jeune fille Ă la cape noire. — Elinor ! Elle sursaute et se tourne vers moi. Alors qu’elle ouvre la bouche pour s’expliquer, je la coupe. — Tu vas tout de suite rendre son âme Ă ce jeune homme ! Je doute que ton maĂ®tre t’ait demandĂ© de faucher quelqu’un de l’école pour t’exercer ! Elle brandit sa faux, comme pour s’expliquer, mais je ne lui en laisse pas le temps. — Maintenant ! Un doigt pointu me tapote l’épaule. AgacĂ©e, je me retourne. — Quoi ? Face Ă moi, l’un de mes Ă©lèves les plus incongrus : la Faucheuse. La grande responsable de la mort en personne qui vient chez moi pour s’entraĂ®ner Ă l’écriture. Son crâne esquisse un sourire qui me donne la chair de poule. Autant qu’un biscuit puisse en avoir. C’est lĂ que je remarque qu’il tient l’un de ses bras dans son autre main. C’est avec ça qu’il m’a tapotĂ© l’épaule ? — On m’a piquĂ© mon humĂ©rus. Ma bouche s’ouvre en grand sans que je la contrĂ´le. Ne me voyant pas rĂ©agir, il hausse les… son… Ă©paule, puis rentre dans la salle de classe. Poussant un soupir soulagĂ©, je m’éloigne dans le couloir. Un lĂ©ger chant me fait tendre l’oreille. Enfin quelque chose d’agrĂ©able au milieu de tout ce chaos. RassĂ©rĂ©nĂ©e, je me dirige vers la salle d’oĂą provient la mĂ©lodie. Plus je m’approche de l’ouverture, plus je sens un vent m’attirer. Oh non. — Jilano ? Tu pourrais essayer de rĂ©duire ton champ s’il te plaĂ®t ? Quelques secondes plus tard, l’attraction se fait beaucoup moins forte. Je passe la tĂŞte par la porte et fronce les sourcils. — OĂą est-ce que tu as encore Ă©tĂ© traĂ®ner ? Dans un hoquet, le trou noir rejette une enceinte sur un tas hĂ©tĂ©roclite d’objets. Cette salle de classe ne ressemble plus Ă rien, elle est envahie de choses qui n’ont rien Ă voir avec une Ă©cole. Il a encore dĂ» aller lĂ oĂą il ne fallait pas. Son chant n’a pas cessĂ© de retentir. — Tu as intĂ©rĂŞt Ă me nettoyer tout ça avant la cĂ©rĂ©monie, Jila, je ne veux plus rien voir d’autre que mes chaises et mes tables. Je l’entends hoqueter un nouvel objet tandis que je me dĂ©tourne. J’espère au moins qu’il n’a aspirĂ© aucun Ă©lève. FatiguĂ©e de devoir faire la police, je me redresse nĂ©anmoins. Il y a encore de l’agitation dans toute l’école, mon travail n’est pas terminĂ©. Je m’enfonce dans les entrailles de mon AcadĂ©mie. Rapidement, je rejoins l’un de mes endroits prĂ©fĂ©rĂ©s : la bibliothèque. Le calme y est tout relatif par rapport Ă d’habitude. Dans un coin, j’aperçois Malkym qui feuillette nerveusement plusieurs livres. Je vois les pages dĂ©filer dans ses lunettes. Lorsque je m’approche, il lève ses sourcils froncĂ©s vers moi. — J’ai pas l’temps. Je lui arrache un livre des mains. « Comment devenir Imperator Ă la place de l’Imperator ». Rien que ça. Il me le reprend vivement, courroucĂ©. J’aperçois du coin de l’œil un cahier oĂą il a inscrit « Plan du soir de la cĂ©rĂ©monie : faire exploser la bombe ». — Malkym, tu me dĂ©samorces cette bombe tout de suite. Je ne veux pas entendre la moindre petite explosion durant ma cĂ©rĂ©monie, ni ici, ni dans l’aile du Tropeur, ni nulle part. Sinon je te retrouverai et te ferai subir bien plus que la mort. Le supplice du biscuit. Tu m’entends ? Ses joues pâlissent lĂ©gèrement. En grommelant, il prend ses affaires et sort de la pièce. J’ai intĂ©rĂŞt Ă le surveiller de près. Un peu plus loin, j’observe Matthieu qui gĂ©mit de dĂ©sespoir, penchĂ© sur un carnet de notes. Je m’approche doucement du viking. — Tout va bien ? Il me tend son carnet sans rĂ©pondre. Je le parcours des yeux, dĂ©chiffrant ses notes au milieu de ses fautes d’orthographe. Il est question d’une incitation Ă comparaĂ®tre pour enchaĂ®nement non rĂ©glementaire Ă un arbre. Une incitation pour… — Tout Ă l’heure ? Mais tu dois ĂŞtre prĂ©sent Ă la cĂ©rĂ©monie ! Je lui rends son carnet en pinçant les lèvres. — DĂ©brouille-toi pour ĂŞtre lĂ , on s’occupera de ton incitation après. Il hoche la tĂŞte et se penche de nouveau sur ses notes. Je continue de traverser la bibliothèque et ouvre la porte qui mène aux dortoirs. L’agitation y est pire que dans la cour. — Qu’est-ce qui se passe ici ? je hurle. Une jeune fille que je ne connais pas s’arrĂŞte près de moi, manquant se faire bousculer par quelqu’un d’autre. — C’est Sourne31, madame, il a mis le feu Ă son lit ! Je passe une main lasse sur mon visage. Sourne est nouveau, il est arrivĂ© il y a quelques jours. — Je crois qu’il a voulu dĂ©fendre son camarade de chambre… Elle repart sans me laisser lui poser plus de questions. J’avance vers la chambre d’oĂą s’échappe une chaleur effroyable. — Sourne ! Je te prierai de m’éteindre ce feu, et plus vite que ça ! Le dragon rouge foncĂ© tourne vers moi deux grands yeux jaunes. De ses grandes ailes, il maintient comme il peut l’incendie. Il me rĂ©pond d’un grognement. Personne n’a l’air d’être blessĂ©, je le laisse maĂ®triser la situation. Ce genre d’évènement arrive plus souvent qu’on ne le croit dans une Ă©cole qui accueille autant de personnages diffĂ©rents. Je ressors en essuyant ma confiture et continue mon tour. Je m’arrĂŞte net quand je me retrouve face Ă une jeune fille blonde aux grands yeux violets. Je baisse les yeux sur le chuchoteur qui se tient Ă cĂ´tĂ© d’elle, petit rongeur au pelage gris, aux oreilles pointues et Ă la queue en panache. Il remonte ses lunettes rondes de couleur rose et violette sur son nez. — GaĂŻa, ton amie est la bienvenue Ă la cĂ©rĂ©monie, mais tu es bien consciente qu’elle ne pourra pas rester ? Le petit rongeur hoche la tĂŞte et monte sur l’épaule de la jeune fille qui la gratouille. — Je ne veux pas savoir ce qui l’a amenĂ©e ici, mais elle repart avant ce soir. Compris ? Nouveau hochement de tĂŞte du chuchoteur. Je les contourne et sors Ă l’arrière de l’AcadĂ©mie. L’écurie semble bien plus calme que le reste du bâtiment. J’y passe la tĂŞte et manque m’étouffer de rire. — Ellumyne ? La cavalière se retourne avec un petit cri, surprise. Elle tente de cacher le cheval de son corps, ce qui ne marche Ă©videmment pas. — Tu pourrais m’expliquer comment cette pauvre bĂŞte s’est retrouvĂ©e avec les rayures d’un zèbre ? Elle pince les lèvres sans rĂ©pondre, les joues de plus en plus rouges. — Peu importe, tâche de le rendre prĂ©sentable d’ici Ă la cĂ©rĂ©monie. Elle hoche la tĂŞte et retourne Ă sa tâche. Avec un sourire, je retourne Ă l’arrière de l’AcadĂ©mie. Une ombre violette me fait lever les yeux. — Zandra ? Mais… Qu’est-ce que… AccrochĂ©e Ă une gouttière, la jeune femme aux oreilles et Ă la queue de chat violets semble en mauvaise posture. Ă€ mis chemin entre le sol et les toits, elle se sert de sa souris d’ordinateur et tire sur ses bras pour monter plus haut. — Tu… Tu penseras Ă venir Ă la cĂ©rĂ©monie, hein ? Elle n’a pas l’air de m’entendre, trop concentrĂ©e qu’elle est sur son ascension. Je grimace en la voyant glisser, mais elle reprend vite le dessus. Ă€ moitiĂ© rassurĂ©e, je me dĂ©tourne pour rejoindre la salle de spectacle. Je passe par l’entrĂ©e des artistes et me dirige vers la scène. Restant en coulisse, j’observe Vic qui s’entraĂ®ne au violon. La musique est douce, agrĂ©able, elle me change de l’agitation qui règne Ă l’AcadĂ©mie aujourd’hui. Je me plais Ă rester lĂ , sans bouger, savourant ce moment de calme. Lorsque la mĂ©lodie s’arrĂŞte, c’est comme si on arrachait un bout de moi-mĂŞme. Je m’avance sur la scène pour le rejoindre. — Tout va bien ? Il baisse les yeux pour me regarder. C’est que notre barde est d’une taille impressionnante pour son âge. Il dĂ©tourne les yeux pour dĂ©tailler son violon. Quelque chose cloche dans son regard. — Vic ? — Je n’arrive pas Ă jouer ce morceau correctement. J’en ai besoin, pourtant… Perdu dans ses pensĂ©es, il se remet Ă jouer, oubliant ma prĂ©sence. IntriguĂ©e, je n’ose cependant pas le dĂ©ranger. Je lui fais confiance pour ĂŞtre prĂ©sent Ă la cĂ©rĂ©monie, contrairement Ă la plupart de mes autres Ă©lèves. Je descends les marches vers les gradins et m’arrĂŞte arrivĂ©e au milieu de la salle. Une dĂ©mone Ă forme humaine, un diadème sur la tĂŞte, fredonne en observant notre barde jouer de son instrument. Lorsqu’elle me voit, Maud se lève d’un bond. Elle aussi est nouvelle, je ne la connais pas encore très bien. — Je peux t’aider ? — Je cherchais… Elle tourne la tĂŞte vers Vic, puis revient Ă moi. — Tu cherchais ? — Quelque chose. Elle s’empresse de me dĂ©passer et sort de la salle en courant. Je cligne plusieurs fois des yeux, interloquĂ©e. Quoi qu’elle cherche, elle ne l’a pas trouvĂ© ici. Je regarde l’heure sur une pendule accrochĂ©e au fond de la salle et repars. La cĂ©rĂ©monie ne va plus tarder. Je retourne dans la cour et regarde autour de moi. Les Ă©lèves ont l’air de s’être calmĂ©s. La plupart se dirigent vers la petite clairière qui a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e pour la cĂ©rĂ©monie. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Un cri me fait lever la tĂŞte. — Eskiss ? C’est toi ? Un oiseau vole au-dessus de moi, une plume dans le bec. La plume hurle Ă pleins poumons. — Au secours ! Je n’ai pas le temps d’esquisser un geste que l’oiseau l’entraĂ®ne avec lui vers la forĂŞt. Avec un peu de chance, ce n’est qu’un autre Ă©lève qui l’emmène Ă la cĂ©rĂ©monie lui aussi ? Je prends le temps de me promener quelques instants dans la forĂŞt, respirant Ă pleins poumons. Je cherche le calme avant la tempĂŞte. Je ferme les yeux, envahie par un sentiment de fiertĂ©. Cette cĂ©rĂ©monie, c’est pour rĂ©compenser quelques Ă©lèves particulièrement impliquĂ©s. MĂŞme ceux qui travaillent dans l’ombre avec moi. Poussant un dernier soupir, je me dirige vers l’estrade. Ă€ l’arrière, une petite cabine a Ă©tĂ© amĂ©nagĂ©e pour les principaux intĂ©ressĂ©s de la cĂ©rĂ©monie. Lorsque j’ouvre la porte, je suis accueillie par une voix Ă©raillĂ©e. — J’entends le loup, le renard et la Louloutre, j’entends le loup et le renard chanter♪🎵 Surprise, je fronce les sourcils. — Mais qu’est-ce qui est arrivĂ© Ă ta voix, Louloutre ? Notre chanteuse Ă fourrure se tourne vers moi, le regard implorant. Lorsqu’elle me rĂ©pond, je peine Ă reconnaĂ®tre sa voix tant elle semble cassĂ©e. — J’ai plus de voix… Je regarde autour d’elle : aucun des autres participants n’est encore arrivĂ©. — Tu as intĂ©rĂŞt Ă vite la retrouver, c’est bientĂ´t Ă nous. Je ne lui laisse pas le temps de rĂ©pondre et monte l’escalier qui mène Ă la scène. Je prends le temps de bien souffler. Mon cĹ“ur bat la chamade. J’ai animĂ© un spectacle il y a quelque jour, ce n’est pas une remise de diplĂ´mes qui va me faire peur. Je colle un sourire sur mon visage, me mets dans la peau de la Directrice que tout le monde s’attend Ă voir, et m’avance. Le silence se fait peu Ă peu tandis que je m’approche de mon micro. Toutes les tĂŞtes se tournent vers moi. Et je suis particulièrement heureuse de voir toutes ces bouilles, de la Faucheuse et son apprentie au viking, en passant par les deux chats, quantique ou non, et le chuchoteur. MĂŞme les plus Ă©tranges d’entre eux, la jeune femme chat un peu timide et le dragon rouge Ă l’air si loyal, notre trou noir un peu contrariant et notre hĂ©licoptère national, cette dĂ©mone aux airs mystĂ©rieux, nos deux cavaliers si doux, cette plume si lĂ©gère mais Ă la voix si grave. Sans oublier, nos Ă©lèves aux physiques plus classiques, mais avec leurs sacrĂ©s caractères, cette fille aux cheveux noirs si nĂ©gligĂ©s, ce rouquin un peu fou, ce petit garçon un peu timide, ce jeune homme un peu trop ambitieux et notre barde, si douĂ© de ses mains. Tous leurs visages sont tournĂ©s vers moi. Ils attendent. — Bienvenue Ă tous pour notre remise de diplĂ´mes. Cela fait maintenant un peu plus de trois mois que notre AcadĂ©mie a ouvert. Trois mois pendant lesquels vous n’avez cessĂ© de participer Ă mes dĂ©fis. Devant les quelques exclamations, je m’esclaffe. — Je sais, je me rĂ©pète. Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps. Le but aujourd’hui est de remercier plusieurs d’entre vous. Des Ă©lèves qui se sont particulièrement investis dans la vie de l’école, des Ă©lèves qui veulent toujours plus aider Ă la faire vivre. Des Ă©lèves sur qui je sais pouvoir m’appuyer pour continuer Ă vous organiser toujours plus de dĂ©fis, toujours plus d’évènements. Je vous demande donc, dans un tonnerre d’applaudissements, d’accueillir ma nouvelle Directrice adjointe : Louloutre ! La loutre chanteuse s’avance sur la scène avec un grand sourire, sous les acclamations du public. — Elle veillera Ă ce que les règles soient respectĂ©es, mais m’aidera aussi certainement sur l’organisation de certains Ă©vènements un peu plus consĂ©quents Ă organiser. Je lui remets l’un des diplĂ´mes avec un sourire. — Oh, et c’est elle aussi qui se chargera de crĂ©er tous les diplĂ´mes, ceux que je remets aujourd’hui, mais aussi les suivants. Elle le rĂ©cupère et va se placer sur le cĂ´tĂ©, radieuse. — Il nous a fait un montage de toute beautĂ©, n’a pas faibli face Ă la charge de travail que ça reprĂ©sentait, je vous demande d’applaudir Vic, notre nouveau Responsable technique ! Le barde monte sur scène Ă son tour, sous les hourras des Ă©lèves, les yeux pĂ©tillants. Je lui tends son diplĂ´me, fière du travail accompli. Il s’en saisit et va rejoindre Louloutre. — Vous ne le savez pas encore, mais il travaille Ă l’enregistrement de nos Ĺ“uvres sur un site dĂ©diĂ©, applaudissez donc notre Faucheuse et dĂ©sormais Responsable de la bibliothèque ! Le squelette monte Ă son tour les marches et saisit le document que j’ai pour lui. Il passe derrière moi, me faisant frissonner, et rejoint les autres. — Une nomination pour un poste Ă venir, il sera en charge de l’organisation d’évènements moins gros que le spectacle de vendredi mais qui, je l’espère, vous verront nombreux quand mĂŞme, j’ai nommĂ© Eskiss, notre nouveau Responsable Ă©vènements ! La plume se hisse sur les escaliers pour rejoindre l’estrade, sautillante de joie. Je lui remets un petit diplĂ´me en souriant, qu’elle s’empresse de prendre avant de rejoindre les autres. — Enfin, elle est toujours lĂ pour aider les nouveaux (et moins nouveaux) Ă©lèves, voici donc la reconnaissance qu’elle mĂ©rite, Elinor, votre DĂ©lĂ©guĂ©e des Ă©lèves ! L’apprentie faucheuse sautille Ă son tour sur l’estrade, un grand sourire brillant sous sa cape noire. Elle prend son diplĂ´me et je peux sentir ses doigts se transformant en os me frĂ´ler. Je frissonne. — Je voudrais un tonnerre d’applaudissements pour l’équipe pĂ©dagogique de l’AcadĂ©mie ! D’autres viendront peut-ĂŞtre rejoindre nos rangs dans les semaines Ă venir, n’hĂ©sitez pas Ă profiter de leurs compĂ©tences dans le cadre des dĂ©fis et des Ă©vènements affĂ©rents. Merci Ă tous de m’avoir lue jusqu’ici, et je vous souhaite bon courage pour le dĂ©fi et une bonne semaine ! Avec un sourire malicieux, je me dĂ©tourne et quitte l’estrade comme je suis venue. Cette fois, c’est Ă eux de jouer. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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