L'Académie de Lu





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Academy Universe - ancien lore


La revanche du biscuit

(par Lu' Directrice)
(Thème : La remise des diplĂ´mes)



Debout à la fenêtre de mon bureau, je regarde la cour de l’Académie. Elle est particulièrement agitée en ce début de mai. Des élèves courent dans tous les sens, les différentes dimensions se chevauchent devant mes yeux, un brouhaha impressionnant monte jusqu’à moi. Il est temps que je descende de ma tour pour voir ce qu’il se passe.

De mon petit pas de biscuit, je rejoins la porte et saisis la poignée. Je prends une grande inspiration. Cette Académie, c’est ma création, j’en suis la Directrice. Mais elle est surtout le refuge de tous ces élèves en mal d’écriture. Si quelque chose se passe, il faut que je veille à ce que chacun se sente encore chez lui.

Décidée, j’ouvre enfin le battant et descends les escaliers. Aujourd’hui est un jour spécial, nous avons une remise de diplômes. La reconnaissance d’implications particulières au sein de cette école. J’aimerais pouvoir remercier chaque élève un par un, leur donner à chacun un rôle particulier. Mais ce serait un sacré bazar à gérer.

Lorsque j’arrive en bas des marches, je suis accueillie par un appel d’air impressionnant. Je sens quelques miettes se détacher de moi et s’envoler vers le ciel. Je lève les yeux vers l’hélicoptère qui me surplombe, un peu trop près de l’entrée à mon goût. Ma bouche s’entrouvre sous le coup de la surprise.

— Ar ? Mais… Qu’est-ce que font tous ces animaux sur ta carrosserie ?

L’hélico bip de partout et je ne comprends pas un traître mot de ce qu’il me répond. À l’intérieur, une jeune femme tente tant bien que mal de maintenir l’appareil en position de vol, malgré le poids qu’exercent les multiples animaux. Lena fait tout ce qu’elle peut pour ne pas s’écraser dans la cour. Je les surveille quelques instants, les bras croisés. Enfin, la jeune femme parvient à guider son ami pour l’éloigner de l’école.

— N’oubliez pas d’être Ă  l’heure pour la cĂ©rĂ©monie ! je leur crie.

À peine ai-je le temps de faire quelques pas qu’une jeune femme négligée me percute. Je tombe à la renverse, sonnée. Elle tente tant bien que mal de m’aider à me relever en marmonnant. À son teint pâle et à ses cheveux noirs ondulés, je reconnais la protégée de Cope, Selya.

— OĂą est-ce que vous courriez, donc ?

Je n’ai pas le temps d’obtenir une rĂ©ponse que dĂ©jĂ  elle reprend sa course. InterloquĂ©e, ce n’est que lorsque j’aperçois une foule de militaires lancĂ©e Ă  sa poursuite que je comprends qu’elle a des ennuis. Leur tenue est… rose ? Ils sont rouges de colère, ce qui jure affreusement avec leurs treillis. Ils passent autour de moi sans mĂŞme me remarquer. Inquiète, je suis leur progression du regard, mais Selya a dĂ©jĂ  disparu.

Un feulement furieux me fait sursauter. Quelques mètres plus loin, Ă  l’orĂ©e de la forĂŞt qui borde l’AcadĂ©mie, un chat sans poil crache sur un Ă©lĂ©phant. Un Ă©lĂ©phant ? Mais qu’est-ce qu’une telle bestiole peut bien faire par ici ? Il a l’air… joyeux, loin de l’émotion ressentie par le sphinx. Sil, puisqu’il s’agit de toute Ă©vidence de mon Ă©lève, semble furieuse après lui. Puisque l’élĂ©phant ne semble pas lui vouloir de mal, je me dĂ©tourne pour les laisser rĂ©gler leur histoire.

Lorsque je me tourne vers la cour, je suis happée par l’agitation qui y règne. Cette école accueille toutes sortes de personnages, tous plus délurés les uns que les autres. Comme pour me faire mentir, un jeune garçon au sweat trop grand pour lui et à la longue écharpe s’approche de moi. Il s’agrippe à moi s’une petite main timide.

— Qu’est-ce qu’il y a, 2KBOY ?

Il lève des yeux effrayés vers moi et me montre un objet du doigt. Je plisse les paupières pour apercevoir un sac, vide, abandonné un peu plus loin.

— Quelqu’un t’a piquĂ© tes affaires ?

Il hoche la tête. C’est un petit nouveau, je ne l’ai encore vu assister à aucun cours. Je fronce les sourcils.

— Je suis sĂ»re que ce n’est qu’une mauvaise blague. Tu as vu qui t’a fait ça ?

Il tremble contre moi. Sans me répondre, il me lâche pour se précipiter près de son sac. Il le récupère et part en courant. Qu’il sache ou non qui a fait ça, j’espère qu’il pourra facilement récupérer ses affaires.

Je me demande bien ce qu’ils ont tous. Qu’est-ce qui peut bien provoquer toute cette agitation ? Quelques pas plus loin, je suis surprise par un flash lumineux. Je cligne plusieurs fois des paupières pour retrouver la vue. Lorsque ma vision redevient normale, je regarde fixement le rouquin qui se trouve en plein milieu de la cour, les cheveux en pĂ©tard.

RouxCool est en train de mener des expériences en plein milieu de mon Académie. Je fronce les sourcils.

— Je t’ai dĂ©jĂ  dit de ne pas faire ça ici, tu as tout l’espace pour mener tes expĂ©riences. Pourquoi… ?

Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase, il me tend un drôle d’objet de couleur or. De son autre main, il le désigne du doigt puis l’intérieur de sa bouche. Je regarde fixement l’espace qu’il me montre, pour être certaine de ce que je vois. Il n’a plus de langue. RouxCool a perdu sa langue.

— Quoi ? Mais comment… ?

Énervé, il me montre de nouveau l’objet mystérieux. C’est certainement le nouvel artefact qu’il a trouvé sur une quelconque autre planète. J’ai envie de ricaner, mais ce n’est pas digne d’une directrice.

— Débrouille-toi pour la récupérer avant la cérémonie.

Alors qu’il s’apprête à reprendre ce qu’il était en train de faire, je tape du pied, croustillant sur les pavés.

— Mais tu arrêtes tes expériences. Tout de suite.

Il lâche ses outils en me jetant un regard noir. Je n’attends pas de voir s’il m’obéit bien et je poursuis ma route. Quelques mètres me suffisent pour me retrouver à nouveau en danger. J’esquive in extremis les sabots d’un cheval parti en courant. Il est monté par une jeune femme que je ne connais pas et qui rit à gorge déployée.

Je me retourne sous les exclamations d’un jeune homme qui leur coure après. Il a une armure couverte de boue, usĂ©e par les annĂ©es. JilanoAlhuĂŻn m’adresse un faible sourire et continue sa poursuite, leur hurlant de l’attendre. Je suis Ă©tonnĂ©e par son endurance, surtout au vu des kilos que doivent reprĂ©senter les plaques de son armure. Sa gentillesse lui a-t-elle encore jouĂ© des tours ?

Je commence vraiment Ă  m’inquiĂ©ter pour la cĂ©rĂ©monie de tout Ă  l’heure. Tout le monde semble si occupé… Les Ă©lèves vont-ils rĂ©ussir Ă  y assister ?

Lorsque j’atteins enfin le bout de la cour, je sue de la confiture de framboise. Je l’essuie d’un geste agacé. Le soleil est trop chaud pour moi, je ne devrais pas rester si longtemps à l’extérieur. Je m’empresse de rentrer dans le bâtiment abritant les salles de classe.

L’atmosphère y est aussi agitée qu’à l’extérieur.

J’entends un hurlement de chat furieux. DĂ©cidĂ©ment, les pauvres bĂŞtes ne peuvent pas simplement ronronner au lieu de cracher ? Je me dirige vers le casier d’oĂą proviennent les feulements. Un chat noir apparaĂ®t et disparaĂ®t par intermittence.

— Schrödinger ?

Le matou cesse de cracher et m’adresse un regard noir. C’est toujours très perturbant d’être avec lui. Il est à la fois là et… pas là. Vivant et mort. D’un regard, je comprends la situation. Il s’est coincé à l’intérieur et à l’extérieur du casier. Bloqué dans la porte fermée, en quelque sorte.

— Comment est-ce que tu…

Un hurlement à me glacer le sang retentit dans le couloir. Je me précipite vers son origine, laissant le pauvre Schrö se débrouiller.

— Qu’est-ce qui se passe ici ?

Je passe la tête par la porte de la classe. Au sol, un jeune homme que je ne connais pas, les yeux grands ouverts, vides. Mort. Penchée au-dessus de lui, une jeune fille à la cape noire.

— Elinor !

Elle sursaute et se tourne vers moi. Alors qu’elle ouvre la bouche pour s’expliquer, je la coupe.

— Tu vas tout de suite rendre son âme Ă  ce jeune homme ! Je doute que ton maĂ®tre t’ait demandĂ© de faucher quelqu’un de l’école pour t’exercer !

Elle brandit sa faux, comme pour s’expliquer, mais je ne lui en laisse pas le temps.

— Maintenant !

Un doigt pointu me tapote l’épaule. Agacée, je me retourne.

— Quoi ?

Face Ă  moi, l’un de mes Ă©lèves les plus incongrus : la Faucheuse. La grande responsable de la mort en personne qui vient chez moi pour s’entraĂ®ner Ă  l’écriture.

Son crâne esquisse un sourire qui me donne la chair de poule. Autant qu’un biscuit puisse en avoir. C’est lĂ  que je remarque qu’il tient l’un de ses bras dans son autre main. C’est avec ça qu’il m’a tapotĂ© l’épaule ?

— On m’a piqué mon humérus.

Ma bouche s’ouvre en grand sans que je la contrôle. Ne me voyant pas réagir, il hausse les… son… épaule, puis rentre dans la salle de classe. Poussant un soupir soulagé, je m’éloigne dans le couloir. Un léger chant me fait tendre l’oreille. Enfin quelque chose d’agréable au milieu de tout ce chaos.

Rassérénée, je me dirige vers la salle d’où provient la mélodie. Plus je m’approche de l’ouverture, plus je sens un vent m’attirer. Oh non.

— Jilano ? Tu pourrais essayer de rĂ©duire ton champ s’il te plaĂ®t ?

Quelques secondes plus tard, l’attraction se fait beaucoup moins forte. Je passe la tête par la porte et fronce les sourcils.

— OĂą est-ce que tu as encore Ă©tĂ© traĂ®ner ?

Dans un hoquet, le trou noir rejette une enceinte sur un tas hétéroclite d’objets. Cette salle de classe ne ressemble plus à rien, elle est envahie de choses qui n’ont rien

à voir avec une école. Il a encore dû aller là où il ne fallait pas. Son chant n’a pas cessé de retentir.

— Tu as intérêt à me nettoyer tout ça avant la cérémonie, Jila, je ne veux plus rien voir d’autre que mes chaises et mes tables.

Je l’entends hoqueter un nouvel objet tandis que je me détourne. J’espère au moins qu’il n’a aspiré aucun élève. Fatiguée de devoir faire la police, je me redresse néanmoins. Il y a encore de l’agitation dans toute l’école, mon travail n’est pas terminé.

Je m’enfonce dans les entrailles de mon AcadĂ©mie. Rapidement, je rejoins l’un de mes endroits prĂ©fĂ©rĂ©s : la bibliothèque. Le calme y est tout relatif par rapport Ă  d’habitude. Dans un coin, j’aperçois Malkym qui feuillette nerveusement plusieurs livres. Je vois les pages dĂ©filer dans ses lunettes. Lorsque je m’approche, il lève ses sourcils froncĂ©s vers moi.

— J’ai pas l’temps.

Je lui arrache un livre des mains. « Comment devenir Imperator Ă  la place de l’Imperator ». Rien que ça. Il me le reprend vivement, courroucĂ©. J’aperçois du coin de l’œil un cahier oĂą il a inscrit « Plan du soir de la cĂ©rĂ©monie : faire exploser la bombe ».

— Malkym, tu me dĂ©samorces cette bombe tout de suite. Je ne veux pas entendre la moindre petite explosion durant ma cĂ©rĂ©monie, ni ici, ni dans l’aile du Tropeur, ni nulle part. Sinon je te retrouverai et te ferai subir bien plus que la mort. Le supplice du biscuit. Tu m’entends ?

Ses joues pâlissent légèrement. En grommelant, il prend ses affaires et sort de la pièce. J’ai intérêt à le surveiller de près. Un peu plus loin, j’observe Matthieu qui gémit de désespoir, penché sur un carnet de notes. Je m’approche doucement du viking.

— Tout va bien ?

Il me tend son carnet sans répondre. Je le parcours des yeux, déchiffrant ses notes au milieu de ses fautes d’orthographe. Il est question d’une incitation à comparaître pour enchaînement non réglementaire à un arbre. Une incitation pour…

— Tout Ă  l’heure ? Mais tu dois ĂŞtre prĂ©sent Ă  la cĂ©rĂ©monie !

Je lui rends son carnet en pinçant les lèvres.

— Débrouille-toi pour être là, on s’occupera de ton incitation après.

Il hoche la tĂŞte et se penche de nouveau sur ses notes.

Je continue de traverser la bibliothèque et ouvre la porte qui mène aux dortoirs. L’agitation y est pire que dans la cour.

— Qu’est-ce qui se passe ici ? je hurle.

Une jeune fille que je ne connais pas s’arrête près de moi, manquant se faire bousculer par quelqu’un d’autre.

— C’est Sourne31, madame, il a mis le feu Ă  son lit !

Je passe une main lasse sur mon visage. Sourne est nouveau, il est arrivé il y a quelques jours.

— Je crois qu’il a voulu défendre son camarade de chambre…

Elle repart sans me laisser lui poser plus de questions. J’avance vers la chambre d’où s’échappe une chaleur effroyable.

— Sourne ! Je te prierai de m’éteindre ce feu, et plus vite que ça !

Le dragon rouge foncé tourne vers moi deux grands yeux jaunes. De ses grandes ailes, il maintient comme il peut l’incendie. Il me répond d’un grognement. Personne n’a l’air d’être blessé, je le laisse maîtriser la situation. Ce genre d’évènement arrive plus souvent qu’on ne le croit dans une école qui accueille autant de personnages différents.

Je ressors en essuyant ma confiture et continue mon tour. Je m’arrête net quand je me retrouve face à une jeune fille blonde aux grands yeux violets. Je baisse les yeux sur le chuchoteur qui se tient à côté d’elle, petit rongeur au pelage gris, aux oreilles pointues et à la queue en panache. Il remonte ses lunettes rondes de couleur rose et violette sur son nez.

— GaĂŻa, ton amie est la bienvenue Ă  la cĂ©rĂ©monie, mais tu es bien consciente qu’elle ne pourra pas rester ?

Le petit rongeur hoche la tête et monte sur l’épaule de la jeune fille qui la gratouille.

— Je ne veux pas savoir ce qui l’a amenĂ©e ici, mais elle repart avant ce soir. Compris ?

Nouveau hochement de tĂŞte du chuchoteur.

Je les contourne et sors à l’arrière de l’Académie. L’écurie semble bien plus calme que le reste du bâtiment. J’y passe la tête et manque m’étouffer de rire.

— Ellumyne ?

La cavalière se retourne avec un petit cri, surprise. Elle tente de cacher le cheval de son corps, ce qui ne marche évidemment pas.

— Tu pourrais m’expliquer comment cette pauvre bĂŞte s’est retrouvĂ©e avec les rayures d’un zèbre ?

Elle pince les lèvres sans répondre, les joues de plus en plus rouges.

— Peu importe, tâche de le rendre présentable d’ici à la cérémonie.

Elle hoche la tête et retourne à sa tâche. Avec un sourire, je retourne à l’arrière de l’Académie.

Une ombre violette me fait lever les yeux.

— Zandra ? Mais… Qu’est-ce que…

Accrochée à une gouttière, la jeune femme aux oreilles et à la queue de chat violets semble en mauvaise posture. À mis chemin entre le sol et les toits, elle se sert de sa souris d’ordinateur et tire sur ses bras pour monter plus haut.

— Tu… Tu penseras Ă  venir Ă  la cĂ©rĂ©monie, hein ?

Elle n’a pas l’air de m’entendre, trop concentrée qu’elle est sur son ascension. Je grimace en la voyant glisser, mais elle reprend vite le dessus. À moitié rassurée, je me détourne pour rejoindre la salle de spectacle. Je passe par l’entrée des artistes et me dirige vers la scène. Restant en coulisse, j’observe Vic qui s’entraîne au violon. La musique est douce, agréable, elle me change de l’agitation qui règne à l’Académie aujourd’hui. Je me plais à rester là, sans bouger, savourant ce moment de calme.

Lorsque la mélodie s’arrête, c’est comme si on arrachait un bout de moi-même. Je m’avance sur la scène pour le rejoindre.

— Tout va bien ?

Il baisse les yeux pour me regarder. C’est que notre barde est d’une taille impressionnante pour son âge. Il détourne les yeux pour détailler son violon. Quelque chose cloche dans son regard.

— Vic ?

— Je n’arrive pas à jouer ce morceau correctement. J’en ai besoin, pourtant…

Perdu dans ses pensées, il se remet à jouer, oubliant ma présence. Intriguée, je n’ose cependant pas le déranger. Je lui fais confiance pour être présent à la cérémonie, contrairement à la plupart de mes autres élèves. Je descends les marches vers les gradins et m’arrête arrivée au milieu de la salle.

Une démone à forme humaine, un diadème sur la tête, fredonne en observant notre barde jouer de son instrument. Lorsqu’elle me voit, Maud se lève d’un bond. Elle aussi est nouvelle, je ne la connais pas encore très bien.

— Je peux t’aider ?

— Je cherchais…

Elle tourne la tĂŞte vers Vic, puis revient Ă  moi.

— Tu cherchais ?

— Quelque chose.

Elle s’empresse de me dépasser et sort de la salle en courant. Je cligne plusieurs fois des yeux, interloquée. Quoi qu’elle cherche, elle ne l’a pas trouvé ici. Je regarde l’heure sur une pendule accrochée au fond de la salle et repars. La cérémonie ne va plus tarder.

Je retourne dans la cour et regarde autour de moi. Les élèves ont l’air de s’être calmés. La plupart se dirigent vers la petite clairière qui a été aménagée pour la cérémonie. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Un cri me fait lever la tête.

— Eskiss ? C’est toi ?

Un oiseau vole au-dessus de moi, une plume dans le bec. La plume hurle Ă  pleins poumons.

— Au secours !

Je n’ai pas le temps d’esquisser un geste que l’oiseau l’entraĂ®ne avec lui vers la forĂŞt. Avec un peu de chance, ce n’est qu’un autre Ă©lève qui l’emmène Ă  la cĂ©rĂ©monie lui aussi ?

Je prends le temps de me promener quelques instants dans la forêt, respirant à pleins poumons. Je cherche le calme avant la tempête. Je ferme les yeux, envahie par un sentiment de fierté. Cette cérémonie, c’est pour récompenser quelques élèves particulièrement impliqués. Même ceux qui travaillent dans l’ombre avec moi.

Poussant un dernier soupir, je me dirige vers l’estrade. À l’arrière, une petite cabine a été aménagée pour les principaux intéressés de la cérémonie. Lorsque j’ouvre la porte, je suis accueillie par une voix éraillée.

— J’entends le loup, le renard et la Louloutre, j’entends le loup et le renard chanter♪🎵

Surprise, je fronce les sourcils.

— Mais qu’est-ce qui est arrivĂ© Ă  ta voix, Louloutre ?

Notre chanteuse à fourrure se tourne vers moi, le regard implorant. Lorsqu’elle me répond, je peine à reconnaître sa voix tant elle semble cassée.

— J’ai plus de voix…

Je regarde autour d’elle : aucun des autres participants n’est encore arrivĂ©.

— Tu as intérêt à vite la retrouver, c’est bientôt à nous.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et monte l’escalier qui mène à la scène. Je prends le temps de bien souffler. Mon cœur bat la chamade. J’ai animé un spectacle il y a quelque jour, ce n’est pas une remise de diplômes qui va me faire peur.

Je colle un sourire sur mon visage, me mets dans la peau de la Directrice que tout le monde s’attend à voir, et m’avance. Le silence se fait peu à peu tandis que je m’approche de mon micro. Toutes les têtes se tournent vers moi. Et je suis particulièrement heureuse de voir toutes ces bouilles, de la Faucheuse et son apprentie au viking, en passant par les deux chats, quantique ou non, et le chuchoteur. Même les plus étranges d’entre eux, la jeune femme chat un peu timide et le dragon rouge à l’air si loyal, notre trou noir un peu contrariant et notre hélicoptère national, cette démone aux airs mystérieux, nos deux cavaliers si doux, cette plume si légère mais à la voix si grave. Sans oublier, nos élèves aux physiques plus classiques, mais avec leurs sacrés caractères, cette fille aux cheveux noirs si négligés, ce rouquin un peu fou, ce petit garçon un peu timide, ce jeune homme un peu trop ambitieux et notre barde, si doué de ses mains.

Tous leurs visages sont tournés vers moi. Ils attendent.

— Bienvenue à tous pour notre remise de diplômes. Cela fait maintenant un peu plus de trois mois que notre Académie a ouvert. Trois mois pendant lesquels vous n’avez cessé de participer à mes défis.

Devant les quelques exclamations, je m’esclaffe.

— Je sais, je me rĂ©pète. Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps. Le but aujourd’hui est de remercier plusieurs d’entre vous. Des Ă©lèves qui se sont particulièrement investis dans la vie de l’école, des Ă©lèves qui veulent toujours plus aider Ă  la faire vivre. Des Ă©lèves sur qui je sais pouvoir m’appuyer pour continuer Ă  vous organiser toujours plus de dĂ©fis, toujours plus d’évènements. Je vous demande donc, dans un tonnerre d’applaudissements, d’accueillir ma nouvelle Directrice adjointe : Louloutre !

La loutre chanteuse s’avance sur la scène avec un grand sourire, sous les acclamations du public.

— Elle veillera à ce que les règles soient respectées, mais m’aidera aussi certainement sur l’organisation de certains évènements un peu plus conséquents à organiser.

Je lui remets l’un des diplômes avec un sourire.

— Oh, et c’est elle aussi qui se chargera de créer tous les diplômes, ceux que je remets aujourd’hui, mais aussi les suivants.

Elle le récupère et va se placer sur le côté, radieuse.

— Il nous a fait un montage de toute beautĂ©, n’a pas faibli face Ă  la charge de travail que ça reprĂ©sentait, je vous demande d’applaudir Vic, notre nouveau Responsable technique !

Le barde monte sur scène à son tour, sous les hourras des élèves, les yeux pétillants. Je lui tends son diplôme, fière du travail accompli. Il s’en saisit et va rejoindre Louloutre.

— Vous ne le savez pas encore, mais il travaille Ă  l’enregistrement de nos Ĺ“uvres sur un site dĂ©diĂ©, applaudissez donc notre Faucheuse et dĂ©sormais Responsable de la bibliothèque !

Le squelette monte à son tour les marches et saisit le document que j’ai pour lui. Il passe derrière moi, me faisant frissonner, et rejoint les autres.

— Une nomination pour un poste Ă  venir, il sera en charge de l’organisation d’évènements moins gros que le spectacle de vendredi mais qui, je l’espère, vous verront nombreux quand mĂŞme, j’ai nommĂ© Eskiss, notre nouveau Responsable Ă©vènements !

La plume se hisse sur les escaliers pour rejoindre l’estrade, sautillante de joie. Je lui remets un petit diplôme en souriant, qu’elle s’empresse de prendre avant de rejoindre les autres.

— Enfin, elle est toujours lĂ  pour aider les nouveaux (et moins nouveaux) Ă©lèves, voici donc la reconnaissance qu’elle mĂ©rite, Elinor, votre DĂ©lĂ©guĂ©e des Ă©lèves !

L’apprentie faucheuse sautille à son tour sur l’estrade, un grand sourire brillant sous sa cape noire. Elle prend son diplôme et je peux sentir ses doigts se transformant en os me frôler. Je frissonne.

— Je voudrais un tonnerre d’applaudissements pour l’équipe pĂ©dagogique de l’AcadĂ©mie ! D’autres viendront peut-ĂŞtre rejoindre nos rangs dans les semaines Ă  venir, n’hĂ©sitez pas Ă  profiter de leurs compĂ©tences dans le cadre des dĂ©fis et des Ă©vènements affĂ©rents. Merci Ă  tous de m’avoir lue jusqu’ici, et je vous souhaite bon courage pour le dĂ©fi et une bonne semaine !

Avec un sourire malicieux, je me détourne et quitte l’estrade comme je suis venue. Cette fois, c’est à eux de jouer.










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











Faucheuse

Super texte, miss ! Mais tu nous as mis dans de ces situations..... Ça va être chaud de nous en défaire, xD


Le 03/05/2021 à 20:21:00



Elinor

j'adore le défi ! j'adore ton texte ! on va encore bien s'amuser !


Le 03/05/2021 à 20:29:00



Zandra-Chan

je viens de finir de lire... Merci pour ce texte ! Un défi très personnalisé, c'est super cool ! Petite question du coup : on a le droit de croiser et d'interagir avec d'autres élèves ? (en vert dans le texte ou pas)


Le 03/05/2021 à 21:17:00



Matthieu

Merci lu pour ce texte incroyable


Le 04/05/2021 à 10:45:00



Franchement, bravo Lu' pour ton texte. J'ai bien rit en imaginant ton biscuit se hâter sur ses petites jambes dans toutes l'Académie, je sentais presque l'odeur de la confiture :joy: (maintenant j'imagine Lu' dans une salle de sport à transpirer pendant que les autres lui jettent des regards noirs ou affamés)


Le 04/05/2021 à 13:08:00

















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