On disait de lui qu’il était trop grand. Il dépassait d’une bonne tête la majorité de ses frères et sœurs. Mais il était fier de sa grande taille, il l’arborait fièrement, la tête haute. Il ne baissait jamais les yeux devant les autres.

C’était un bel après-midi, alors qu’il s’adonnait à son activité favorite. Il aimait danser dans le vent, sentir le souffle de la nature passer à travers lui. Un bruit sourd résonna au loin, faisant frissonner chacun des membres de sa famille. Pourtant, personne n’osa bouger. Ce bruit, ils le connaissaient bien, ils savaient ce qu’il signifiait. Le monstre était en marche.

Son rugissement se rapprochait inexorablement, synonyme de douleur et de mort. Il aurait voulu protéger chacun de ses frères et sœurs, mais il était trop tard, le monstre avait déjà commencé son œuvre. Le métal s’entrechoquait violemment, découpant tout sur son passage.

Il ne pouvait qu’imaginer les hurlements des membres de sa famille, juste avant que leurs têtes ne tombent, fauchées par le monstre, ne laissant que des corps coupés net. Bientôt, ce serait son tour. Il savait qu’il ne pouvait y échapper.

Il vit arriver sur lui le métal rugissant. Sa fin était toute proche.

Soudain, un grondement sourd retentit, recouvrant le bruit de la machine infernale. Une goutte vint s’écraser sur lui. Puis une deuxième. De gros nuages gris s’amoncelaient dans le ciel, déversant leur eau sur le monde. Le vent se mit à souffler si fort qu’il craignit s’envoler.

Le monstre était à quelques mètres de lui, s’approchant toujours plus près. Trempé par la pluie qui s’écoulait, comme enraciné, il ne pouvait que regarder fixement l’engin de malheur fondre sur lui, coupant la tête de toute sa famille. Il l’entendit rugir encore, crachoter, puis s’arrêter à quelques centimètres de lui.

Un juron retentit, vite suivit par un nouveau grondement. Le monstre recula et s’en fut, le laissant tremblant de peur.

L’orage avait fait fuir la tondeuse à gazon.