Miette espérait que sa mère l'avait entendue.

Lorsque le bruit avait commencé, elle avait fui en criant, espérant alerter les autres personnes domiciliées avec elle. Depuis, elle se cachait dans un placard à peine assez grand pour elle, et tremblait à mesure qu'elle entendait le bruit croître.

D'un coup cependant, elle entendit un rire. C'Ă©tait un rire narquois, mĂ©chant... et avec la voix de sa mère. Le bruit avait-il donc le pouvoirs de transformer les gens ?

Concentrant toute sa volonté, Miette sortit la tête du placard, pour voir un couloir vide. Elle se calma un instant. Mais l'instant d'après, la voix de sa mère résonnait à nouveau, toujours avec ce ton terrifiant et ne disant rien qu'elle puisse comprendre.

Effrayée, elle se replia à nouveau dans le placard, alors que le bruit s'éloignait peu à peu. Un peu de temps passa, et elle réussit à détendre sa respiration. Mais ça ne dura pas longtemps, car le bruit gagna instantanément en puissance, et Miette sut qu'elle était traquée.

Déboulant comme un boulet de canon de son placard, elle fuit dans le couloir. Mais bientôt, elle se retrouva à son extrémité, face au mur, la fenêtre inaccessible, bien trop haute pour elle... Tétanisée, elle se retourna, alors que le bruit s'intensifiait encore et encore. Finalement, la source impie du son indescriptible apparut, et Miette se prépara à mourir.

Face à elle était un petit cylindre écrasé, qui avançait sans qu'on puisse voir comment (Miette supposa que c'était sur ses milliers de petites pattes d'insectes, invisibles de sa position), totalement collé au sol et émettant un bruit profondément monstrueux. Et derrière la chose, il y avait une traînée étrange, comme si le parquet avait été dépossédé de tous les morceaux de chips, de fromage et d'autres poussières qui s'y amalgamaient en tant normal.

Face à Miette était donc ce dévoreur, dévoreur de temps et de vie. Sans doute dévoreur de mondes aussi, mais le félin ne vivrait pas assez longtemps pour vérifier cette hypothèse. Ouvrant grand la gueule et se tenant aussi haute que possible sur ses pattes, Miette se colla au mur, tentant de distraire sa peur la plus primale par la bravade.

Mais ça n'arrêta pas la chose, et Miette se rendit compte que toute son assurance ne valait rien, comprenant qu'elle devait juste se soumettre à la mort qui l'attendait... Mais d'un coup, le cylindre dévia, allant se cogner contre le mur. Confuse, Miette se demanda si la chose avait trouvée une meilleure proie, mais l'instant d'après la source du bruit se remit en quête du chaton.

Toujours effrayée, Miette se raidit, ayant fait la paix avec la vie... Jusqu'à ce que le cylindre se cogne encore, et change totalement de direction cette fois. À nouveau confuse, Miette se détendit un peu.

Mais d'un coup, sa mère apparut ! Évitant sans mĂŞme y prĂŞter attention le cylindre, elle vint chercher Miette et la prendre dans ses bras. L'instant d'après le fĂ©lin se dĂ©tendait sous les grattouilles expertes de son parent, qui lui parlait avec un air amusĂ©.

— Miette, descends du roomba ! Je vous jure, comment elle est passĂ©e de la terreur Ă  l'envie d'en faire un tank en juste deux jours