L'Académie de Lu





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Le chat qui arrêtait le temps.

(par Downforyears)
(Thème : La vie du chat)
(dernière modification : 06/06/2022)



« Un nouveau jour se leva sur l’animalerie. Dans leurs cages, les souris, les loirs et les gerbilles commencèrent leur routine matinale. Courir dans leur roue, aller manger, courir dans leur roue, se remplir les bajoues… A l’autre bout du magasin, les poissons tournaient toujours en rond dans leur aquarium.


Le chat en avait déjà assez de cette routine, toujours la même… Les journées à l’animalerie n’étaient qu’une attente insupportable qui se renouvelaient chaque matin pour ne cesser que le soir. Attendre qu’une famille vienne le chercher, passer moins d’une journée dans ce nouveau ‘‘foyer’’, puis être ramené le soir… Le félin s’étira de tous ses membres, et décida de partir se promener, avant que les premiers humains ne viennent défiler devant son box. Il en avait tant soupé, de ces bipèdes qui venaient s’exclamer devant lui, avec ce cri, ‘‘Ilaitrokioute !!!’’, si caractéristique de leur espèce.


D’un bond gracieux, le chat quitta son box, et trottina jusqu’à la porte d’entrée de l’animalerie, où il attendit patiemment. Lorsqu’enfin le premier client entra, il se faufila à l’extérieur et profita enfin de l’air libre. Avant d’éternuer. Satané pollen.


Le chat décida d’arpenter les ruelles proches de l’animalerie. Il savait qu’il devait être rentré avant la fermeture du magasin, et même si son box lui faisait parfois l’effet d’une prison, il n’en restait pas moins un lieu où il était sûr de trouver à manger. »


— Excuse-moi, l’interrompit Fenn, mais est-ce que tout ça a un lien avec la montre ?

— C’est moi qui raconte l’histoire, donc tu me laisses faire, répondit sèchement l’inconnue en piochant une cuillère de céréales rassies dans le bol du jeune homme. J’en étais où ?

— Le box, la prison, la bouffe.

— C’est ça.


« Même si son box lui faisait parfois l’effet d’une prison, il n’en restait pas moins un lieu où il était sûr de trouver à manger.


Alors qu’il arpentait une nouvelle ruelle envahie par une dizaine de pigeons roucoulant qui ne cessaient de s’éloigner de lui dès qu’il les approchait, le chat tomba sur un tas de ce que les humains appelaient ‘‘habits’’. Ceux-ci puaient horriblement, et le félin se demanda s’il n’y avait pas un cadavre dans cet amas de fripes. Suspicieux, il s’apprêtait à décamper lorsque son regard fut attiré par un objet brillant dépassant du tas de haillons.


La chose ressemblait fortement à une pelote de laine aplatie, mais semblait dure, et brillait sous les rares rayons du soleil qui filtraient depuis le haut de la ruelle. »


— C’est la montre ? demanda Fenn, irrité que l’inconnue prenne son temps.

— Oui, c’est la montre ! Soit tu me laisses finir, soit je te passe le manuel d’utilisation, et je te garantis que les notices Ikéa, à côté, c’est des livres pour enfant !


« Intrigué, le chat s’approcha de ce qui lui semblait être un magnifique jouet, et cédant à la nostalgie de l’enfance, commença à faire bouger sa nouvelle possession. Le corps du jouet rebondit quelques fois sur le pavé de la ruelle, entrainant une chaine qui tintait agréablement à l’oreille du félin. Alors qu’il donnait un nouveau coup de patte sur une petite protubérance en métal, un gong retentit dans la ruelle et vibra dans tout son corps. Effrayé, il sentit tous ses poils se hérisser.


Plus aucun son ne lui parvenait, hormis un cliquètement incessant battant depuis son jouet en métal. Non loin de là, les pigeons semblaient immobiles, mystérieusement paralysés.


Intrigué, le chat s’approcha doucement d’une proie potentielle. Le frisson de la chasse céda pourtant bien vite la place à l’ennui. Quoi qu’il fasse, les volatiles ne semblaient pas vouloir bouger, comme s’ils l’ignoraient. Dépité, le chasseur s’éloigna de la ruelle et s’engouffra dans l’une des avenues de la ville.


Et poussa un miaulement de peur. L’avenue, qui aurait dû être si animée, semblait toute entière paralysée.


Les ‘‘voitures’’, ces monstres de métal dans lesquels les humains s’engouffraient pour aller plus vite, et les ‘‘vélos’’, ces montures folles qui ne faisaient d’habitude jamais attention à lui, s’obstinaient à rester immobiles. Les humains adultes, les humains enfants, les moineaux et tout le reste des environs semblaient statufiés.


Le monde autour du chat était devenu immobile, et le seul son qu’il pouvait encore percevoir était le cliquetis incessant de son jouet, qu’il n’aurait même plus dû entendre.


De plus en plus effrayé, le chat miaula pour essayer d’attirer l’attention. Était-il piégé à jamais dans ce monde bizarre ? Était-il condamné à mourir de faim, dans l’indifférence la plus totale.


Combien de temps passa-t-il, ainsi perdu dans ce monde immobile, guidé uniquement par les cliquetis de plus en plus forts de son jouet qu’il avait abandonné dans la ruelle ? Le chat n’en pouvait plus, et alors qu’il désespérait, acceptant de finir ses jours seuls, un nouveau gong retentit au loin.


Soudainement, les humains, les voitures, les vélos et les oiseaux se remirent à bouger. Le silence explosa, remplacé par tous les sons que le félin pensait avoir oublié. Un enfant le vit, le pointa du doigt, et hurla son cri habituel ‘‘Ilaitrokioute !!!’’ avant d’essayer de venir le caresser.


Heureux de voir qu’il n’avait pas été oublié, le chat se laissa caresser quelques secondes, puis décida de rentrer dans son box. »


— Donc, si j’appuie sur l’un des boutons de cette montre à gousset, j’arrête le temps, et il reprendra son cours après un certain… temps ? Non-temps ?

— L’équivalent d’une heure pour toi. Mais cesse de me couper !

— L’histoire n’est pas finie ?

— Presque, mais j’aimerais arriver jusqu’au bout de celle-ci. Ce n’est déjà pas évident d’être atteint de flemmingite aigue, si c’est pour être interrompue en permanence, j’ai même plus envie de continuer.

— Pardon… Et donc, la fin de l’histoire ?


« Heureux d’avoir pu rentrer dans ce qui était peut-être son vrai foyer, le chat passa sa journée à se remettre de ses émotions, ignorant même les cris des humains et des autres animaux du magasin. Après une journée passée à se reposer, il put enfin manger et s’endormir. La nuit tomba sur l’animalerie, silencieuse. »


— Elle n’est pas un peu bâclée, la fin de ton histoire ? critiqua Fenn.

— Tu m’as interrompu, j’ai perdu le fil de mes pensées plusieurs, fois, donc oui, j’ai la flemme de développer plus la journée de ce chat qui de toute façon a passé la journée à se reposer et à se remettre de ses émotions.

— Mais j’ai une question. A qui était la montre avant que le chat ne l’utilise ?

— J’ai la flemme d’expliquer, répondit vaguement l’inconnue.

— Et aussi, comment est-ce que c’est possible…

— J’ai. La. Flemme.

— J’ai compris… Et en vrai, comment elle se termine, l’histoire du chat ?

— Comme je te l’ai dit.


« Heureux d’avoir pu rentrer, le chat passa sa journée à se remettre de ses émotions, ignorant même les cris des humains et des autres animaux du magasin. Après une journée passée à se reposer, il put enfin manger et s’endormir. La nuit tomba sur l’animalerie, silencieuse. »










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !

























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