![]()
![]()
![]()
![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() À la manière du film d'action
![]()
Downforyears![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Melody Mallone et le Sphynx d'Arabie(par Downforyears)Melody Malone et le Sphynx d'Arabie
Chicago, janvier 1929.
Cela aurait dû être une simple affaire. Pourquoi n’était-ce jamais une simple affaire ? Si elle avait pu, Melody Malone aurait tué l’homme qu’elle avait devant elle. Malheureusement, elle l’aimait trop pour cela.
******
Le dossier atterrit dans un claquement sur le bureau d’ébène, couvrant un instant le bruit du ventilateur au plafond. Le client écrasa son cigare dans le cendrier bien plus brutalement qu’il ne le méritait.
— Madame Malone, s’emporta l’homme devant elle, je ne crois pas que vous ayez saisi l’importance du cas que je vous confie. Le Sphynx d’Arabie est un joyau inestimable, il ne doit pas tomber entre de mauvaises mains. Imaginez que Capone s’en empare, imaginez simplement la fortune qu’il pourrait en tirer. Il aurait de quoi conquérir la Maison Blanche. — Sans vous offenser, Monsieur Martins, Capone a fait bien plus pour cette ville que la plupart des politiques depuis deux ans, lui fit remarquer Melody en limant ses ongles. Les pauvres, les sans-abris, il leur fournit à manger, et la fortune de la revente de ce joyau ne pourrait apporter que de bonnes choses. — C’est un mafieux, et un tueur ! — Mon cher, croyez-moi quand je vous dis que Capone n’est pas ce qui pourrait arriver de pire à Chicago. Mais venons-en à l’affaire que vous me proposez. Combien me proposez-vous ? — Mille deux-cents dollars. — Mille cinq-cents, et je vous le retrouve, négocia la quarantenaire à la crinière blonde en posant du vernis rougesur ses ongles. — Vous plaisantez ? — Jamais quand il s’agit d’argent, lui répondit-elle un sourire glacial sur les lèvres. — C’est hors de prix… — Dans ce cas, Monsieur Martins, je vous souhaite bon courage pour trouver votre Sphynx tout seul, le coupa Melody. Et à l’avenir, ne venez pas me déranger si vous n’êtes pas prêts à y mettre le prix.
L’homme bedonnant fusilla du regard la détective. N’y tenant plus, il sortit un mouchoir de la poche de son manteau et s’essuya le front.
— Entendu, mais je ne vous paierai pas avant que vous ayez retrouvé le Sphynx. Je vous recontacte bientôt. — Passez une bonne soirée, Monsieur Martins.
Melody attendit que le vernis sèche, puis feuilleta brièvement le dossier. Le Sphynx, un diamant neuf cents carats, venait d’être dérobé dans la collection personnelle de Dan Martins, riche entrepreneur de Chicago. Il ne mentait pas quand il affirmait que ce joyau était inestimable. Et celui qui avait volé ce diamant s’était donné les moyens de réussir.
D’après le dossier, les deux vigiles avaient été retrouvés morts, le torse creusé de part et d’autre par un trou cylindrique net. En son for intérieur, la détective doutait que les Tommy Gun de Capone aient réussi cet exploit. Mais cela ne couterait rien de lui rendre une visite de courtoisie.
A travers la fenêtre, Melody pouvait voir la nuit et la neige tomber sur la ville aux mille vents. Par endroit, Chicago était recouverte de plus d’un mètre de flocons, et si l’Organisation en s’était pas occupé des centaines de mendiants, le froid s’en serait déjà chargé.
Melody enfila ses bottes de cuir et passa son manteau à col de fourrure. Après une dernière retouche de rouge à lèvres devant le miroir, elle prit son panama noir préféré.
Après tout, une visite chez Alphonse requérait de la classe, mais aussi trois mesures de charme, et une pincée de sex-appeal.
En démarrant sa Plymouth, la détective repensa à tout ce qu’elle avait vécu pour en arriver à cette vie de détective aux Etats-Unis. Elle avait l’impression d’avoir eu une dizaine d’autres vies avant celle-ci. Peut-être était-ce surement le cas…
******
Contre toute attente, la visite chez Capone s’était révélée très fructueuse. Après deux vigiles charmés à coups de rouge à lèvre empoisonné, la détective avait réussi à charmer le parrain, fier de ses nouvelles acquisitions.
Une dizaine de fusils mitrailleurs plasma, ressemblant trait pour trait à des Thomsons. Melody avait frissonné en pensant au massacre que le parrain pourrait perpétrer avec un tel arsenal, et se promit de venir les détruire dès que possible.
Lorsqu’elle avait vu l’armement dont se vantait le mafieux, la détective avait dû lutter contre sa fureur pour amadouer l’Italien, et obtenir la provenance de ces armes. En transformant sa colère en séduction, elle avait pu en outre s’assurer que le Sphynx n’était pas en sa possession. Elle avait fait des pieds et des mains pour s’en assurer, marchant sur des œufs à chaque mot. Al Capone n’était pas dangereux pour rien. Après trois heures de discussion et une danse sur du jazz lent, elle avait enfin pu partir, résistant à son envie de courir. Elle avait repris la Plymouth, roulant à fond pour rejoindre au plus vite sa nouvelle destination.
Un vieux hangar décrépi sur les rives du Lac Michigan.
S’infiltrer n’avait pas été une mince affaire. Les lieux étaient une véritable fourmilière de personnes de petite taille. Le plus grand ne dépassait pas le mètre quarante, et tous étaient engoncés dans des armures bleues. Leurs visages se ressemblaient tous, en une caricature de patate pourvue d’yeux et de fines bouches dérangeantes.
Des Sontariens.
Après avoir laissé trainer ses oreilles, Melody en eut le cœur net. Ces extra-terrestres avaient capturé un ennemi de grande valeur, et elle espérait autant qu’elle redoutait de confirmer son identité. La détective devait en avoir le cœur net. Elle jura silencieusement.
Pourquoi cette porte ne voulait-elle pas s’ouvrir ? Après un énième juron, elle put enfin abaisser la poignée, et s’engouffra dans la cellule miteuse. Lorsqu’elle vit son occupant, un sourire se dessina sur ses lèvres carmin.
— Salut mon p’tit cÅ“ur, dit-elle malicieusement.
L’homme qui se tenait devant elle, attaché au mur par des menottes anachroniques, était vêtu d’un pantalon sombre et d’une veste beige rayée. Son éternel et ridicule nœud papillon rouge détonnait sur sa chemise bleu pâle, sous un menton carré et… sexy. Mais moins sexy que son regard malicieux. Si jeune, et pourtant sans âge. Et ces cheveux bruns…
— River ? s’étonna l’homme. — Ici c’est Melody, le corrigea la détective. Ça fait combien de temps, Docteur ? — Aucune idée, je ne sais même pas depuis combien de temps je suis dans cette pièce… — On a vu Jim le Poisson ? — Jim le Poisson ? C’est qui ? — Alors c’est pas l’heure, répondit Melody un sourire aux lèvres. Que fais-tu là , enchainé ? — La routine. Des Sontariens qui s’écrasent sur Chicago, ils ont besoin de carburant pour repartir, donc ils volent un diamant quelconque, et prévoient de redécoller en faisant exploser la ville. Et toi ? — Je cherche un diamant pas quelconque, afin de me constituer un gros magot. Le Sphynx… — D’Arabie, termina le Docteur à sa place. River, il faut absolument les empêcher de détruire Chicago. Fais moi sortir de là . — Et ensuite ? Tu as un plan ? — On se sert du Sphynx pour renvoyer la puissance dans les réacteurs de leur vaisseau, et on le fait exploser. — Toi, tu veux tuer ? — Ce hangar n’est pas un vaisseau amiral, c’est une navette. J’ai trafiqué leur portail de téléportation pour qu’il les ramène tous chez eux lorsque ce vaisseau explosera. S’ils sont assez rapides et qu’ils ne sont pas trop bornés. — Tu rêves, s’esclaffa la détective. Sauf qu’il y a un problème. Je. Dois. Récupérer. Le. Sphynx. — River, je ne peux pas les renvoyer sans détruire ce vaisseau. Et pour détruire ce vaisseau, je dois laisser le Sphynx alimenter les réacteurs. J’ai besoin que tu m’aides sur ce coup-là .
Cela aurait dû être une simple affaire. Pourquoi n’était-ce jamais une simple affaire ? Si elle avait pu, Melody Malone aurait tué l’homme qu’elle avait devant elle et en aurait fini. Malheureusement, elle l’aimait trop pour cela.
— Tu va me le payer Docteur. Si je te libère, tu m’emmènes à Venise ? — On va éviter, trop de vampires. — Versailles alors. Je veux voir Madame de Pompadour. — Trop compliqué, passage d’un ancien moi. — Docteur, fais un effort ! — La Tamise. Je te propose d’aller faire du patin à glace sur la Tamise. — Et je veux Stevie Wonder qui chante. — Accordé !
Melody essuya son rouge à lèvres sur un mouchoir sorti de sa poche, puis commença à crocheter les menottes sontariennes. Lorsqu’elle eut fini, elle embrassa le Docteur à pleine bouche.
— Yowza ! s’exclama l’homme. — La ferme. On y va ! ordonna Melody avec un sourire chaleureux. — J’ai besoin de mon tournevis sonique, déclara-t-il. Ils me l’ont pris, et ça sera plus facile avec. — Une chance que je le leur ai subtilisé, sourit la détective en sortant l’objet longiligne de son soutien-gorge. — River, tu es… — Géniale ? Magistrale ? A tomber ? proposa-t-elle en secouant sa crinière blonde. Continue comme ça et tu auras peut-être quelque chose dans le Tardis.
La détective suivit le Docteur le long de plusieurs couloirs gris jusqu’à une pièce occupée par de larges disques de métal. De nombreux câbles multicolores en partaient pour rejoindre un socle sur lequel était posé le Sphynx.
Melody regarda longuement le joyau alors que son partenaire agitait son tournevis sonique contre ce qui semblait être les parois des réacteurs. L’objet cylindrique émettait une lueur verte grâce à une sphère entourée de pattes métalliques, et grésillait ou sifflait en parcourant toutes les fréquences sonores possibles.
— Alors ? s’impatienta Melody, de plus en plus tenté de reprendre le diamant. — C’est plus compliqué qu’il n’y parait. Ils ont mis un système de déroutage des signaux. Pourquoi il faut toujours qu’il y ait un système de… — Vous là  ! les héla un alien à l’allure de patate. Arrêtez-vous, et mourez, au nom de la grandeur de l’Empire Sontarien ! — Doucement l’ami, tenta Melody en usant de son charme. Avant tout, je voudrais savoir à qui nous avons l’honneur de parler. — Lieutenant Sertex. Maintenant, mourez, au nom de la grandeur de l’Empire Sontarien ! — Vous ne connaissez que peu de vocabulaire, fit remarquer le Docteur. — Silence, et mourez au nom de la grandeur de l’Empire Sontarien ! — Ça va, on a compris, soupira la détective. — C’est bon River ! Quant à vous, Lieutenant Sertex, vous pouvez encore rebrousser chemin. Joli caillou que vous avez récupéré. Sacré carburant. Ça serait dommage que sa puissance soit polarisée inversement à la polarisation des réacteurs. Ça ferait BOUM si vous tentiez quoique ce soit. Maintenant, je vous laisse le choix. Soit vous repartez par les téléporteurs et vous ne revenez jamais, soit vous explosez dans ce hangar. Alors ?
Le Sontarien fit un pas en arrière en souriant de toutes ses dents, et la porte de la salle se referma. Le Docteur se rua vers la porte, et tenta de rouvrir la porte, sans succès.
— On est pris au piège, River. — ‘‘Allumage des réacteurs dans dix secondes’’ annonça un haut-parleur. — Je suis désolé River. Raaaaahhhhh ! — T’en fais pas mon chou, on va s’en sortir, affirma la détective en remontant la manche, dévoilant un long bracelet de cuir, sur lequel était fixé un cadran entouré de molettes et de boutons. — ‘‘Allumage des réacteurs dans cinq secondes’’. — Manipulateur de vortex. On y va ? proposa-t-elle devant les yeux ronds comme des billes de son partenaire. — ‘‘Allumage des réacteurs dans une seconde’’. — GERONIMO !!!! hurla le Docteur, alors que les deux partenaires disparaissaient.
Lorsqu’ils réapparurent à près d’un kilomètre du hangar, une explosion éclata dans la nuit enneigée. De nombreuses déflagrations retentirent et le ciel s’illumina de colonnes de flammes rouges, bleues et vertes. La détective se blottit quelques secondes contre l’épaule de son Docteur.
— Un feu d’artifice sur le lac Michigan. Décidément, Docteur, tu sais m’offrir ce qui me plait. — Et maintenant ? — Tu m’as promis la Tamise. — Mais je veux dire, après. Qu’as-tu de prévu ? — Je vais peut-être déménager à Manhattan. Quelque soit la ville, on a toujours besoin d’un détective…
|