L'Académie de Lu





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Phonétique


Infiltration nocturne

(par Schrödinger)
(Thème : PhonĂ©tique )
(dernière modification : 22/07/2022)



Dans un discret cliquetis, la lourde porte blindée s'entrebâilla l'espace d'un instant, laissant entrer dans un filet de lumière deux silhouettes souples, silencieuses comme des ombres. Après un moment d'immobilité tendu, à l'affût du moindre signe de présence, Simon s'autorisa un soupir de soulagement. Ils étaient entrés. Assez facilement, d'ailleurs. Comme prévu, les hommes du marquis avaient fort à faire avec la sécurité du dîner mondain organisé dans la demeure, ce qui avait eu pour conséquence logique le relâchement de la surveillance du sous-sol. Après tout, l'endroit était "inviolable", ironisa-t-il pour lui-même.


Un rai de lumière non loin de lui le ramena à la réalité. Ce n'était pas encore le moment de se féliciter. Ils avaient encore beaucoup à faire, et peu de temps devant eux. Se relevant, le jeune homme sortit sa propre lampe torche, éclairant la vaste salle et le bric-à-brac qui s'y entassait. La collection du maître des lieux était impressionnante. Des vies et des vies de son médiocre salaire d'ouvrier n'auraient pas suffit à acheter ne serait-ce que le quart des objets entreposés ici.

Non que le quart ait eu de toute façon sa faveur. Le marquis aimait à collectionner ce qu'on appelait, dans le jargon, de la camelote. Des déchets qui, jadis, n'auraient eu aucune valeur, mais qui, depuis avaient pris en rareté. Un sachet de chips périmées encore plein, d'une marque aujourd'hui disparue, une roue de vélo ayant appartenu à un célèbre cycliste, posée contre un fragment d'évier en marbre blanc, des trophées vendus pour une bouchée de pain à l'époque et aujourd'hui outrageusement chers…

Simon avançait vite, jetant à peine un regard aux quelques objets qui attiraient ça et là son attention. Dans la travée voisine, Tressa cherchait avec tout autant d'empressement, sans pour autant négliger de chiper ce qui attirait son attention. Le jeune homme la vit du coin de l'œil empocher un figurine collector de Goldorak, le robot géant, qui rejoignit non sans mal le reste de son butin dans la sacoche à son flanc. La scène arracha un sourire à Simon, qui se transforma en grimace quand le faisceau de sa lampe éclaira une charmante petite horloge trônant sur une table basse. Ils devaient vite trouver leur objectif.


Bien décidé à remplir sa mission, le jeune homme allongea le pas. L'oracle avait été clair: ils avaient jusqu'à minuit, pas une seconde de plus, où ils ne s'en sortiraient pas vivants — ou manqueraient l'occasion d'une vie. Or, il était absolument hors de question de dévier du plan et de revenir la queue entre les jambes. Mais plus les minutes passaient et plus sa frustration croissait. Comment était-ce possible? Ce n'était pour tant pas un objet particulièrement disc-

Un sifflement bref interrompit ses pensées. Tressa. Le signal. L'adolescente avait trouvé. En courant, le jeune homme la rejoignit. Elle était debout, le poing entouré d'un foulard hérissé d'éclats de verre. Simon faillit s'étrangler en réalisant sa bêtise. Il avait été tellement concentré sur les tables qu'il en avait oublié les diverses vitrines qui agrémentaient les murs. L'énorme bombe thermique était pourtant bien là, devant ses yeux, accessible derrière sa vitre brisée.


Tressa le regardait, d'un air où la satisfaction le disputait à l'appréhension. Il n'avait pas voulu qu'elle vienne, et c'était pourtant elle qui avait trouvé. Il n'avait pas fini d'en entendre parler… Elle recula d'un pas, lui laissant la place. Elle avait fait sa part. C'était maintenant au tour de Simon. D'un geste nerveux, le jeune homme retira son gant, puis posa sa main sur l'antique explosif. Bien sûr, la torpille avait été désamorcée, sans même parler de la croûte de rouille et de boue séchée qui la recouvraient encore. Mais ça n'avait pas d'importance pour Simon.


Fermant les yeux, il se concentra. Une faible aura lumineuse entoura sa main, puis se répandit dans la torpille. La rouille commença alors à s'effriter, la coque à retrouver tout son lustre. Sous le regard excité de Tressa, les ravages du temps s'effacèrent à vitesse grand V et, lorsque Simon rouvrit les yeux, épuisé, le cadran digital de la bombe s'éclaira alors, l'ogive prête à être activée. Les deux intrus échangèrent un sourire complice. Ils avaient réussi!


Quelque part dans le palais, le carillon du prétentieux coucou géant du marquis retentit, sonnant le premier des douze coups. Juste à temps! Suivant les instructions données par l'oracle, Simon programma le décompte, l'activant au quatrième des douze coups. Leur travail était fait; il fallait maintenant s'enfuir, et vite! Simon se releva et prit la main de Tressa, prêt à s'enfuir, quand il s'aperçut que l'adolescente s'était figée, bouche bée. Soudain inquiet, il suivit le faisceau de la lampe de la jeune fille, s'attendant à trouver…il ne savait pas bien quoi, mais sûrement pas ça.


Dans le halo de la lampe se trouvait un nouvel objet des plus singuliers. Simon reconnut un aspirateur hors d'âge, bizarrement coiffé d'une grosse couronne parée de pierres précieuses près de son embout. Et dont le tuyau flexible, dressé comme un cobra, tressautait, comme s'il était vivant. Le couple et l'appareil s'observèrent en chien de faïence, aussi surpris l'un que l'autre.


Puis, trois choses se passèrent, presque en même temps: d'abord, la porte blindée s'ouvrit violemment, sur une colonne de garde armés jusqu'aux dents. Surpris par la soudaine apparition, l'aspirateur poussa un sifflement strident de chat sauvage offensé, recula dans une table dans la panique, envoyant le meuble et son contenu s'écraser par terre avec fracas. Et, derrière Simon et sa compagne, la bombe bipa, le compte à rebours défilant à toute vitesse.


Horrifiés, les intrus observèrent, impuissants, le délai avant l'explosion fondre comme peau de chagrin. Ils n'avaient plus vingt minutes pour s'enfuir. Au train où allaient les choses, ils n'avaient même pas une minute. Ils étaient coincés, ils allaient… Un bruit de panthère asthmatique détourna leur attention. L'aspirateur avait émis un nuage de poussière, comme pour se dissimuler, à la grande confusion des gardes. Lorsque la poussière retomba, il avait disparu. Ne restait qu'un trou violacé dans l'air, comme un portail déchirant l'espace-temps.


Simon et Tressa comprirent aussitôt. C'était leur unique chance de survie. Ils se regardèrent, trouvèrent dans le regard de l'autre la même idée insensée, le même espoir fou.

Et, sans hésitation, plongèrent dans l'ouverture, une fraction de seconde avant qu'elle ne se referme.














Catablor

Encore Schrö ! Heureusement en fait, car le dernier était vlà court.

Une petite répétition au début avec « encore ».

Les personnages sont attachants (Tressa qui vole des trucs au passage m’a fait sourire), et un très bon point concernant le placement du mot « oracle » c’est hyper bien trouvé !

Petite remarque pour faire chier, mais en français, on décolle le point d’exclamation et le point d’interrogation de la phrase. Je sais que tu m’avais dit que tu préférais comme ça… mais ça fait vraiment bizarre.

« Ils n'avaient plus vingt minutes pour s'enfuir » manque un « que » ici non ?
Sinon, en conclusion : le texte est chouette, le défi est bien respecté, et la scène rend bien la tension que ressentent les deux personnages.


Le 03/08/2022 à 11:41:00



Awoken

L'ASPIRATEUR! Je l'avais oublié celui là, mine de rien, pour un objet, c'est un personnage génial! Ton texte est super chouette et très agréable à lire. Bravo!


Le 05/08/2022 à 15:43:00

















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