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Chroniques d'un écureuil
![]() ![]() Chasse à l'écureuil(par Schrödinger)Une très ancienne forêt s’étendait devant eux, à moitié submergée par la lagune, figée par les éons dans une gangue d’agate bigarrée déclinant ses nuances brunes, ambre et lavande dans les derniers rayons du soleil.
Le paysage Ă©tait magnifique, si l'artiste qu'il Ă©tait pouvait dire ça de sa propre crĂ©ation. Mais il Ă©tait en droit de le faire, bien sĂ»r: son travail Ă©tait naturellement parfait comme tout ce qu'il entreprenait. Chaque dĂ©tail, chaque coup de pinceau avait Ă©tĂ© mĂ»rement rĂ©flĂ©chi, millimĂ©trĂ© pour atteindre rien de moins que la perfection. Il n'avait pas comptĂ© les heures, n'interrompant son travail que pour les nĂ©cessitĂ©s vitales. Ne manquaient plus que les personnages et son Ĺ“uvre serait achevĂ©e, prĂŞte Ă servir son office. Il s'Ă©tira, faisant craquer ses multiples bras. Il savait dĂ©jĂ de quel genre de personnes il aurait besoin pour parachever son Ĺ“uvre. Ici, un couple. LĂ , un enfant… Quelqu'un toqua discrètement Ă la porte, puis entra sans que l'artiste ne daigne arracher son regard de sa crĂ©ation. Il n'en avait de toute façon pas besoin, bien sĂ»r: un Ĺ“il d'un bleu profond s'ouvrit Ă l'arrière du crâne du peintre, lançant un regard inquisiteur Ă l'intrus. Ă€ sa dĂ©charge, l'homme ne parut pas s'en Ă©mouvoir, habituĂ© qu'il Ă©tait Ă ce spectacle. Dans son costume Ă la coupe ajustĂ©e, rasĂ© de près, le dos parfaitement droit, il attendit en silence que l'examen minutieux se termine, tranquille. Il savait que son employeur le critiquerait Ă la moindre imperfection, mais, tout humain qu'il fut, il avait Ă©tĂ© au service du pointilleux dĂ©mon depuis suffisamment de temps pour ne pas faire une erreur aussi grossière. Enfin l'artiste brisa le silence, sans toutefois tourner la tĂŞte. — Prenez des notes, Meyer, voilĂ ce qu'il me faut… Sans un mot, l'homme en costume sortit un petit calepin et un stylo. Il inscrivit alors prĂ©cisĂ©ment la liste de caractĂ©ristiques nĂ©cessaires aux sujets de la toile pour obtenir le rĂ©sultat adĂ©quat. BientĂ´t Meyer se retrouva avec une dizaine de descriptions pointues, suffisamment dĂ©taillĂ©es pour obtenir l'effet escomptĂ©, mais aussi suffisamment souples pour avoir une petite marge de manĹ“uvre. — Oh, et un chien, aussi. Je veux un chien sur cette toile. De petite taille, mais avec une certaine noblesse. Jeune, un chiot peut-ĂŞtre. Fourrure… majoritairement gris et blanc, avec quelques parties crème. — Comme il vous plaira, boss. — Et, cela va sans dire, rien de tout ceci ne doit arriver aux oreilles de qui vous savez avant le grand jour. Meyer hocha la tĂŞte, puis sortit, laissant l'artiste seul avec son Ĺ“uvre. Ă€ lui maintenant de rassembler ses hommes, d'organiser les forces, tout en restant discret. Il Ă©tait temps de se mettre en chasse.
Un mois plus tard Dans la chambre sombre, la silhouette se rapprochait lentement du lit, veillant Ă faire le moins de bruit possible, de sorte Ă ne pas rĂ©veiller sa cible. Il n'avait pas le droit Ă l'erreur. Il savait que, si jamais quelqu'un le dĂ©couvrait ici, il ne s'en tirerait pas si facilement. Un pas après l'autre, l'ombre s'approcha un peu plus. Ayant rĂ©ussi Ă s'introduire discrètement par une porte mal fermĂ©e, il avait vite repĂ©rĂ© sa proie. La chance lui avait souri: elle dormait profondĂ©ment, pour une fois, et Ă©tait Ă portĂ©e. Il se tapit, près Ă bondir. DĂ©sormais, elle n'avait aucune chance de lui Ă©chapper… Avec un jappement enthousiaste, le jeune chien-loup fondit sur le lit, prĂŞt Ă planter ses crocs dans l'Ă©cureuil dont il avait senti l'odeur dans l'abri des Deux-Pattes. Il n'y avait pas d'abri en hauteur oĂą la proie pourrait se rĂ©fugier, alors celui-lĂ ne lui Ă©chapperait pas! …Sauf qu'il n'y avait pas d'Ă©cureuil. Ă€ la place, le canidĂ© très surpris atterrit sur un Deux-Pattes Ă©talĂ© de tout son long en travers de la couette, le ventre Ă l'air, profondĂ©ment endormi. Le rĂ©veil fut violent, et pour l'un, et pour l'autre, et le chien prit la fuite en gĂ©missant après avoir percutĂ© sans mĂ©nagement le mur de la chambre, propulsĂ© par un coup de pied. Tosk se redressa, les cheveux dans les yeux, encore groggy de sommeil, sans bien comprendre ce qui venait de se passer. Avec un bâillement monumental, il jeta un coup d'Ĺ“il au rĂ©veil près de lui. Un peu plus de 16h. Il lui fallut encore de longues secondes pour remettre ses idĂ©es en place. L'avion. La course-poursuite. Le dragon, la proposition des autres dĂ©m… Soudain parfaitement rĂ©veillĂ©, le dĂ©mon-Ă©cureuil enleva son T-shirt Ă toute vitesse avant d'inspecter frĂ©nĂ©tiquement son torse Ă la recherche de trace de morsure. Rien sur les bras, rien sur les Ă©paules… Une voix grave mit fin Ă son examen: — T'en fais pas, elle n'attaque pas les gens pendant leur sommeil. Tosk releva les yeux vers la porte de la chambre, pour voir le grand dĂ©mon de la veille adossĂ© dans l'encadrement. L'Ă©cureuil haussa un sourcil sceptique. — Par Ă©thique personnelle? — Bien sĂ»r que non. Elle n'y voit juste pas d'intĂ©rĂŞt si sa proie ne peut pas se dĂ©fendre… — Charmant. Le regard du jeune dĂ©mon tomba Ă nouveau sur l'horloge et il lâcha un nouveau bâillement. 16h09. Trop tard pour se rendormir, et il avait des choses Ă faire avant la nuit. Ă€ regret, il entreprit de se lever. RĂ©veillĂ© pour rĂ©veillĂ©, autant commencer Ă s'installer pour son sĂ©jour dans cette ville. Il Ă©tait lĂ pour un moment…
Une heure plus tard, après une douche rapide, un goĂ»ter copieux et deux nouvelles attaques du chiot sur sa personne, Tosk se retrouvait Ă dĂ©ambuler dans les rues de la ville, levant le nez vers les gratte-ciel. Près de lui, Zaelle avançait en fredonnant, indiffĂ©rente aux regards que pouvaient lui lancer quelques passants. Elle avait insistĂ© pour le suivre dans son tour de repĂ©rage, histoire qu'ils fassent plus ample connaissance, sachant qu'ils allaient ĂŞtre en contact frĂ©quent. Et, complĂ©tant leur petit groupe, un certain chiot ayant de la suite dans les idĂ©es ne lâchait pas Tosk du regard, semblant se demander oĂą Ă©tait passĂ©e la queue en panache de ce Deux-Pattes Ă l'odeur d'Ă©cureuil. D'après Zaelle, il aimait bien leur villa et venait y traĂ®ner rĂ©gulièrement, sans ĂŞtre leur animal de compagnie. Le dĂ©mon-Ă©cureuil s'Ă©tait alors promis de revenir dans les parages rĂ©gulièrement, histoire de le narguer et de le faire tourner en bourrique pour se venger de son rĂ©veil forcĂ© — et aussi parce que ça pourrait ĂŞtre drĂ´le de le rendre tout fou. La voix de sa compagne le tira de ses pensĂ©es: — Oh, on arrive sur le territoire gĂ©rĂ© par Gamory! Celui-lĂ , c'est un idiot de première! Il se croit trop malin, tu vois, et il adorerait trop se voir calife Ă la place du calife, si tu vois ce que je veux dire. Dis, dis, comme il manigance sĂ»rement un truc, on a qu'Ă aller voir ça Ă sa planque! Ça pourrait ĂŞtre ton bapt- Tosk ne la laissa pas finir, posant un doigt sur les lèvres de la vampire pour la faire taire. — Stop! Je veux pas entendre parler de ça pour le moment. Je vais pas commencer Ă bosser pour vous tout de suite, faut d'abord que je trouve un endroit oĂą crĂ©cher et que je rĂ©cupère des affaires. — Ooh…. Quoi, tu veux pas rester dormir chez nous? — Avec un sac Ă puces qui me rĂ©veille tous les matins en me sautant dessus? railla le dĂ©mon en dĂ©signant du pouce le coupable qui trottinait joyeusement derrière eux. Il m'a attaquĂ© trois fois rien depuis mon rĂ©veil express… — Haha, j'aurais bien voulu voir ça, moi! Puis t'as qu'Ă pas sentir l'Ă©cureuil, aussi! sourit-elle en rĂ©ponse. — Faut lui acheter des lunettes, surtout, Ă ta boule de poils, pour qu'elle voit que je suis un peu trop gros pour lui! — Mais non, je suis sĂ»re qu'en fait il veut juste jouer! — En me mordillant la queue? — Chochotte! Tu l'as Ă peine senti te mordre, tout Ă l'heure, c'est pas comme si il pouvait te faire mal. — C'est pas une raison… Un silence passa. — Tu comptes faire quoi, du coup, louer et acheter des meubles? reprit-la dĂ©mone, mi-sĂ©rieuse mi-narquoise. — Tu plaisantes! Je vais squatter un appart', Ă©videmment. Pour le reste, j'ai tout prĂ©parĂ© dans l'avion, regarde… Il se tortilla pour extraire de sa poche un sachet contenant tout un tas de rectangles de papier cartonnĂ©, qu'il lança Ă sa compagne. IntriguĂ©e, elle s'en saisit et choisit l'une de ces… cartes de visite? ornĂ©es sur une face d'un Ă©cureuil noir stylisĂ© sur fond rouge, et portant une inscription de l'autre cĂ´tĂ©. — «Merci pour la tĂ©lĂ© et Ă la semaine prochaine!» lut-elle, perplexe, sous le regard amusĂ© de l'Ă©cureuil, qui claqua triomphalement des doigts. — A-ha! Je me doutais bien que tu voyais très bien mĂŞme avec ce truc sur les yeux! AmusĂ©e, elle dĂ©signa son bandeau opaque de l'index. — Quoi, ça? Haha, Ă©videmment, qu'est-ce que tu crois? Son sourire se fit mutin et elle passa lentement son regard sur l'Ă©cureuil, taquine. — Je vois tout… — MĂŞme Balaur? contra le Ratatoskr avec un sourire narquois. Elle fit une moue boudeuse, prise en dĂ©faut. — D'accord, lui, non, mais il triche avec ses abysses! Et donc, elles vont te servir Ă quoi ces cartes de visites? Tu vas pas… — Voler ce qui m'intĂ©resse et laisser ça Ă la place? Un peu que je vais le faire! Ce serait pas drĂ´le, sinon! — Haha, ok mais t'as pas intĂ©rĂŞt Ă sortir ton butin de la ville, par contre, sinon j'en connais un qui va mal le prendre! Oh lĂ , c'est quoi, ça? Elle dressa subitement une oreille, soudain sur le qui-vive, et s'arrĂŞta, imitĂ©e par son acolyte. Le chiot, par contre, en profita pour s'approcher discrètement et tenter de dĂ©terminer oĂą ce Deux-Pattes pouvait bien cacher des Ă©cureuils. Dans sa fourrure-de-tĂŞte, peut-ĂŞtre? — Un souci? Mais il put l'entendre avant qu'elle ne rĂ©ponde: une berline au vitres teintĂ©es fonçait Ă pleine vitesse le long de l'avenue, poursuivie par les sirènes de la police, forçant les autres automobilistes Ă s'Ă©carter et motivant les piĂ©tons Ă se mettre Ă couvert. Les deux dĂ©mons, eux, restèrent calmes. LĂ oĂą ils Ă©taient, ils avaient peu de chances d'ĂŞtre renversĂ©s dans la panique. Tosk se paya mĂŞme le luxe d'Ă©loigner le clebs du pied avant de se tourner vers Zaelle, qui se pencha pour caresser le chien en attendant que ça passe. — On est censĂ©s intervenir, ou…? — Naaah, on va pas tout faire non pl- Hey! Soudainement, la berline avait fait une embardĂ©e pour le foncer dessus, avec trop de brusquerie pour que ce soit un accident. Zaelle put bondir en dehors de la trajectoire, mais Tosk eut moins de chance. Il esquiva l'avant de la voiture, mais pas la portière, qui s'ouvrit brutalement Ă l'arrière et qu'il se prit de plein fouet. Un bras sortit du vĂ©hicule et s'empara du chien qui n'avait pas eu le temps d'aller bien loin, et la berline repartit sur les chapeaux de roues, laissant sur le carreau un Tosk qui n'avait pas bien compris ce qui venait de lui arriver. La scène n'avait durĂ© qu'une poignĂ©e de secondes, et rapidement on eut pu croire qu'il ne s'Ă©tait rien passĂ©. Ayant repris ses esprits, le dĂ©mon-Ă©cureuil dĂ©cida malgrĂ© tout de rester allongĂ©, les yeux fermĂ©s. En fait, il aurait peut-ĂŞtre mieux fait de ne pas se lever aujourd'hui, finalement... Sentant une ombre se pencher au-dessus de lui, il rouvrit les yeux pour voir la tĂŞte de Zaelle Ă l'envers, un grand sourire aux lèvres. — Haha, eh bah! Un peu d'action et t'es dĂ©jĂ tout raplapla? HĂ©hĂ©, t'aurais peut-ĂŞtre mieux fait de rester au lit, finalement! Poussant un soupir sarcastique, il referma les yeux, avec l'envie intense de retourner se coucher. Voire d'hiberner.
— Tu n'imagines pas combien je suis heureux que tu sois lĂ pour me le dire, rĂ©pliqua-t-il en tressaillant de douleur. Cette histoire fait partie de plusieurs cycles !
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