L'Académie de Lu





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Cluedo mortel

(par Ar_Sparfell)
(Thème : DĂ©fi de Down)



Vous voulez vraiment savoir comment ça s’est passĂ© ? Eh bien moi je vais tout vous raconter.

Je me pavanais devant mon miroir. Cette robe rouge m’allait si bien. Elle mettait en valeur mes formes généreuses et faisait ressortir mon teint clair. J’étais irrésistible. Je le savais.

Une dernière touche de maquillage et je serais prête pour ce soir.

— Mademoiselle Rose !

Sans aucun respect de l’étiquette, Blanche Leblanc, la servante du manoir, a fait irruption dans ma chambre. Elle était essoufflée et semblait très agitée.

— Mademoiselle Rose, a-t-elle rĂ©pĂ©tĂ©, il faut que vous veniez tout de suite dans la salle Ă  manger… Il est arrivĂ© quelque chose d’affreux !

Je n’avais pas eu le temps de lui répondre, qu’elle avait déjà disparu.

Que pouvais-je faire d’autre qu’y aller ?

Sur le chemin de la salle à manger, Peter m’a attrapé par le poignet. Comme moi, il s’était changé pour la soirée et portait désormais une veste de velours violet et un nœud papillon difforme. Cette tenue était peut-être chic dans ses précieuses universités, mais ici, elle dénotait avec le luxe ambiant.

— Tu sais ce qui se passe ?

— Pas plus que toi j’imagine, ai-je rĂ©pondu avec lĂ©gèretĂ©.

Dans la salle Ă  manger, la plupart des habitants du manoir Ă©taient rassemblĂ©s. Ma mère, resplendissante dans sa tenue de soirĂ©e pervenche, jouait avec son boa Ă  plume. Elle semblait agacĂ©e. Il y a-t-il seulement un moment oĂą elle n’est pas agacĂ©e ?

Peter me tenait encore la main. Mère l’a foudroyé du regard avec dédain.

Le colonel Moutarde, ami de longue date de mon père, se lissait les moustaches d’un air grave près de la cheminée.

La porte s’est ouverte derrière nous, pour laisser passer Blanche et le révérend Olive, vêtu de son immortel veston vert sombre.

Le colonel s’est alors éclairci la voix.

— Chers habitants du manoir, a-t-il commencĂ© avec sa voix de stentor, j’ai une lourde nouvelle Ă  vous annoncer.

— OĂą est Père ? l’ai-je coupĂ©, soudain prise d’un doute. Pourquoi n’est-il pas lĂ  ?

Blanche a émis un petit cri plaintif derrière moi, le colonel a froncé les sourcils.

— Eh bien justement. Pardonnez le caractère cru de mes paroles, mais votre père est mort.

La nouvelle m’a coupé le souffle. Non, c’était impossible.

J’ai senti les mains de Peter m’attraper par les épaules, prêt à me soutenir. Mais je l’ai repoussé. Je tiendrais toute seule.

Mère au contraire s’était effondrée dans les bras du révérend. Celui-ci, désemparé, l’éventait avec un journal.

— Comment c’est possible ? Qu’est-ce qui s’est passĂ© ? a articulĂ© Peter.

Le colonel a ouvert les bras dans un geste d’impuissance.

— Quand je suis passĂ© le chercher Ă  son bureau, la porte Ă©tait entrouverte. Il Ă©tait Ă©talĂ© sur le parquet et son crâne Ă©tait…(il a cherchĂ© ses mots)…complètement dĂ©foncĂ©.

Mère, qui s’était relevée, a poussé un petit cri et s’est effondrée à nouveau sur le révérend. Blanche est partie lui chercher ses sels.

— Quelle est l’arme du crime ?

— Justement Mademoiselle, c’est un mystère… Aucun objet contondant se trouvait près de lui et je pense mĂŞme que le crime n’a pas eu lieu dans cette pièce. Il a Ă©tĂ© tuĂ© ailleurs, puis transportĂ© dans son bureau pour retarder l’heure de sa dĂ©couverte, laissant le temps au meurtrier de se forger un alibi.

L’atmosphère était étouffante. J’avais besoin de prendre l’air.

Sans donner d’explication, j’ai bousculé Peter et j’ai fui vers la cuisine. Une fois seule, je me suis assise contre le mur, les genoux sous le menton pour réfléchir.

Le meurtrier était forcément l’un de nous.

Comment je le savais ? ça semblait une Ă©vidence. Comme si c’étaient les règles du jeu.

Je savais que ça ne pouvait pas être Peter. J’étais aussi restée suffisamment dans ma chambre pour la considérer complètement hors de soupçon. En revanche, l’arme du crime restait un mystère opaque pour moi.

La porte de la cuisine s’est ouverte, laissant passer Mère. Retournée par les émotions, elle avait oublié son boa à plume.

— Rose, ma chĂ©rie ! Je te cherchais !

— Mère, allez-vous mieux ?

Elle a balayé la question d’un geste vague de la main.

— Ce n’est pas pour ça que je te cherchais. Nous avons des choses importantes Ă  discuter.

Je me suis relevée. Moi aussi j’avais des choses à lui demander.

— Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je soupçonne ton cher professeur.

Son accusation, déclarée d’un ton sec et ferme, m'a coupé le souffle. Je savais que ma mère ne le portait pas dans son cœur, mais de là à le soupçonner aussi brutalement, c’était vache.

J’ai démarré au quart de tour.

— Comment peux- tu affirmer ça ? Tout ça parce que tu ne supporte pas l’idĂ©e que je veuille me marier avec quelqu’un d’autre que ce prince Azur là… Je t’assure que ce n’est pas Peter !

Mère s’est renfrognée. J’en ai profité pour porter mes propres accusations.

— Moi je soupçonne ton cher et tendre rĂ©vĂ©rend Olive ? Il aurait pu tuer Père dans cette mĂŞme cuisine oĂą nous nous tenons, avec une casserole par exemple !

— C’est grossier voyons Rose !

— Ne me fais pas croire que vous n’êtes pas amants tous les deux ! La mort de Père vous arrange bien tous les deux !

La réponse de mère s’est transformée en un glapissement grotesque. Elle n’avait rien pour contrer ma théorie.

Et ensuite ? Eh bien ensuite je suis allĂ©e dans le salon oĂą j’ai eu une discussion similaire avec le colonel.

Pourquoi il en voudrait Ă  Père si c’était son ami d’enfance ? On s’est rendu compte qu’il Ă©tait sur l’hĂ©ritage. La jolie petite somme qu’il a reçue aurait de quoi donner des envies de meurtre au plus grand pacifique… En fait, tout le monde dans cette maison avait des raisons de voir Père passer l’arme Ă  gauche. Peter et moi n’arrivions pas Ă  avoir son accord pour notre mariage, Mère cachait sa liaison avec le rĂ©vĂ©rend. Quant au Colonel et Ă  la servante, ils Ă©taient tous les deux dans une pauvretĂ© que le testament allĂ©gea fortement.

Bien, c’est bon, vous avez eu un rĂ©sumĂ© de notre folle soirĂ©e ?

Vous voulez savoir qui Ă©tait le tueur finalement ? Eh bien je ne sais pas. Les cartes de chacun n’ont jamais Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©es. Et pour vous dire un secret, ça pourrait très bien ĂŞtre moi qui ai fait le coup au final.

















Ellumyne

J'ai beaucoup aimé ton texte @Ar Sparfell, l'hélico de combat . Tant au niveau du style que de l'histoire que tu as réussi à rendre très vivante. Et ce suspense à la fin, ça me donne envie d'essayer ce jeu un jour ^^


Le 26/10/2021 à 21:22:00



Malkym

(Cluedo Mortel) Un texte... fort bien construit ^^
On y retrouve en effet tous les éléments qui font une bonne partie de Cluedo : l'arme inconnue, les soupçons sur chacun, les discussions pour tenter de découvrir le coupable, ce à quoi tu as ajouté toi-même la recherche du mobile qui, il est vrai, est la grande absente de ces parties. C'est une excellente adaptation textuelle de la partie, je trouve ^^ Malgré deux-trois fautes ou répétitions qui dénotent un peu :3
Bref, un texte qui suit très bien les consignes en apportant un peu d'originalité au jeu original, c'est du bion ! :smileycool:


Le 28/10/2021 à 14:21:00



Awoken

pour "Cluedo mortel". Mais du coup, c'est qui qu'à tuer? Ne répond pas. Ton texte est super, on rentre bien dedans. Même si tu as rushé la fin, elle ne fait pas tâche, au contraire. Bravo!


Le 30/10/2021 à 22:38:00



JilanoAlhuin

Cluedo mortel" : C'est un très bon texte ! Bien qu'il soit court et qu'on se doute de ce qu'il se passe, cela n'enlève rien à la scène, particulièrement avec la relation mère et fille du personnage principal, ainsi que leurs relations avec les autres personnages (notamment l'amant de la fille). En bref, un très bon texte !


Le 03/11/2021 à 18:01:00

















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