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Léa![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Un seul espoir(par Léa) Oderi trébucha au sol, la boue du marécage éclaboussa sa tenue déjà crasseuse alors que ses avant-bras s’enfoncèrent dans la gadoue. Un long soupir d’épuisement échappa à la jeune femme. Sa caravane s’était arrêtée et la machine pleine de rouille n’était pas plus propre que sa propriétaire, mais elle offrait le seul abri qu’elle n’eut jamais connue.
Regardant autour d’elle, Oderi ne vit que le même décor, un terrain boueux et plat à des lieux autour. La colère la submergea en un instant et se relevant dotée d’une soudaine énergie, elle monta sur le toit de sa machine et hurla.
« Arrête tes conneries avec moi Désaria !!! Je m’en sortirais ! Je partirais même si ça doit être la dernière action de ma vie ! »
Aucun écho ne lui fit l’honneur de lui répondre et sa rage soudaine se transforma en un profond désespoir. Le seul son qu’elle pouvait entendre n’était encore et toujours rien de plus que le vrombissement mécanique de sa caravane, une machine quadrupède assez massive pour lui servir d’abri. Descendant dans la cabine pour la mettre en avancée automatique en se fatiguant moins, elle retira ses vêtements sales et les posa près d’un des moteurs pour faire sécher la boue dessus.
Oderi observait les alentours sur le toit en espérant vainement de voir le moindre éclat de présence de quelqu’un d’autre dans ce bourbier. C’était un mince espoir sur une planète aussi hostile. Les villes étaient si dispersées et la planète si grande qu’il nécessitait parfois plus d’une vie pour retrouver son chemin parmi les milliers de déserts boueux de Désaria. La planète avait été si polluée que les colons avaient fuient, forçant les autochtones à payer pour fuir aussi les terres mélangées aux huiles de moteur et autres pétroles. Les deux seuls spatioports de Désaria étaient opposés l’un à l’autre de part et d’autre de l’astre condamné. Oderi se surprit à parler toute seule, à se répéter une histoire qu’elle connaissait déjà . Sortie de ses pensées, elle réussit à remarquer la carcasse d’une caravane au loin. Reprenant les manettes de la sienne, elle se dirigea vers les restes de l’épave de ferraille.
Devant les restes de la seconde caravane, Oderi se rhabilla en ne prenant même pas la peine de nettoyer ses gants avant de se précipiter à la récolte. La seconde machine était bien plus massive que la sienne, même couchée sur le flan. La femme essaya d’abord de comprendre ce qui s’était passé, et elle n’eut la réponse qu’une fois la porte de la cabine ouverte. Le flan du dessus avait été éventré en son centre et le corps de deux personnes enlacées gisaient à coté des restes chamboulés d’un lit. Pour une étrange raison, tout semblait avoir été laissé en place après le choc. Il n’y avait pas de signe de pillage ou de ravage autre que ce choc mystérieux.
Oderi ne s’en plaignait pas et commença à fouiller tout ce qui sembla utile. Trouvant d’abord quelques rations et des habits à ses goûts et sa taille, elle finit par trouver dans une boîte cachée le plus beau trésor de cette planète, un ticket pour une place sur les navettes. Malgré l’hostilité de Désaria, les colons avaient trouvé un moyen de continuer de rentabiliser la planète avec les navettes, chaque ticket était illimité pour partir, et aucune identification ne se faisait. Ils voulaient finir de désertifier la planète, par l’évacuation ou les disputes civiles et ces tickets étaient un coup de grâce au cœur des populations natives. Oderi avait désormais un but dans sa vie et une destination à prendre. Elle savait que la ville du ticket serait atteignable en quelques jours et qu’elle se battrait pour protéger ce trésor. Oderi retourna à sa propre caravane et cacha précieusement la boîte des tickets avant de se tourner vers la ville.
Le soleil se leva au travers de la brume de pollution et entre les gratte-ciels de la ville alors qu’Oderi atteignit la ville. Elle se méfiait de tout ceux qu’elle croisait, les citadins méprisant les nomades qu’ils considéraient comme des sauvages. Approchant lentement du spatioport trônant au centre de la cité, Oderi se sentit assourdie par l’ambiance urbaine, bruyante, sans aucun arrêt, et si bavarde. Elle avait du mal à se concentrer sur la route et son cœur lui semblait battre plus fort à chaque pas de sa caravane. Plus déterminée que jamais, elle descendit aux abords du quai d’embarquement, ses tickets subtilement cachées dans sa tenue. Une fois devant le contrôleur, elle porta la main à la poche contenant le trésor.
« Votre ticket Madame.
— J… Juste ici.
— Voyons voir… Il le prit en main et l’examina attentivement. Oui… Tout est en règle. Souhaitez vous que l’on fasse embarquer votre monture avec vous ?
— S’il vous plaĂ®t.
— Bienvenu Ă bord. Vous avez de la chance, nous partons dans la journĂ©e. »
Oderi n’en revenait pas et suivit la passerelle mécanique sans pouvoir retenir un rire de triomphe nerveux. Enfin elle pourrait voir les étoiles et ne plus jamais poser les yeux sur un seul des déserts de boue. Enfin elle se sentait revivre par cet espoir, un des seuls de sa vie, et elle espérait, le premier d’une infinité d’autre.
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