Alice sortit de la chambre avec sa valise. L’étudiante traversa la moitié du couloir avant que Louane ne la rattrape par le poignet. Leurs deux visages étaient en larmes et le petit bruit de leurs sanglots résonnaient dans ce couloir des dortoirs. Malgré tout ce que les deux jeunes femmes avaient pu construire, elles étaient séparées.

Louane enlaça Alice dans ses bras et rĂ©ussi enfin Ă  parler :

« Ça doit vraiment se finir ainsi… ?

— J’en… j’en ai bien peur…

— Elle craint ta famille…

— Je sais… Mais j’ai pas le choix…

C’est injuste… juste… injuste… »

Alice voulait se rassurer avec la voix tendre de cette grande fille qui la tenait. Son sac de plus en plus lourd à chaque instant que son père approchait de l’université. Elle n’était même pas sûre qu’elle aurait la force de sortir des dortoirs qui lui avaient apportée tant de bonheur au travers des longues nuits d’hiver.

« Louane… J’aimerais voir une dernière fois ton sourire…

— Je vais… Je vais essayer ma chĂ©rie…

— Merci. Quel bruit fait le chat de Schrödinger ?

— Je ne sais pas…

— Miaarghou ! »

Louane pouffa et son sourire était si beau qu’Alice se mit sur la pointe des pieds pour l’embrasser avant de s’arrêter au dernier instant. La plus grande fit se dernier centimètre pour dévorer leur passion, ses mains soutenant même sa bien-aimée pour la lever à son niveau.

Essoufflées, elles quittèrent les lèvres de l’autre avec un déchirement si intense que les larmes d’Alice tombèrent sur les joues de Louane. Cette dernière la redéposa et la jeune femme tourna le dos en reprenant son sac.

« Je ne veux pas te perdre Louane… Mais j’ai vraiment pas envie qu’il te gâche ta vie avec ce foutu tribunal…

— Tu me connais…

— Mieux que toi… Mais je dois partir… Pour toi… Pour nous… »

Un long silence s’installa alors que Louane laissait partir son ancienne partenaire. Son cœur hurlait pour une dernière supplication, un dernier rendez-vous caché… Mais aucun son ne sortit…