— Toi !

Son bras gauche le relance, à la jointure avec la prothèse, comme à chaque fois qu’il pense à cet évènement quelques mois plus tôt. Maintenant, il ne peut faire autrement que d’y penser, vu que la cause de tout ça lui fait face. Pourtant, malgré le dégoût et la colère, par-delà la douleur fantôme, Nicolas ne peux retenir un sourire violent devant son adversaire. Enfin, enfin il pourra lui rendre son dû.

— Dameb ? Que faites-vous là ?

Ignorant les paroles de l’être haït, l’ancien Caporal approche sans se départir de son sourire. Il jette sa lame, ce poignard si généreusement prêté par les geôliers, sans ralentir sa progression. Il continue d’avancer, lentement, sous le regard médusé de l’autre qui ne pense même pas à se mettre en garde. Le sourire s’agrandit sur le visage de l’amputé, ce dernier bien trop heureux du tour que le sort est en train de leur jouer. Cette expression se fait de plus en plus froide, pourtant, alors que la distance séparant les deux hommes diminue, ce qui pousse finalement Xerxes à se mettre en garde.

— Pas un pas de plus.

Le sourire, à ces mots, devient rictus alors que Nicolas retient un ricanement méprisant.

— T’es plus rien pour moi.

Il répond au court par le court, avec cette phrase crachée au visage de son ancien Lieutenant.

— J’ai aucun ordre à recevoir d’une tâche.

Cette dernière phrase marque la fin de l’échange verbal, ponctuée qu’elle est par l’ouverture des hostilités. Le bras robotique fuse vers le visage honni, mais est paré. Un craquement, sourd retentit, jouissif aux oreilles de Nicolas. Xerxes riposte de la lame, coup évité sans peine.

Sourds à leur environnement, les hommes se lâchent. Pas de ballet ici, encore moins de beaux gestes. Ils sont ici, dans cette arène pirate, pour détruire l’homme en face. Xerxes et Dameb, anciens alliés, sont là pour tuer. Aucun artifice n’est possible dans cet environnement dépouillé. Laissant es hommes libres de s’écharper.

Une minute, une éternité, passe avant que Nicolas ne tombe, victime d’un chassé dans le ventre. Au sol, sur le dos, il voit la folie dans les yeux de son ennemi qui se jette sur lui. Sans attendre, sans réfléchir, il pousse sur ses jambes et glisse, échappant à la lame féroce. L’autre avait visé l’aine, heureusement.

De nouveau debout, Xerxes voit la loque rester au sol, moins d’un mètre plus loin. Un rictus malévolent lui passe sur le visage alors qu’il avance lentement, savourant le retournement de situation.

— Tu m’arrêtera pas, Dameb. Nathasha a essayé, et tu va la retrouver.

Il respire lourdement et tente de lever le bras droit, en vain. La douleur, contente d’être sourde avec le bras immobile, se fait perçante lorsqu’il bouge. Ce fut une mauvaise idée de bloquer un bras robotisé avec ses simples os. Il arrive finalement au dessus de l’ancien Caporal, toujours roulé en boule.

— Adieu.

Nicolas jaillit. Il attendait que l’ennemi se place face à lui et ne réagit que lorsque ce dernier mot sort de la bouche du mutin. Son pied fuse, droit vers le genou de Xerxes. Il tourne ensuite, esquivant la lame une nouvelle fois, et se met sur un genou tandis que son adversaire perd l’équilibre. Dans sa main droite, récupéré pendant que l’autre se pavanait, son poignard. Dans sa main gauche, cette main insensible à tout stimulus de par sa constitution, un pomme d’adam.

Enfin, il peut prendre sa revanche. La folie meurtrière a quitté l’officier désormais, elle brûle désormais dans le regard de l’amputé. Nicolas arme son bras, prend le temps de visé le torse, le cœur de l’être maudit, avant de lancer son coup. Xerxes ne se défend pas, mais le coup n’atteint pas.

— Suffit.

Les deux sont paralysés, pris dans un courant temporaire envoyé par le capitaine pirate.