(par Sparfell ex-chevalier)(Thème : Père NoĂ«l)
Santa regarda le lagomorphe d'un air dubitatif.
"Alors ? demanda le lapin d'un air craintif, son regard changeant sans cesse de direction.
— Alors quoi ? rĂ©torqua le vieil homme."
Le lapin se gratta la truffe.
"Bah... T-tu voudrais bien la faire passer pour moi ?
— On a dĂ©jĂ eu cette discussion mille fois, Panpan ! Tu fais ce que tu veux avec tes oeufs Ă la coke, mais j'ai dĂ©jĂ un contrat pour faire passer des armes en douce aux enfants de la diagonale africaine ! Et puis, tu oublies mon code d'honneur ; jamais je ne ferai passer de drogue dans les cadeaux pour enfants."
Agacé, l'animal explosa de colère :
"Justement ! les enfants-soldats que tu pourvois participent au commerce qu-que je te propose ! Ce-ce serait juste une disparition des intermédiaires, tu vois ?
— Ecoutes, rĂ©torqua l'icĂ´ne de NoĂ«l, c'est dĂ©jĂ assez difficile comme ça pour moi de maintenir mon marchĂ©. Entre les bases amĂ©ricaines qui s'installent au GroĂ«nland, et l'industrie du jouet qui me concurrence, le Danemark a du mal Ă maintenir ma couverture. Les armes que j'vend, je m'en sers aussi pour ma protection, et celle des lutins.
— Justement, fit remarquer Panpan ; l'argent te permettrait d'une part de graisser la patte de ceux qui maintiennent ta couverture, mais aussi d'avoir une clientèle fidèle ! Au-delĂ de l'enfance, mĂŞme. Et puis, t'as pensĂ© Ă moi, ton v-vieux copain ? T'as pensĂ© Ă mes gosses que je dois nourrir ?
— Tes gosses ? Tu veux dire ta pension alimentaire depuis que t'as laissĂ© leur mère pour la fĂ©e des dents…
— P-parles pas de ces dĂ©tails ! Tu sais bien que c'Ă©tait une pĂ©riode sombre pour m-moi.
— ...fĂ©e des dents qui t'as Ă©galement quittĂ© lorsqu'elle s'est rendu compte que vos enfants se basaient sur ta fĂ©conditĂ©, et non la sienne. Il paraĂ®t qu'elle a encore des sĂ©quelles, son ventre Ă©tait trop petit pour accueillir toute la portĂ©e.
— Justement ! L'argent me permettra de lui payer ses frais mĂ©dicaux, se justifia l'icone de pâque.
— Et les charges de vos gosses prĂ©maturĂ©s ?
— Aussi."
Santa Klaus médita. C'est vrai que ça faisait longtemps qu'il n'avait pas brisé l'un de ses principes ; il y a quelques siècles, il s'était résolu à offrir des armes à quelques enfants soldats, mais ce que Panpan lui proposait là était d'une toute autre mesure. On parlait de marché international, pas de quelques armes qui au mieux peuvent servir aux enfants pour se défendre. Et puis, Panpan était un ami de longue date, il était impossible de lui dire simplement "non" ; il devait, au moins en partie, lui donner raison. Après-tout, n'avaient-ils pas fui ensembles la famine irlandais au XIXe siècle ? C'était Panpan qui s'était sacrifié pour les autres ; lui qui avait mouillé dans des trucs pas nets à l'époque pour que leurs fêtes s'imposent aux USA. Après tout, les raisons qui avaient mené aux problèmes actuels de Panpan étaient aussi celles qui avaient mené au succès actuel de Noël.
"Bon, décida le Père, j'ai une piste. Tu vois, Krampus, l'autre avatar de Noël ?
— Euh, oui ?
— Actuellement, il fournit un rĂ©seau dans les Alpes. Le marchĂ© descend ensuite en Italie, oĂą les baby mafias se chargent de revendre la matière. Principalement des armes, en ce moment, mais je peux lui demander…
— Merci, sanglota le lapin, merci mille fois vieux frère ! Je savais que je pouvais compter sur toi !
— De rien, grommela Nicolas Klaus. Mais un jour faudrait qu'on arrĂŞte avec ça, on va finir par se mettre en danger. Faudrait pas que "lĂ -haut" ils se doutent de quoi que ce soit."