Le musée
(par PtiBaka)(Thème : MĂ©lilĂ©mots 5)
Mes parents ont toujours adoré collectionner les objets en tout genre. Que ce soit moche, ou non. Il faut dire qu’ils vont souvent dans des musées d’art abstrait, ou chez des antiquaires, et certaines œuvres dans ce genre de musées me laissent parfois dubitatif… Et ils justifient leur collection par « ça prendra forcément de la valeur un jour ou l’autre ! ».
Ça prendra peut-être, un jour, de la valeur, mais en attendant ça prend surtout beaucoup de place à la maison. Je me souviens même d’un jour, ou voulant changer la nappe de la table, j’en prend forcément une propre, mon père m’a bondi dessus, en me la prenant des mains, et en me disant d’un ton particulièrement hautain, et en serrant le poing : « PAS CELLE LA ! C’est une œuvre ! Tu ne comprends donc rien à l’art… hmpffff… » … Elle n’avait pourtant rien de particulier si ce n’est un grand trait noir la parcourant sur la longueur… « Pourquoi la mettre avec les autres nappes alors ? » ai-je dis à voix basse…
« NE REPOND PAS COMME CELA A TON PERE ! » avait-il répondu, il semblerait que je ne m’étais pas fait assez discret.
Après cela, j’ai quand même essayé d’aller voir dans un musée d’art abstrait, pour essayer de comprendre l’obsession de mes parents, arrivé au musée, j’ai tout de même très vite remarqué qu’il y’avait tout types de choses qualifiées « d’œuvres », de tout et de rien, littéralement de rien.
L’un des couloirs qui m’a paru le plus étrange, était un couloir ou y’avait au moins une dizaine « d’œuvres » à la suite, qui évoquait le vide, que ce soit par le nom, du style « Nothing », « Void », dont la représentation était une toile d’une unique couleur, évoquant selon les dires du guide « A la fois l’absence de travail de l’artiste, mais à la fois tout le travail fourni par ce même artiste… L’art est quelque chose de subtil vous savez… », un conteneur soit vide, soit plein, justifiant « l’absence de vide… ». Même une œuvre dont le nom était « », l’œuvre n’avait pas de nom, et en plus de ça, il n’y avait rien, un espace vide, seulement le mur du musée (et peut être une ou deux mouches qui virevoltaient autour d’une autre œuvre complètement loufoque, qui était une banane scotchée au mur.
Encore une « œuvre » vous vous en doutez maintenant. En revanche garder une banane, probablement pourrie pour que des mouches la survolent, ce n’est pas forcément une très bonne idée. Au loin, j’ai vu une porte, j’ai encore pensé à une œuvre (il faut s’attendre à tout ici), j’ai commencé à m’y diriger avant d’être interrompu par l’un des guides qui m’a dit « Non, vous n’avez pas le droit de passer cette porte, il s’y trouve la collection privée de l’une des artistes dont les autres œuvres sont déjà exposées ici, nous les exposerons le mois prochain si vous le voulez. », dommage, si la collection était si privée que ça, c’est qu’elle devait être, j’ose l’espérer, un minimum plus intéressante à regarder qu’un verre plein…
Bref, après cela j’ai décidé de rentrer chez moi, bien décidé à recouvrir la table de cette foutue nappe, qui est encore moins artistique que tout ce qu’il y’a ici. Qu’importe ce qu’en pensait mon père. Quitte à la salir, ça l’aurait rendu un minimum plus artistique…