Philippe et sa cuisine
(par Awoken)(Thème : MĂ©lilĂ©mots 5)
Cher journal,
Cela fait maintenant trois jours que j’oscille entre chez moi, sur Terre, et l’Académie. Je n’ai qu’à m’endormir d’un côté pour me réveiller de l’autre. Je ne comprends… Personne ne comprend ce phénomène et surtout pas pourquoi il arrive maintenant, après dix-sept ans d’une vie bien trop banale. Je ne sais qu’une chose : C’est giga génial !
D’autant plus que je me suis également découvert un don qui m’a appris le valeur que peut avoir un simple morceau de papier. Dans cet endroit hors normes, tout ce que j’écris peut devenir réalité. Évidemment maintenant je dois faire attention à tout ce que je note là bas alors qu’à la maison je suis tranquille.
Aujourd’hui j’ai eu envie de faire profiter à mes camarades mes talents de pâtissière (jusqu’à maintenant je n’ai eu que des retours favorables de la part de ma famille et de mes amis).
Je me suis donc rendue aux cuisines et j’y ai rencontré Philippe.
Pour tout dire, ça n’est pas vraiment parti sur de bonnes bases.
Dès que je suis arrivée devant la porte de la cuisine sur laquelle un panneau indiquait : « Privé, défense de faire exploser », j’ai été assaillie par les effluves nauséabondes en émanant.
Tout en contrôlant mes nausées, j’ai toqué. Un homme brun grisonnant d’un bon gabarit, en sueur et dégageant lui même une odeur peu supportable se présenta.
Le fameux Philippe Etchebeurk, cuisinier officiel de l’Académie.
Un poil intimidée, je lui ai demandé si je pouvais lui emprunter son espace de travail en lui expliquant ce que je comptais y faire. Il a accepté. Avec réticence mais il a accepté. Tout en me précisant qu’il ne possédait pas le matériel nécessaire, évidemment. Je me suis alors saisie de mon carnet et d’un stylo et ai noté : « Les ingrédients et les ustensiles apparurent, rangés dans un chariot adéquat ». Et ce fut le cas.
Quand je suis entrée dans la cuisine, j’ai dû me retenir de plus belle de rendre mon repas.
De ce que j’ai vu, Philippe aime collectionner les moisissures et autres déchets en tout genre. C’était bien plus un dépotoir qu’un lieu ou préparer des plats.
Malheureusement, je n’ai pas pu m’empêcher d’en faire la remarque et le ton n’a pas manqué de monter. Il a monté tant et si bien que mon interlocuteur a levé le poing, menaçant.
Dans la panique, j’ai gribouillé rapidement : « Philippe se retrouva dans un coin à champignon de la forêt » et quand je me suis calmée, j’ai rajouté : « avec un panier ».
J’ai donc été tranquille un moment. Assez en tout cas pour nettoyer la pièce d’un coup de crayon et confectionner de magnifiques muffins.
Lorsque ma victime, je pense qu’on peut le qualifier ainsi après ce que je lui ai fait, est revenue, j’étais en train de recouvrir mon travail d’une nappe pour éviter les chapardages durant le trajet.
En voyant l’état de propreté parfaite de son antre, il a parut au bord des larmes. Prise de remords, j’ai effacé mon méfait en même temps que la phrase lui étant dévolue. Ça a tout de suite rassuré le cuistot.
Résultat des courses, on a sympathisé et tout le monde a aimé mes gâteaux, même Philippe.