_ Bonjour Capitaine ! Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?

_ Beaucoup mieux, merci Phinéas, ton remède fonctionne à la perfection.

_ Tant mieux.

Sur ces mots, l’ectogrifé s’assit sur une chaise près du lit et regarda la jeune femme boire la potion miracle. La malade remarqua cette attention soudaine. Elle posa le bol à côté de sa couchette et posa un regard inquisiteur à son ami.

_ Qu’est-ce qu’il y a ? Tu as encore des dettes de jeu ?

_ Quoi ?! Non ! Non, non, non, non ! Pas du tout, j’ai pas touchĂ© une quarte depuis six mois !

_ Alors pourquoi tu me regarde comme ça ?

_ J’aimerais vous poser une question.

_ Je t’en pris.

_ Pourquoi avoir fait le choix de partir de chez vous pour botter les glabis de Shango ? Comment nous avez-vous trouvĂ© et recrutĂ©, enfin, pour moi je sais, mais les autres ?

_ C’est compliqué.

En disant cela, elle baissa la tête sur ses mains dont la droite tremblait frénétiquement.

_ C’est toujours compliquĂ© quand il s’agit de vous !

Il commença à s’énerver en rapprochant petit à petit son museau du visage de son interlocutrice.

_ Je me doute que vous ayez eu un passé difficile, vos cicatrices sont la preuve des épreuves que vous avez traverser. je me doute que c’est dur pour vous d’en parler, comme ça l’a été pour moi de parler de mes problèmes. Mais, comme vous avez été là pour me soutenir, m’aider à vaincre mes démons, j’aimerais faire de même pour vous. S’il vous plaît…

L’humaine quitta ses mains pour fixer avec des yeux mouillés son subalterne qui arborait un air décidé.

_ Je… Je ne sais pas…

_ Capitaine. Je serais là, quoiqu’il arrive. Et puis cela vous fera le plus grand bien de tout déballer.

_ Ça ne les fera pas disparaître…

_ Non, mais ça vous soulagera.

_ Je suppose que tu sais de quoi tu parles…

Elle hésita encore un long moment avant de prendre une grande inspiration.

_ Tout à commencé quand j’avais dix-neuf ans, soixante-quatre weqs dans ton unité de temps. J’avais eu une enfance parfaite auprès de parents aimant. Mon père était aux placé au sein de la corporation. Tu as dû entendre parler de l’affaire Cyrus Parsons.

_ Bien sûr, c’était l’affaire du siècle, le manitou de l’intérieur qui était super bien perçut par tout le monde s’est révélé être un massourel de première classe quand on a su qu’il piquait dans les caisses.

_ Exact. Et tu te souviens des rĂ©percussions de cette affaire sur Parsons ?

_ Il a été déchu de ses fonction et s’est suicidé en faisant flambé sa maison avec toute sa famille dedans je crois.

_ Tu te souviens de qui l’a remplacĂ© ?

_ C’est… Non !

_ Si ! Deinom Shagon, l’actuel premier manitou de la corporation et tyran Ă  ses heures perdues.

_ Et donc vous, vous seriez…

_ L’une des filles de Parsons, oui. Mon père n’a jamais volé dans les caisses et n’a jamais mis le feu à notre maison.

_ Shagon…

_ Oui.

_ Et vous ne pouvez pas le dĂ©noncer aux instances supĂ©rieures ?

_ Ă€ ton avis, qui croiront ils entre la soit disant fille rescapĂ©e d’un manitou dĂ©chu et l’actuel premier manitou ?!

_ C’est pas faux…

_ Comme je le disais, à cette époque j’avais dix-neuf ans. Quand j’ai été guéri de mes blessures, car tu te doute bien qu’on ne sort pas indemne d’une maison en feu, je me suis enrôlée dans la flotte de la corporation pour redorer le nom de mon père, ne sachant pas encore que l’homme à sa tête était à l’origine de tous mes malheurs. Je suis vite monté en grade. En deux ans je suis devenue la plus jeune commandante de l’histoire. J’étais prête à révéler ma véritable identité. Mais tu ne croiras jamais ce que j’ai découvert dans les dossiers de mon auguste passager. Et oui, je suis une fouineuse.

_ Là, j’en ai pas la moindre idée.

_ Le numéros de compte en banque où les détournements avaient été envoyés, je n’y avais pas prêté attention au début mais quand je me suis rendue compte que ce compte au nom de mon père se trouvait dans les petits papiers de Shagon et portait sa signature, j’ai tout compris, et je me suis demandée par la même occasion comment les instances supérieur pouvaient êtres passées à côté de ça.

Malheureusement, le tyran m’a prise sur le fait et a brûler le document sous mes yeux en m’expliquant ce qu’il c’était réellement passé. De colère, j’ai voulu lui tirer dessus, je n’ai pas réussi à bouger…

_ Un paralyseur ?!

_ Oui, je devenait gênante. Il m’a mise dans une capsule de survie et m’a envoyée vers la planète la plus proche. Je ne sais pas pourquoi il ne m’a pas tué, peut être parce qu’il savait que je ne pourrais rien prouver… Quoiqu’il en soit, je me suis retrouvée sur Drichi W41. J’étais seule, perdue sur cette planète pas si riche et dont il est quand même compliqué de partir. Par chance, j’ai rencontré Malaterre, il m’a trouvé un vaisseau en état de naviguer dans l’espace, le Krasios. Je n’avais qu’une idée en tête, tuer Shagon. Malaterre est venu avec moi, il voulait voir le monde et s’occuper de son bijoux, parce que j’ai appris plus tard, qu’en fait, c’est lui qui l’a construit au fil des années. Notre bon vieux mécano à quatre bras est un génie du tripatouillage. Voilà, tu sais tout.

_ Vous m’avez toujours pas dit comment Sinaï est entré dans l’équipage.

_ Un mafieux de Deon G35 que j’avais escroqué m’avait mis ma tête à prix. Alors que je repoussais un assaut d’hommes de mains, Sinaï est venu m’aider avec son fusil à balles explosives. Pendant tout le combat j’ai pensé qu’il me parlait, mais en fait il causait à Puch, son navet. À la fin de la bataille, il a pointé son fusil sur moi. Il m’a avoué qu’à la base il était là pour me tué et gagner la prime puis il m’a expliqué qu’il était tombé amoureux de moi pendant notre « petite partie ». C’est ce qu’il a dit en tout cas. Il a absolument voulu me suivre et devenir membre de mon équipage. Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai accepté. Et je dois dire que je ne le regrette pas. Même s’il est bizarre à parler à Puch quand il est seul, il s’est révélé être un excellent cuisinier. Trois mois plus tard, tu est arrivé après que je t’ai sauvé des créanciers d’Ectogrif.

_ Ça ferait un sacré roman ton histoire.

_ Tout le monde le prendrait pour une fiction.

_ Oui, et alors. Au moins, si ça a du succès on pourrait rénover entièrement le Krasios.

_ Proposes ça à Malaterre si tu veux. Moi, je dors.

En disant cela, la Capitaine se recoucha, dos à Phinéas qui, ayant peur du mécano, préféra renoncer à son projet.