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Awoken![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Les farces en présence(par Awoken)Guadeloupe, de nos jours…
Il avait fallu près d’une heure aux gendarmes pointe-à -pitrais pour se rendre compte qu’ils avaient enfermé le commissaire Suitaume et Toussaint Pticou avec une bande de zombies forcenés, heure pendant laquelle les deux hommes, dans l’étroitesse de leur cellule et de leur situation, avaient chèrement vendu leur peau. Seule celle que l’on appelle l’énergie du désespoir les avait sauvé d’une mort certaine. Un gendarme un peu plus avisé que les autres avait quand même trouvé étrange les appels au secours des deux policiers et s’était empressé de les libérer au moment où leur résistance fléchissait. Contrairement à Toussaint qui s’enfonçait dans un état larvaire, Suitaume, dont l’humeur bilieux était légendaire, ne décolérait pas! Il bavait presque. “Mais enfin, commissaire, on ne pouvait pas deviner! Vous étiez déguisé en zombie, avouez tout de même… — Je n’avoue rien! Trouvez que j’ai la tête d’un mort-vivant?” Le commandant de la gendarmerie, qui essayait de recoller le vase de Soissons, eut la décence de ne pas répondre. Suitaume faisait les cent pas dans le hall de la gendarmerie, bouillonnant presque. On lui proposa un café qu’il accepta et but d’une traite. “Qu’en est-il de Bombo Lundi? — Qui? — Bombo Lundi! L’homme à la camionnette! Le zombifieur! Le debout les morts! Le parrain des gueules terreuses! Vous l’avez pas vu filer à votre arrivée?” L’officier se drapa l’orgueil dans un linge sale. “Nous avons préféré parer à l’urgence et avons maîtrisé la horde zombiste dont vous fîtes partie, sauf votre respect! Nous avons eu suffisamment de dégâts la semaine dernière.” Suitaume n’écoutait plus, déjà en train de ruminer sur la suite des évènements. “Commandant, je veux deux hommes bien armés et une voiture!” Le gendarme se gratta la fesse pour s’aider à réfléchir et prit l’air inspiré d’une hache. “Pour les hommes, c’est entendu… En revanche, pour la voiture, c’est impossible! C’est la pénurie. — J’ai la mienne, commissaire. On fait la roue et c’est parti!” Dit la voix off de Toussaint Pticou qui reprenait pied dans la réalité, retour au goût de la vie, de nouveau gaillard. “Retournez plutôt chez vous, inspecteur! Votre femme doit vous attendre… — Non, sa spécialité c’est le poulet colombo… — Je vous dis de rentrer chez vous! Vous vous êtes regardé?!” L’interpellé s’offusqua comme un cavalier sur un grand cheval de principes. “ Vous n’y pensez pas, commissaire…” Non seulement Suitaume le pensait mais il le voulait franchement. Peine perdue, espoir envolé. “Ici vous êtes sous ma responsabilité!” Suitaume voulut protester, sans succès. “Je suis votre guide, je n’ai pas le droit de vous abandonner!” Suitaume n’eut pas besoin de treuil pour lever les yeux au ciel mais d’un robinet glacé pour éviter à son sang de bouillir. Il fit également un doigt d’honneur au gars d’en haut, songeant qu’il allait devoir reprendre le tombeau ouvert qu’était la 4L. Deux gendarmes peu loquaces s’adjoignirent d’office et se collèrent sur la banquette arrière. “Quelle direction, commissaire?” Demanda Pticou. “A votre avis? — Je n’en ai pas. — Chez Bombo Lundi, crétin! — Non? Vous croyez qu’il aura la bêtise de retourner chez lui? — Il nous croit très certainement morts” Grogna le gradé? “et je le pense assez arrogant pour s’imaginer hors d’atteinte de la police! — Message reçu.” La voiture toussota, crachota, cahota et s’élança à la poursuite du malfaisant nécrophage, de la crapule morticole sous le regard circonspect du commandant des forces gendarmes. La route se fit en silence et moins de vingt minutes plus tard, les autorités dépassaient l’office du tourisme de Gosier. Toussaint gara sa voiture non loin de l’allée qui montait vers la maison du sonneur aux morts. Avant de descendre, Suitaume s’assura du bon fonctionnement de son luger. “Vous n’avez pas de silencieux?” S'intéressa l’inspecteur. Regard sombre, entre chien et loup. “Je vais pas le tuer, je vais l’arrêter… Et puis eux comptent pour deux.” Il pointait du canon les deux gendarmes hermétiques à l’humour carabin. “Allez m’attendre au bord du chemin, je vous sonnerais en cas de problème. — Moi aussi?” S’inquiéta Pticou. “Oui,” Gronda Suitaume. “Vous gérez les fuyards potentiels. — Très bien, on vous couvre, aucun potentiel ne passera.” Le commissaire souffla et, rassuré d’une telle arrière garde, il arma son chargeur et s’enfonça dans la noirceur de l’allée. Il avança avec la discrétion qui fait les bons policiers qui désirent rester en vie. Un coup de feu! “Merde!” L’imbécile se serait-il rendu un dernier hommage par revolver interposé? Le policier accéléra le pas. Dès l’abord de la case, il vit danser les ombres sur le perron. Pas seul, le bougre, y’avait visite au bourg! Avec un sang à faire pâlir un serpent, il gagna la fenêtre. La situation interne était cafouilleuse… Bombo Lundi était tout ficelé avec l’acteur Coch Honnery et trois types leur tapaient dessus avec conviction… Suitaume ne fit ni une ni deux, donc ne compta pas jusqu’à trois et se précipita dans la case. “POLICE! Que personne ne bouge!” Etait-ce parce que le mot “police” n’effraie pas un type de la mafia? Était-ce que Suitaume manquait d’autorité naturelle? Toujours est-il que les trois affreux bougèrent… bougèrent en déployant des bras malsains avec au bout des mains pleins de couteaux, rasoirs, poings américains, pistolets, fléchettes, sarbacanes et autres ustensiles de cuisine à cuisiner. Inconvenant autant qu’inconséquents, naïfs autant que présomptueux, rigolards autant qu’imbus, ignorant surtout que Guillaume Suitaume était déprécié de ses supérieurs en raison de ses méthodes peu orthodoxes, ils se crurent à l’abri des sommations réglementaires. Mauvais calcul. Le premier se trouva frappé à la base du cou… Geyser jugulaire! Du sang comme s’il en pleuvait, cascade versaillaise. Le deuxième n’en crut pas les yeux de son collègue et ne put éviter le pruneau… Quant au troisième, Jimmy Lehola, il avait eu l’intelligence de lâcher ses armes aussitôt et de lever les mains en l’air avant qu’on le lui demande. Sage décision. Suitaume connaissait Jimmy Lehola pour l’avoir déjà vu passer dans les fichiers d’Interpol et dans certains magazines interpipoles. Unificateur de quelques grandes familles italo-américaines, il régnait sur le monde de la pègre depuis une vingtaine d’années. Sa présence était un mystère pour le Français, autant que celle de l’acteur britannique qui avait bercé son enfance cinématographique. “Détaches le!” Lehola ne broncha pas et obéit. Bombo Lundi était toujours évanoui, Honnery ne disait rien. “Vous foutez quoi ici?” L’acteur massa ses poignets endoloris. “Je recherche le manuscrit volé de JFK Bowling pour le compte du gouvernement britannique. — David Cameron envoie les acteurs en mission commando, maintenant?” Gronda le policier. “Je savais que vous étiez sournois, mais à ce point…” Lehola ricana et cracha le morceau, expliqua sa présence, celle de Coch Honnery, regretta la mort prématurée de ses hommes et proposa une trêve, une sorte de Yalta improvisé des forces en présence. Puisqu’ils recherchaient tous les trois le dernier manuscrit du Petit-sorcier-dont-on-ne-dit-pas-le-nom, pourquoi ne pas unir leurs forces et leur matière grise? L’idée ne parut pas insensée. “Ok, bon…” Admit Suitaume. “Vous savez quoi? — La M.E.S.T.U.P.U.M.P.O. -la confrérie des sorciers- a déclaré la guerre au monde des non sorciers! — Je sais ça… Y a eu pleins d’attentats anormaux en France! — Ils ont enlevé l’acteur Dan Ralacliffe et dérobé le livre de Bowling en Angleterre.” Ajouta Honnery. — Et fait abattre le producteur de l’adaptation cinématographique! — Ok, mais pourquoi?” S’emporta Suitaume. L’acteur-espion sortit une lettre de sa poche. “C’est la lettre envoyée au Premier Ministre: (gros résumé) Y en a marre que vous nous fassiez passer pour des phénomènes de foire! La guerre est déclarée! Vous allez voir de quel bois on se chauffe, on va vous faire voir ce qu’est la vraie magie! Tremblez Poildus!... Etc… Signé Kolthar Suitaume poussa plusieurs borborygmes après avoir lu le texte. Tout sorcier qu’était l’auteur de cette lettre, cela relevait du grand psychopathe, du délire, du psychopoilopathe. Cette lettre lui rappelait la vieille affaire du plombier dézingueur qui envoyait des lettres leurres pour noyer le poisson. Pour le profileur, il y avait comme une évidence, une mascarade qui sautait aux yeux… Cette lettre sonnait faux, sonnait creux, trop fanfaronne, chargée de trop de mots, de trop d’idées générales. Pourquoi ces soi-disant sorciers sortaient-ils de l’ombre précisément maintenant? Suitaume posa la question… “Parce qu’ils n’ont pas supporté que les livres de Bowling les ridiculisent.” Expliqua Coch Honnery. “C’est complètement con!” S’énerva le commissaire. “Les sorciers le sont pas assez pour vouloir prendre le pouvoir à cause d’un stupide bouquin pour enfants! — Les pays envoient bien leurs meilleurs pisteurs sur les traces du livre” Fit Jimmy Lehola avec pertinence. “Non! Y a pas que ça. Cette lettre est trop démesurée… Les sorciers sont puissants que dans l’ombre… Mener une action officielle c’est contre nature pour eux! Y a autre chose j’vous dis! On nous distrait avec la main droite pour pas qu’on voit ce que fout la main gauche! — Alors que fait-on?” demanda Honnery. Suitaume jeta un oeil sur Bombo Lundi qui commençait à s’agiter doucement, le borborygme au coin des lèvres. “Il a dit quelque chose? — Rien,” Confirma le mafieux. “une vraie tombe. J’ai l’impression qu’il ne sait rien.” Suitaume se leva sans un mot et disparut dans la pièce d’à côté. Il revint au bout de deux ou trois minutes, toujours silencieux, et monta à l’étage. Honnery et Lehola se regardèrent sans comprendre. Lorsque le policier français redescendit, il dissimulait quelque chose dans son dos. Il fit signe aux deux hommes de maintenir Bombo Lundi et il revint se placer devant le vaudouiste qui ouvrait des yeux hagards. “Re-salut, grand-père! Eh non, je suis pas mort, tes copains zombies ont raté leur coup. Dis moi gentiment où je peux trouver ton chef…” Le Noir cracha par terre pour signifier son mépris. Le commissaire sortit la main de derrière son dos… Dedans, une poupée, toute moche, toute rabougrie, toute sale, toute noire, mais une poupée, avec un chapeau haut de forme… De l’autre main, sans ménagement, il arracha deux ou trois cheveux au vieillard récalcitrant qui poussa un petit cri de moineau affolé. Suitaume colla la moumoute sur la poupée et sortit une aiguille de sa poche. “Je crois, grand-père, que tu te piques d’être un spécialiste en ensorcellement.” avança le policier en esquissant un sourire de béatitude non fint. “ Je n’ai encore jamais piqué un spécialiste qui se piquait d’en être un… Une petite piqûre, sa vaudou les trésors… — Non… NON!!!” Suitaume picota l’épaule avec un plaisir malsain. Le sorcier hurla. “Assez! Je vous dirai… je vous dirai tout! — Oui, grand-père?... — Je vous jure que je ne sais pas où est se trouve Kohltar… Mais je sais qui a enlevé Ralacliffe et qui a volé le manuscrit… C’est Alcazar, Alcazar le potionneur! — Où? — En Angleterre. — Mais encore?” Hésitation. Poupée, aiguille, regard sombre et pétillant. “C’est un homme très connu…” Il hésita encore. “Je ne veux le dire qu’à vous!” Suitaume regarda ses deux homologues avec un demi-sourire et pencha son oreille jusqu’aux lèvres de Bombo Lundi qui lâcha le morceau. En entendant le nom qui servait de couverture à Alcazar, Suitaume écarquilla les yeux. “NON?! — Si… — INCROYABLE! — Quoi? Qui?” firent de concert les deux Anglo-saxons. — Vous devinerez jamais…” |