La peur de l'étrange
(par Awoken)(Thème : Contraintes mixĂ©es)
Cela faisait plusieurs jours qu'il l'observait. Il détaillait ses allées et venues, son comportement face aux autres élèves.
Il avait l'air gentil.
S'il n'y avait que cela, Azazel serait allé à sa rencontre très vite, cependant, une chose clochait chez ce chat. Il disparaissait pour reparaître quelques secondes ou minutes plus tard.
Le jeune félin n'arrivait pas à comprendre le fonctionnement de son homologue, et cela le rendait quelque peu méfiant.
En fait, cela faisait bien un mois qu'il le suivait. Il voulait apprendre à le connaître, devenir son ami. Mais, et il ne pouvait se l'avouer à lui même, il avait surtout peur de la réaction de son semblable.
— Qu'est-ce que tu regardes ?
Le matou s'envola dans un sursaut jusqu'aux faîte du bâtiment de l'Académie.
— Ah ! C'est toi. - dit-il en redescendant de son perchoir.
— Eh ben ! Quel enthousiasme dit moi ! - ironisa JosĂ©phine.
— « Il n'est pas d'ami sans dĂ©faut ». - rĂ©pondit-il en arborant un air savant.
— Qu'est-ce que tu baragouine encore ?!
— Un proverbe. Que me voulais-tu ?
— Savoir ce que tu regardais.
— Personne voyons.
— ArrĂŞtes de me prendre pour une bille, - s'irrita-t-elle - ça fais des jours que je te vois en train d'Ă©pier, cachĂ© derrière des murs ou sur les toits.
— « L'habit ne fait pas le moine », comment es-tu sure que j'observe quelqu'un ?!
— « La langue du muet vaut mieux que celle du menteur. » Tu n'es pas le seul Ă connaĂ®tre des proverbes.
— Tu te moqueras pas de moi ?
— Pourquoi je ferais ça ?
— « La moquerie est souvent le rĂ©sultat d'une pauvretĂ© d'esprit. »
— Tu insinues quoi lĂ ?
— Rien ! Rien ! - s'excusa Azazel en se rendant compte de ce qu'il venait de dire -, c'est sorti tout seul !
Joséphine s'était assise devant son ami et le regardait toujours, un air offensé peint sur le visage. Elle lui fit signe de continuer.
— Tu connais le chat bizarre ?
— Bien sĂ»r, il se tient juste devant moi.
— Très bien parce que… Eh ! Je te parle pas de moi !
La jeune femme arborait de nouveau son immense sourire et avait les yeux qui pétillaient de malice.
Le félin reprit contenance et continua.
— Je te parle de ce chat qui apparaĂ®t et disparaĂ®t sans prĂ©venir.
— Schrödinger !
— Comment ça Schrödinger ?
— C'est son nom, et accessoirement le nom de son crĂ©ateur. C'est le chat de Schrödinger.
— Le chat quantique ?!
— Vouip.
— Mais c'est super dangereux, -commença-t-il Ă paniquer -, il peut dĂ©truire l'AcadĂ©mie Ă tout moment !
— Je crois pas, il n'influence rien de ce qui l'entoure Ă ce que je sache.
— Tu as sans doute raison… « La chevrette n'a pas peur des cornes de sa mère. »
— D'oĂą tu sort tout ces proverbes ?
— D'un manuscrit sur lequel j'ai dormi cette nuit, Ă la bibliothèque. « La lecture estompe l'ignorance dès le dĂ©but et ravive la connaissance toute la vie. »
— Joli !
Après quelques minutes de flottement, Azazel se décida enfin.
— Tu vas sĂ»rement me prendre pour une mauviette mais… Tu veux bien venir avec moi et me prĂ©senter Ă Schrödinger ?
— Tu es une courageuse mauviette. Allons-y !
Et c'est donc ainsi qu'Azazel parvint enfin à sortir de l'ombre et à se présenter aux membres de l'Académie.