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Sparfell ex-chevalier![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Le gardien(par Zandra-Chan)Elle s'assit brusquement sur le lit, émergeant du sommeil comme on émerge de flots tumultueux : trempée de sueur, le souffle court et les yeux hagards. Elle peinait encore à retrouver son haleine qu’elle fouillait déjà les alentours du regard. Elle se souvenait de la forêt, d’y avoir été traînée de force, qu’elle était un “sacrifice”, que les hommes qui l’escortaient avaient fui face à un monstre. Et ce monstre n’était en vue nulle part. Elle ne reconnaissait rien de cette grande salle aux murs noueux, au plafond haut et éclairée par un feu violacé qui brûlait sans fumée dans une étrange cheminée ligneuse. La couverture qui l’enveloppait, tissée d’épaisses et duveteuses feuilles d’arbre, lui était toute aussi inconnue.
Un semblant de calme retrouvé, elle détailla réellement ce qui l’entourait. Les murs n’étaient qu’un agglomérat de branches et de racines… qui auraient poussé avec l’intention de dessiner la pièce. Le sol semblait avoir suivi la même logique et s’en trouvait légèrement irrégulier. Le feu qui brûlait plus loin, d’une surprenante teinte violine, dispensait une lumière douce et chaleureuse sur le bois vert des cloisons naturelles. Cette clarté n’était arrêtée, ici et là , que par quelques rares meubles : le lit dans lequel elle se trouvait – long et large, digne d’un noble au moins –, une sobre table à pied unique qui paraissait naître du sol et son tabouret, un grand fauteuil installé face au feu… et un berceau. Un berceau ?! Sa méfiance s’envola. Elle se leva précipitamment, lutta un instant contre des vertiges, avant de courir maladroitement jusqu’au couffin. Il était vide. Elle aurait sans doute soupiré de déception si elle n’avait perçu une voix directement dans sa tête. Oh, vous êtes réveillée ? Elle manqua de basculer en arrière en remarquant que le fauteuil, à un pas d’elle, était occupé. Le monstre était là . Cette chose velue, à crocs et à cornes, la fixait avec un étonnement manifeste. Quand elle parvint à détacher son regard du sien, elle remarqua le bébé qui dormait dans ses bras. Elle le lui arracha sans sommation. Son instinct lui intimait de protéger l’enfant. Son enfant. Celui qui avait été sacrifié. Son cœur vacilla. Ses pieds aussi. Elle retrouva son aplomb, pour reculer en une posture défensive, quand la créature se leva de son siège. Cachant le petit tout contre elle, la femme se mit à vociférer, promettant mille douleurs à la chose qui lui faisait face si elle avait le malheur d’avancer. Le monstre ne sembla pas s’en offusquer, mais demeura pourtant sur place. Elle se savait prise au piège. Elle n’avait vu ni porte ni fenêtre à cette grande pièce. Elle ne pourrait échapper à cette chose cornue. Alors, tel un rat pris au piège, elle préférait encore mordre que se laisser dévorer sans réagir. Plus encore à présent qu’elle avait retrouvé son petit. Son tout petit qu’elle avait échoué à protéger une première fois. Il n’y aurait pas de seconde. Le bambin émit un petit geignement en s’éveillant. Il était sur le point de pleurer quand sa mère, soudain douce et sereine, le rassura de quelques mots, d’une caresse. Son enfant calmé, elle reprit immédiatement une expression dure et méfiante. Le monstre avait suivit la femme des yeux sans réagir. Et puisqu’il était debout, face à elle et baigné par la lumière de la cheminée, elle pouvait enfin le détailler. Sa tête, malgré des proportions humaines, rappelait celle d’un bouc. Les deux longues cornes enroulées qui ornaient le sommet de son crâne en étaient responsables. Les crocs qui dépassaient de sa bouche évoquaient bien davantage un dangereux prédateur. Ses oreilles, un placide bovidé. Ses longs bras se terminaient par des mains à quatre doigts griffus. Ses jambes arquées étaient celles d’un grand félin. Une queue à l’extrémité touffue se balançait derrière lui. Son pelage, d’un noir qui semblait boire la lumière sur le dos, était d’un blanc pâle sur le cou, le ventre et l’intérieur des bras et jambes. “Monstre” était le seul terme qui venait à l’esprit de la jeune maman pour décrire la chose qui se tenait en face d’elle.
Un monstre qui, loin de la menacer, la regardait avec quiétude. Il suffit pourtant qu’il pointe un de ses doigts griffus vers elle pour qu’elle soit prête à bondir.
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