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Léa![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Le contrat(par Zandra-Chan)Selene regarda le camion de déménageurs s’éloigner, dépitée. Elle s’était faite avoir. Elle. Une agent d’assurance, experte des contrats. Vrai qu’elle travaillait trop depuis plusieurs mois, mais elle avait dû être particulièrement fatiguée le jour où elle avait signé pour ne pas réaliser que le service s’arrêtait à la livraison. Et ce n’était pas avec ses cinquante kilos toute mouillée qu’elle allait déplacer le réfrigérateur – ou la machine à laver – depuis le trottoir, à travers le petit jardin à la végétation sauvage, jusqu’à sa maison nouvellement acquise. La jeune femme se massa lentement la tempe, les yeux plissés par la réflexion. Faire appel au même service de déménagement pour terminer le travail serait ridicule. En appeler un autre le serait tout autant. Demander de l’aide à un voisin ? Elle avait déménagé justement pour ne plus en avoir à proximité. Le plus proche devait être à une bonne vingtaine de minutes à pied de là … et pas forcément disposé à aider une parfaite inconnue pour un tel labeur. Encore moins une inconnue visiblement épuisée par son travail, aux cheveux en bataille d’avoir remué ciel et terre pour ce changement de maison et au style vestimentaire qu’il valait mieux qualifier de “pratique”. Assise sur son congélateur vide, elle contemplait son amas de possessions. Pourquoi fallait-il qu’elle ait autant d’affaires ? Même en omettant le lit, le canapé, les bibliothèques et les gros électroménagers, transporter ces piles de cartons de vêtements, ces tours de cartons de babioles, ces montagnes de cartons de livres… Urgh. Elle était fatiguée rien qu’à les regarder. Pourtant, il fallait bien qu’elle y fasse quelque chose.
Elle n’avait apporté qu’un carton. Un seul. Un bien précis. Elle le déposa au bas des marches, dans la petite cave aménagée. C’était en partie pour cette pièce qu’elle avait arrêté son choix sur cette maison. Elle ne pensait simplement pas s’en servir ainsi si tôt. Elle avait longuement hésité, mais elle ne voyait pas de meilleure solution. Le scotch fut arraché d’un mouvement presque agacé. À mesure qu’elle tirait son matériel de la boîte marron, son expression s’assombrissait. Qu’est-ce qu’elle pouvait bien échanger ? Des biens ? Non, elle s’était séparée de tout superflu avant de déménager. L’image de sa pile de cartons lui revint. Bon… Presque tout le superflu. Passons. Ils n’auraient que faire de la monnaie et un tribut plus lourd était parfaitement hors de question. Elle soupira. Elle allait devoir marchander un contrat pas trop “cher”.
Selene vĂ©rifia le cercle d’invocation une Ă©nième fois avant de craquer l’allumette qui devait en embraser le texte. Les runes noires se mirent Ă rougeoyer, puis Ă luire avant que de courtes flammes ne naissent. Les langues de feu prirent soudain de l’ampleur, venant lĂ©cher le plafond, avant de redescendre pour laisser apparaĂ®tre un ĂŞtre aussi haut que large, cornu, griffu et Ă la peau rouge sang. Sa voix gutturale s’éleva, faisant trembler les murs qui reflĂ©taient la lumière carmin. — Par le pouvoir du sang et des flammes, je suis invoquĂ©. Quel mortel ose- — Oh, c’est bon, arrĂŞtez cette comĂ©die. Je n’ai pas de temps Ă perdre. — Mais- — J’ai besoin de bras. Autant que possible, pour pas cher. Vous avez quoi ? L’invoquĂ© demeura muet un instant, avant de reprendre avec une voix banale. — … vous avez besoin de quoi ? — De bras. — … pour vous les attacher ?
Le dĂ©mon s'esclaffa. — Z’êtes en train de me dire que vous voulez invoquer des dĂ©mons pour vous aider avec votre dĂ©mĂ©nagement ?! — Ah, hĂ©, hein ! VoilĂ ! Si j’avais eu une autre solution, je l’aurais prise ! vocifĂ©ra l’invocatrice. Maintenant j’ai posĂ© une question : combien je peux avoir de dĂ©mons Ă mon service pour pas cher ? Et prĂ©cisez le prix, hein ! Son interlocuteur se retint difficilement de rire Ă nouveau pour rĂ©flĂ©chir sĂ©rieusement Ă la demande. — Ah, ma Dame… C’est que c’est pas simple c’que vous me d’mandez lĂ . Selene eut la surprise de voir le dĂ©mon sortir une paire de lunettes – qu’il enfila – d’une poche invisible et d’invoquer un classeur flottant. — Tiens… Vous ĂŞtes passĂ© au système administratif humain ? s’enquit-elle. — … plus pratique, rĂ©pondit l’intĂ©ressĂ©. Surtout pour les contrats avec les humains, justement. Il tira une feuille du classeur. — Je vois que vous avez dĂ©jĂ fait appel Ă nous… il y a plus de dix ans ! Il dĂ©visagea son invocatrice quelques secondes. MalgrĂ© son air fatiguĂ©, elle devait avoir tout juste la vingtaine. — Une erreur de jeunesse ? — On va dire ça, lâcha la jeune femme entre les dents. Et pour mon coup de main ? Ces flammes ont beau ĂŞtre magiques, il commence Ă faire chaud, Ă cause de votre cercle d’invocation, là … |