“Attention mesdames et messieurs, dans un instant on va commencer ! Installez vous dans vos fauteuils bien gentiment. 5, 4, 3, 2, 1, 0, partez !”

Une explosion suivie de la chute de confettis fini d’attirer les badaux vers le lieu du spectacle. Au centre de la place, debout sur un chariot aux couleurs criardes, un homme portant un manteau long brodé d’étoiles haranguait la foule.

“Mesdames et messieurs, devant vos yeux ébahis, rien que pour vous, aujourd'hui, moi, le grrrrrrrrrand Nethar, je vous offre mon aide.

— Pour quoi ?” Demanda une voix faussement dubitative dans l’assemblĂ©e.

“Excellente question ! Et j’ai la rĂ©ponse. La rĂ©ponse Ă  tous les maux ! Les liefs pendants des annĂ©es ont gardĂ© pour eux le secret de leurs pouvoirs, pendant des annĂ©es ils vous ont obligĂ©s Ă  faire des voyages longs et fatigants, Ă  payer des sommes mirobolantes pour daigner soigner vos corps meurtris. Cette Ă©poque est rĂ©volue, mes amis ! Car voici !”

Il tira discrètement sur une ficelle et une nouvelle explosion eut lieu, la fumée occasionnée donna le temps à l’homme de prendre un flacon derrière lui sans se faire voir. Il brandit la fiole face à l’assemblée.

“Car voici, mes bon amis, la panacĂ©e ! Cette fiole, mes amis, contient Ă  elle seule la rĂ©ponse Ă  tous vos maux ! La maladie, les blessures, la cĂ©citĂ©, rien ne lui rĂ©siste ! Et pour prouver ma bonne foi, je vais choisir parmi vous, complètement au hasard, une personne qui voudra bien tester devant vous ma potion.” Il fit un instant mine de chercher dans le public, personne ne mouftait. “Qui sera assez courageux pour venir tenter sa chance ?” Tous le regardaient, incrĂ©dules. Soudain, une main frĂŞle se leva.

“Moi !” Ce disant, un homme voĂ»tĂ©, Ă  la longue barbe tombante, s’approcha de l’estrade. “J’ai travaillĂ© tant qu’mon dos est en miette. J’suis plus bon Ă  rien et j’ai donc plus rien Ă  perdre. Filez donc votre bibine que j’vois si qu’vous ĂŞtes pas un fariboleur…”

Confiant, le pseudo-mage donna son produit au volontaire. Celui-ci, sans hésiter, but la solution d’une traite. Pendant plusieurs minutes, une foule de regards convergea vers la silhouette ratatinée qui, soudain, commença à se redresser. Au bout d’un moment, il se tint tout à fait droit, l’air faussement surpris.

“J’pus mal… J’ai pus mal ! C’t’un miracle ! Que quelqu’un m’file une bĂŞche ! J'm'en retourne aux champs !”

Une fois le miraculé parti, un brouhaha commença à s’élever. Le marchand apaisa rapidement la foule et dit d’une voix haute et claire.

“Mesdames, messieurs, cette potion, c’est pour vous que je l’ai faite ! Je ne suis lĂ  que pour aider mon prochain. Cette fiole, mes amis, ne coĂ»te que vingt shekels d’argent, pas plus, pas moins !”

Le brouhaha redoubla d'intensité et les premières fioles furent achetées.

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Le soir venu, le grand Nethar remballa tranquillement son échoppe et quitta le village, le sourire aux lèvres et les poches remplies.

A la porte de la bourgade, un jeune homme aux joues tachĂ©es de rousseurs, portant un sac de linge sur l’épaule, sauta prestement dans la carriole et s’installa aux cĂ´tĂ©s du marchand. Ils restèrent un quart d’heure silencieux avant que l'assistant ne demande :

“Combien qu’ça a rapportĂ© ?

— Oh, bien cinquante shekels d’or ! De quoi vivre comme des marquis quelques jours.

— Z’êtes un sacré charlatan tout d’même.

— Tu t’es vu avant de parler ?! Et puis… Je ne les trompe pas complètement…

— Comment ça ?

— Le produit que je vend est un fortifiant, il aide bien à guérir les maladies et les blessures. C’est juste moins rapide que la magie lief.”