L’horloge sonna 9 h pile. C’était l’heure du réveil de Martin, un jeune agent immobilier. Sa journée démarrerait une heure plus tard, il avait bien le temps. Il pensait déjà au week-end qui arriverait à la fin de la journée. Il savait que ce n’était pas bien d’avoir déjà la tête ailleurs, mais c’était plus fort que lui. Qui pourrait l’en blâmer ?
Après le petit-déjeuner avalé, il sortit de chez lui et s’approcha de sa voiture. Quelqu’un avait roulé dans une flaque de boue et son pare-choc avait été tout aspergé. On ne voyait plus qu’un seul chiffre sur sa plaque d’immatriculation. Il n’allait quand même pas resté comme cela. Martin alla chercher un chiffon et essuya sa plaque. Le 8 laissé seul retrouva rapidement ses voisins. Malheureusement, à cause de ce petit incident, le jeune homme arriva en retard à l’agence. Son patron le lui fit remarquer aussitôt.
— Monsieur Dumont, vous avez sept minutes de retard. C’est inacceptable. Que cela ne se reproduise pas ou il y aura des consĂ©quences.
Martin resta coi devant son supérieur. Sa voisine de bureau, Charline, le rassura, lui disant que leur patron était irritable aujourd’hui car il avait eu une dispute avec sa femme. De ce qu’elle avait compris, il avait oublié leur sixième anniversaire de mariage. Charline fut prise d’un fou rire. Martin l’accompagna. Ils s’arrêtèrent peu de temps après, alors qu’une famille entrait dans l’agence, un couple accompagné de leurs trois enfants.
— Bonjour, dit l’époux, nous venons pour visiter la maison Ă quelques rues d’ici. Dans le panneau, il y est indiquĂ© que c’est vous qui la gĂ©rez.
— Ă€ quelle adresse ? demanda Martin.
— C’est au 4, impasse des mĂ©sanges.
— Attendez un instant…
Martin consulta son ordinateur un court instant. Ils avaient raison. Ce n’était normalement pas lui qui gérait ce dossier là , mais son collègue semblait de sortie. Il se leva, alla chercher la clé de la maison en question dans le bureau qui n’était pas le sien et retourna vers Charline.
— Il m’en voudra pas, hein ? demanda Martin.
— Oh, mais bien sĂ»r qu’il t’en voudra. Mais fonce, rajouta-t-elle avec un clin d’œil.
L’agent immobilier et la famille allèrent jusqu’à la maison qui les intéressait. En chemin, il leur avait demandé quel était leur budget, leur besoin et tout ce qui pouvait faire avancer le dossier.
— Vous avez de la chance que je ne sois pas spĂ©cialement occupĂ© ce matin. Normalement, le dĂ©lai, c’est trois jours…
— C’est Ă dire ? demanda l’épouse.
— C’est Ă dire que vous demandez trois jours avant minimum, de sorte Ă ce qu’on puisse convenir d’un rendez-vous.
Le couple s’excusa pour son impertinence, mais Martin leur répondit qu’il n’y avait aucun problème, puisqu’il était, comme il leur avait dit, disponible. La visite se passa plutôt bien et la famille toute entière était très emballée. Martin leur expliqua toutes les modalités et leur proposa un rendez-vous.
— Et une fois qu’on a payĂ©, demanda le mari.
— On vous donne la clĂ© et son double, et… et on se dit au revoir.
— Très bien. Merci pour tout, monsieur…
— Monsieur Dumont. Martin Dumont. On se revoit donc jeudi prochain.
La famille s’éloigna, apparemment plus que satisfaite. Martin traversa la route et entendit un moteur rugir. Il tourna la tête. Une voiture. Un choc. Dans la rue, plus personne.