L'Académie de Lu





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Un jour viendra

(par Ellumyne)
(Thème : chambre)



Il était une fois, une magnifique princesse, dont les cheveux blonds comme les blés virevoltaient jusqu’au sol. Ils balayaient le plancher en bois vermoulu, soulevant des grains de poussière, tandis que la jeune femme faisait les cent pas dans la petite pièce qui lui servait de logement.

— Maitresse ! S’il vous plait, laissez-moi finir de vous coiffer.

— Marie, je crois que mon cĹ“ur va exploser. Vous rendez-vous compte ? Aujourd’hui, mon prince charmant va venir me libĂ©rer de cette odieuse tour !

— En effet, et je suis lĂ  pour vous rendre encore plus belle que d’habitude. Mais il faut vous laisser fai... AĂŻe !

La domestique grimaça et essaya tant bien que mal de retenir ses larmes. Son gros orteil avait manqué de peu de se faire embrocher par le talon aiguille qui chaussait les pieds graciles de la princesse Adelia. Cette dernière qui, plongée dans ses pensées, n’avait rien remarqué, se retourna brusquement.

— Maria !

— Oui MaĂ®tresse ?

— Entends-tu ce doux bruit au loin ? Seraient-ce le galop d’un cheval ?

Adelia se précipita vers l’unique fenêtre de la tour et posa son regard au loin. Sa domestique en profita pour s’approcher subrepticement, attraper la longue chevelure et la rouler habilement en un joli chignon avant d’accrocher le tout avec deux épingles. Un hennissement résonna au bas de l’édifice suivi d’un bruit mou. Le cavalier était descendu de sa monture, mais aucun tintement métallique ne vibra dans l’air.

— OhĂ© ! Oh Héééé ! Y’a quelqu’un lĂ -haut ?

— Oui ! Oh, beau chevalier ! Etes-vous venu pour me sauver ? Hum, vous n’avez pourtant pas l’air d’être en armure ?

— Ah. Euh. Vous sauver ? Mais vous sauver de quoi ? hurla le nouveau venu avant de murmurer dans sa barde. Merde. Merde. Personne ne m’a prĂ©venu qu’il risquait d’y avoir danger. C’t’arnaque.

— Que dites-vous ? Vous n’avez pas affrontĂ© la dragonne, gardienne ancestrale de cette tour ?

— Une dragonne ? Je ne connais que celle de mon Ă©pĂ©e, hahaha. Que j’ai. Euh. LaissĂ©e chez moi… Attendez ! Je monte vous chercher.

Le chevalier força la porte du bas d’un coup d’épaule, avant de monter tranquillement les marches en pierre. Seul un froufroutement presque inaudible annonçait son arrivée.

— Bonjour belle demoiselle ! Venez que je vous embrasse !

La princesse Adelia recula Ă  sa vue.

— Mais… Qui ĂŞtes-vous ?

— Je suis le chevalier de Gonford ! Fils de Hector de Gonford, connu dans tout le royaume, voyons !

— Che…Chevalier ? Mais… Votre armure ? Votre Ă©pĂ©e ? Votre blason ?

Le jeune homme observa ses mains nues avant de tourner sur lui-même, ce qui fit tournoyer sa robe de chambre ainsi que le gros pompon de son bonnet de nuit. Il souleva son bras droit afin de renifler son aisselle et fronça le nez face à l’odeur âcre qui s’en dégageait.

— Effectivement, je suis peut-être parti un peu vite. On m’a dit qu’il y avait une nana à sauver, moi, j’y vais quoi…

Il se tut face au regard assassin de la princesse dont les yeux habituellement d’un bleu cristallin, se tintèrent d’un éclat aussi noir que la colère qu’elle éprouvait envers ce pécore.

— Sortez de chez moi, vile crĂ©ature puante et mal rasĂ©e !

— Mais… J’ai fait du chemin pour venir juqu’…

— Dehors !

Penaud, le chevalier sortit dehors, ses chaussons raclant le sol de la pièce.

La princesse l’accompagna jusqu’en bas et referma violemment la porte de la tour dans son dos. Le claquement de la clenche en métal effraya le cheval qui partit au grand galop à travers la forêt, laissant le pauvre hère tout seul. Il aurait mieux fait de rester au lit ce matin.




























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