L'Académie de Lu





Pas encore inscrit ? /


Lien d'invitation discord : https://discord.gg/5GEqPrwCEY


Tous les thèmes
Rechercher dans le texte ou le titre
Expression exacte
Rechercher par auteur
Rechercher par type de défi
Tous les textes


PseudoMot de passe

Mot de passe perdu ?


Discussion

(par Awoken)
(Thème : dispositifs)



“A la bonne votre, messire !

— Bien dit ! Levons nos verres pour le duc Kreo de Mureith !”


Toute la tablée leva son verre, seul l'intéressé resta impassible. L’oeil sombre, il fixait ses mains rouges, l’une caressant une cicatrice blanche sur le dos de la deuxième. l’un des convives le sortit de sa rêverie en l’invectivant.


“C’est une mine bien sombre que vous nous offrez lĂ , messire ! Allons ! Souriez ! Vous en avez bien le droit après les durs mois que vous venez de vivre !

— DĂ©cidĂ©ment !” Ajouta un autre homme, fier et Ă  l'Ĺ“il hautain. “Je crois bien ne jamais vous avoir vu sourire mon cher duc ! Cela vous ferait-il donc si mal ?

— Et puis vous affichez toujours un air si sombre !” Continua un gobelin aux yeux avides. “N’y a-t-il rien qui puisse vous dĂ©crisper un peu ?

— Faudrait peut-ĂŞtre arriver Ă  trouver de quoi le dĂ©rider un peu ! Un peu de bon vin ?”


L’homme-dragon refusa d’un geste. Il n’était pas dans ses habitudes de boire de l’alcool. De sourire non plus d’ailleurs.


“Gardez votre vin, mon ami. J’ai l'alcool en horreur et le vin tout particulièrement. Quant-à sourire, encore faudrait-il que j’en ai envie.

— Heh ! Eh bien !” S’exclama l’humain Ă  son cĂ´tĂ©. “Vous voudriez gâcher l’ambiance que vous ne vous y prendriez pas mieux, messire !

— Il est vrai que je ne suis pas quelqu’un de festif.” Il se leva. “Veuillez m’excuser.”


Le tiefflin, après s’être faufilé entre les convives avec une aisance rare, sortit dans le jardin. Là, au milieu des arbres aux feuilles rousses, entouré des odeurs de l’été finissant, il respira l’air frais du soir à grands poumons. La fête, les gens, ça n’était pas son fort. Il s’avança un peu plus dehors. A ses yeux s’offrait un paysage tranquille, devant, une petite étendue herbeuse parfaitement entretenue. En contrebas, un étang d’eau claire miroitait sous la lune. Plus loin encore, des arbres centenaires se dressaient, fiers. Enfin, à l’horizon s’étendaient des montagnes, noires, se détachant à grand peine du ciel ou de rares étoiles moqueuses se détachaient.

Le duc profita un instant de la fraîcheur nocturne avant de sentir une présence arriver dans son dos. Il souffla.


“Je n’ai pas besoin de compagnie. Merci.

— Kreo… Je n’aime pas vous savoir seul, mon ami.”


Le jeune lief, visiblement de bonne famille, vint à hauteur de son invité. Le semi-dragon pu lire de l’inquiétude dans les yeux de son jeune ami. Il était la seule personne que le guerrier respectait un tant soit peu dans ce monde fourbe. Il soupira.


“Laissez donc le vieil être bourru que je suis et retournez faire la fête. Vous êtes l’hôte, ce soir. Ne manquez pas à vos devoirs par amitié pour moi.

— Mon devoir est de ne pas laisser un invité se morfondre seul dans mon jardin.”


Le jeune aristocrate leva un regard suppliant sur son ami. Lui non plus n’aimait pas les mondanités, seul son statut l’obligeait à recevoir du beau monde. Le vieux duc finit par accepter. Les deux êtres se mirent en marche, suivant d’un pas lent le chemin de terre serpentant entre les buissons. Voyant son compagnon caresser une nouvelle fois sa cicatrice, le lief choisit finalement de rompre le silence.


“Ne m’aviez-vous pas dit que vous me raconteriez l’histoire de cette marque un jour ?

— Oriyn… Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moment.

— Puisque je vous le demande !

— Que voulez-vous savoir exactement ?

— Racontez-moi tout !

— Seulement ?!... Bon…” Il resta un moment dans le vague avant de se lancer. “Dans ma jeunesse, j'Ă©tais curieux de tout, je cherchais, faisais des expĂ©riences, j’inventais des dispositifs tous plus tordus les uns que les autres… Mon père m’encourageait Ă  cultiver ma curiositĂ©. Je me croyais alors vouĂ© au milieu scientifique et non Ă  l’armĂ©e. Cette cicatrice marque la bascule entre ces deux Ă©tats d’esprits. Mon père Ă©tait un homme riche, pas duc, mais aisĂ©. Notre nom Ă©tait respectĂ©. Il m’a fallu attendre mes quatorze ans pour dĂ©couvrir que sa rĂ©putation Ă©tait fondĂ©e sur la vilenie et les crimes odieux d’un passĂ© que mon père croyait rĂ©volu. Il se trompait on ne peut plus lourdement. L’annĂ©e de mes quatorze ans, son passĂ© le rattrapa de la pire manière qui soit. En quelques jours, il perdit tout, son argent, sa maison, sa renommĂ©e, sa famille… Sa vie. Il ne me resta rien, si ce n’est le dĂ©sir ardent de redorer mon nom, d’acquĂ©rir l’honneur qu’il n’avait jamais eu. Pour celĂ , j’ai fait le vĹ“ux de donner ma vie Ă  mon pays, peu importe les prĂ©jugĂ©s sur mon espèce, peu importe ma jeunesse. Je me suis engagĂ© dans l’armĂ©e. Cette cicatrice, je l’ai reçue le premier jour de mon entraĂ®nement. Mon instructeur me l’a donnĂ© pour bien me faire comprendre que je n’étais pas Ă  ma place et que je n’arriverais jamais Ă  rien.” Le duc ouvrit les bras pour se dĂ©signer lui-mĂŞme. “J’ai luttĂ© pour lui montrer qu’il avait tort. Et voilĂ  oĂą j’en suis ! Malheureux mais riche, respectĂ© et plein d’honneurs.”




























© 2021 • Conditions générales d'utilisationsMentions légalesHaut de page