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Vic![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Discussion(par Awoken)“A la bonne votre, messire ! — Bien dit ! Levons nos verres pour le duc Kreo de Mureith !”
Toute la tablée leva son verre, seul l'intéressé resta impassible. L’oeil sombre, il fixait ses mains rouges, l’une caressant une cicatrice blanche sur le dos de la deuxième. l’un des convives le sortit de sa rêverie en l’invectivant.
“C’est une mine bien sombre que vous nous offrez là , messire ! Allons ! Souriez ! Vous en avez bien le droit après les durs mois que vous venez de vivre ! — Décidément !” Ajouta un autre homme, fier et à l'œil hautain. “Je crois bien ne jamais vous avoir vu sourire mon cher duc ! Cela vous ferait-il donc si mal ? — Et puis vous affichez toujours un air si sombre !” Continua un gobelin aux yeux avides. “N’y a-t-il rien qui puisse vous décrisper un peu ? — Faudrait peut-être arriver à trouver de quoi le dérider un peu ! Un peu de bon vin ?”
L’homme-dragon refusa d’un geste. Il n’était pas dans ses habitudes de boire de l’alcool. De sourire non plus d’ailleurs.
“Gardez votre vin, mon ami. J’ai l'alcool en horreur et le vin tout particulièrement. Quant-à sourire, encore faudrait-il que j’en ai envie. — Heh ! Eh bien !” S’exclama l’humain à son côté. “Vous voudriez gâcher l’ambiance que vous ne vous y prendriez pas mieux, messire ! — Il est vrai que je ne suis pas quelqu’un de festif.” Il se leva. “Veuillez m’excuser.”
Le tiefflin, après s’être faufilé entre les convives avec une aisance rare, sortit dans le jardin. Là , au milieu des arbres aux feuilles rousses, entouré des odeurs de l’été finissant, il respira l’air frais du soir à grands poumons. La fête, les gens, ça n’était pas son fort. Il s’avança un peu plus dehors. A ses yeux s’offrait un paysage tranquille, devant, une petite étendue herbeuse parfaitement entretenue. En contrebas, un étang d’eau claire miroitait sous la lune. Plus loin encore, des arbres centenaires se dressaient, fiers. Enfin, à l’horizon s’étendaient des montagnes, noires, se détachant à grand peine du ciel ou de rares étoiles moqueuses se détachaient. Le duc profita un instant de la fraîcheur nocturne avant de sentir une présence arriver dans son dos. Il souffla.
“Je n’ai pas besoin de compagnie. Merci. — Kreo… Je n’aime pas vous savoir seul, mon ami.”
Le jeune lief, visiblement de bonne famille, vint à hauteur de son invité. Le semi-dragon pu lire de l’inquiétude dans les yeux de son jeune ami. Il était la seule personne que le guerrier respectait un tant soit peu dans ce monde fourbe. Il soupira.
“Laissez donc le vieil être bourru que je suis et retournez faire la fête. Vous êtes l’hôte, ce soir. Ne manquez pas à vos devoirs par amitié pour moi. — Mon devoir est de ne pas laisser un invité se morfondre seul dans mon jardin.”
Le jeune aristocrate leva un regard suppliant sur son ami. Lui non plus n’aimait pas les mondanités, seul son statut l’obligeait à recevoir du beau monde. Le vieux duc finit par accepter. Les deux êtres se mirent en marche, suivant d’un pas lent le chemin de terre serpentant entre les buissons. Voyant son compagnon caresser une nouvelle fois sa cicatrice, le lief choisit finalement de rompre le silence.
“Ne m’aviez-vous pas dit que vous me raconteriez l’histoire de cette marque un jour ? — Oriyn… Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moment. — Puisque je vous le demande ! — Que voulez-vous savoir exactement ? — Racontez-moi tout ! — Seulement ?!... Bon…” Il resta un moment dans le vague avant de se lancer. “Dans ma jeunesse, j'étais curieux de tout, je cherchais, faisais des expériences, j’inventais des dispositifs tous plus tordus les uns que les autres… Mon père m’encourageait à cultiver ma curiosité. Je me croyais alors voué au milieu scientifique et non à l’armée. Cette cicatrice marque la bascule entre ces deux états d’esprits. Mon père était un homme riche, pas duc, mais aisé. Notre nom était respecté. Il m’a fallu attendre mes quatorze ans pour découvrir que sa réputation était fondée sur la vilenie et les crimes odieux d’un passé que mon père croyait révolu. Il se trompait on ne peut plus lourdement. L’année de mes quatorze ans, son passé le rattrapa de la pire manière qui soit. En quelques jours, il perdit tout, son argent, sa maison, sa renommée, sa famille… Sa vie. Il ne me resta rien, si ce n’est le désir ardent de redorer mon nom, d’acquérir l’honneur qu’il n’avait jamais eu. Pour celà , j’ai fait le vœux de donner ma vie à mon pays, peu importe les préjugés sur mon espèce, peu importe ma jeunesse. Je me suis engagé dans l’armée. Cette cicatrice, je l’ai reçue le premier jour de mon entraînement. Mon instructeur me l’a donné pour bien me faire comprendre que je n’étais pas à ma place et que je n’arriverais jamais à rien.” Le duc ouvrit les bras pour se désigner lui-même. “J’ai lutté pour lui montrer qu’il avait tort. Et voilà où j’en suis ! Malheureux mais riche, respecté et plein d’honneurs.” |