L'Académie de Lu





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Autour d’une tasse de thé

(par Zandra-Chan)
(Thème : loup)



Il sentit le regard de la nouvelle rĂ©ceptionniste le parcourir de haut en bas, puis de bas en haut. Ce n’était pourtant pas de sa faute si ce fichu hĂ´tel Ă©tait si loin de la route, que le chemin y menant n’était que de terre et qu’il pleuvait Ă  verse depuis deux jours ! Évidemment qu’il Ă©tait trempĂ© et couvert de boue ! C’était bien pour ça qu’il faisait de grands pas ; pour laisser le moins de traces possibles sur la moquette usĂ©e.

La femme, arborant un sourire contractuel des plus factices, l’interrogea avec une amabilité feinte.

— Vous avez rĂ©servĂ© ?

— … Oui, souffla-t-il depuis sa capuche qui lui tombait sur les yeux.

— Ă€ quel nom, je vous prie ?

— Kanys Wolfus. Normalement, ma chambre a Ă©tĂ© payĂ©e par la directrice…

La réceptionniste haussa un sourcil mais ne fit aucun commentaire. Il ne fallut qu’une petite minute pour que les modalités ne soient vérifiées et validées. Derrière le comptoir, l’hôtesse fronça le nez avec discrétion avant de tendre sa clé au nouveau client.

— Bienvenue dans notre rustique hĂ´tel “Le Tentant Thé” ! Le salon de thĂ© pour lequel est rĂ©putĂ© notre Ă©tablissement se trouve juste sur ma droite. La rĂ©ception ferme Ă  21h, soit dans 2h. Passez un bon sĂ©jour.

Il prit son pass du bout des doigts et se sauva dans le couloir. Il n’avait pas manquĂ© la mimique de son interlocutrice. Machinalement, il leva un bras pour sentir dessous. Ouais. Il sentait toujours pareil les jours de pluie : le “chien mouillé”. Une odeur que les humains apprĂ©ciaient peu, en gĂ©nĂ©ral.


Jetant un œil dans le couloir – où gouttelettes d’eau et gadoue laissaient une traînée très visible – il s’excusa mentalement auprès de l’agent de ménage avant de franchir la porte de sa chambre. Après celle offerte par le ciel, une douche plus chaude était de mise s’il voulait être présentable.

Il jeta ses affaires dans un coin de la salle d’eau avant de commencer à se déshabiller. Il ne lui restait plus que son caleçon quand il remarqua qu’un visage translucide émergeait du miroir surplombant le lavabo. Un visage livide aux yeux creux. Kanys tressauta de surprise – manquant de se transformer – avant de grogner.

— Nan mais ça va, je te dĂ©range pas ?!

Le visage éclata d’un rire narquois.

— Te voir sursauter sera toujours un plaisir… mon loulou.

— T’as surtout venue te rincer l’œil. Perverse.

La tête se dégagea du mur, révélant un corps anormalement fin drapé d’un voile blanc diaphane. Le fantôme prit une mise peinée.

— Oh… en voilĂ  une terrible accusation ! Moi ? Regarder les gens se dĂ©shabiller ? Les dĂ©tailler sous la douche ? Jamais !

— Mais oui, mais oui… En attendant, j’aimerais me laver. Va donc prĂ©venir la Duchesse que je suis arrivĂ©, si tu n’as rien de mieux Ă  faire que de te foutre de ma gueule.


Kanys, à présent propre et sec, se dirigea d’un pas déterminé vers le salon de thé. Il avait eu raison d’emballer toutes ses affaires dans des sacs hermétiques. Il n’aurait rien eu à enfiler sans ça. Son matériel, qu’il avait laissé dans sa chambre, n’aurait jamais tenu le voyage non plus.

Il arriva dans la pièce aux lumières chaudes et diffuses, divisée en petits compartiments par des demi-murs et de hautes et larges banquettes. Le seul espace occupé l’était par une femme seule, vêtue de noir des pieds à la tête. Une femme au teint pâle et aux longs cheveux noirs comme la nuit. Une femme immense dont les iris d’un rouge sang paraissaient luir dans l’ambiance tamisée. Il vint se poster en face d’elle, la saluant bien bas.

— Ah, cher ami… Merci d’avoir fait si vite, fit-elle, la voix douce bien que teintĂ©e d’une mĂ©lancolie certaine.

— Je vous en prie, madame la Duch-... Madame la directrice, se reprit-il en apercevant la rĂ©ceptionniste curieuse Ă  l’entrĂ©e du salon.

Ils échangèrent quelques banalités au sujet du temps épouvantable et du trajet pénible jusqu’au domaine avant que la discussion ne prenne un ton plus sérieux.

— Si je peux me permettre de demander... pourquoi m’avez vous fait revenir, madame ?

La femme aux yeux rouges soupira, les épaules basses.

— Je me dois de respecter la tradition et ajouter mon visage Ă  ceux de mes prĂ©dĂ©cesseurs qui trĂ´nent dans le grand hall. Je voulais suivre notre temps, mais la technologie ne semble pas capable de capter mon image. Ce n’est pas faute d’avoir essayĂ©. Je me suis mĂŞme aventurĂ©e en ville pour tenter l’expĂ©rience auprès de professionnels. Sans succès.

Elle leva vers son interlocuteur un regard humble.

— … Pourriez-vous faire mon portrait ?




























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