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Léa![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Celui qui voulait être magicien(par Ellumyne)Une foule compacte se massait devant les portes d’une minuscule grange dont les murs de chaux jaunis et le toit de paille troué ne semblaient pas accueillants. Mais cela ne décourageait nullement les visiteurs, venus nombreux à cet évènement exceptionnel. Un peu à l’écart, à l’ombre d’un chêne centenaire, un homme portant une cape bleu turquoise lui descendant jusqu’aux chevilles, sortit de la poche de sa veste une petite flasque en verre. Il la secoua légèrement et approcha ses lèvres du bouchon en liège. — Tu as bien compris mon petit Shahdar ? Un petit feu d’artifice suffira. Inutile d’en faire des caisses, je ne souhaite pas attirer l’attention sur nous. De l’intérieur de la bouteille sortit une voix qui, même étouffée, semblait exaspérée. — Inutile de me secouer comme cela ! Oui, oui, deux ou trois petites boules lumineuses, j’ai compris… Ensuite, laisse-moi dormir… Le marchand sourit de toutes ses dents et cacha soigneusement la flasque là où il l’avait prise. Une voix gutturale s’éleva devant la grange. — Magiciens, magiciennes, la vente aux enchères des objets magiques et enchantés est ouverte ! Approchez, approchez. Pour des raisons évidentes de sécurité, elle n’est ouverte qu’aux magiciens, sorciers et mages. Un contrôle sera effectué à l’entrée. Mettez-vous en rangs. La foule s’organisa en plusieurs rangées et chacun des magiciens fit un tour de magie plus ou moins complexe afin de prouver sa qualification. Varlo se glissa dans un rang, sa capuche recouvrant sa tête. Sa plus grande crainte était d’être découvert. Simple marchand sans aucune capacité, il souhaitait par tous les moyens entrer dans cette vente aux enchères et pourquoi pas acquérir un objet précieux. Quand vint son tour, il tapota sur la flasque du bout du doigt puis leva sa main gauche vers le ciel. Une gerbe d’étincelles fusa et explosa en un milliard d’éclats colorés, manquant de mettre le feu au toit de la grange déjà bien abimé. Il grommela entre ses dents contre le génie qui s’amusait à lui faire des farces, mais se calma rapidement quand le gardien hurla « Au suivant ! » et qu’il put entrer dans ce lieu interdit. Une fois à l’intérieur, il s’immobilisa, impressionné par l’immensité des lieux. Rien à voir avec l’aspect miteux de l’extérieur. Ici, tout était grandiose. Des tables étaient remplies de petits fours et de carafes de vin. Le long des murs, les objets mis en vente étaient exposés avec des petits panneaux indiquant leur prix. Souvent exorbitant. Varlo s’approcha d’une petite cuillère en argent présentée à 5000 gonchars, mais aucune description ne permettait de connaitre son utilité. — Moi, je peux t’aider, laisse-moi regarder, lui susurra la voix du génie dans la petite bouteille. — Je peux te faire confiance Shahdar ? — Bien ssssûr, voyons… Le marchand sortit doucement la flasque, mais avant qu’il n’ait eu le temps de l’approcher des objets exposés, une main rapide et agile s’en empara. — Hey ! s’exclama Varlo en se retournant vers le voleur. — Du whisky, quelle merveilleuse idée ! Ici ils n’ont que de la vieille piquette… D’un geste agile, le voleur fit sauter le bouchon en liège, porta la bouteille à ses lèvres et but le contenu cul sec. Mais au lieu de sentir la liqueur glisser dans sa gorge, quelque chose lui râpa la langue, s’introduisit dans son œsophage, le faisant tousser. Varlo regarda la scène, les yeux écarquillés de surprise autant que de peur. Qu’allait-il advenir de son génie si précieux ? Il tapa dans le dos du voleur qui, il le reconnut à ce moment-là , n’était autre que le comte de Vanderbrog, pour essayer de le faire recracher. Mais au lieu de cela, ce dernier vacilla, un frisson lui parcourant l’échine. Puis il se redressa, une lueur violette dans les yeux. — Tout va bien, Varlo. — Var… Varlo ? Comment connaissez-vous mon nom ? — Parce que je suis Shahdar, ton ancien génie, hahaha. Merci de ton inattention. Je suis maintenant libre ! — Quoi… Mais… Le marchand bredouilla, paniqué. Il chercha des yeux quelqu’un qui pourrait l’aider, mais dès lors qu’il parlerait, il serait mis à la porte de la vente aux enchères. Et cela n’était pas envisageable. Il fallait qu’il trouve une autre solution pour remettre la créature dans la bouteille. De son côté, Shahdar s’était mis à déambuler tranquillement devant la collection d’objets, les observant de son œil aguerri. — Retourne… murmura Varlo. Retourne dans ta fiole ! Ce n’était pas dans notre contrat. — Un contrat ? Quel contrat ? J’étais ton esclave, rien de plus. Et puis, tu ne pensais tout de même pas que cela durerait éternellement ? — La vente aux enchères va commencer ! s’exclama une voix grave. Une heure durant, les prix montèrent, les billets changèrent de main et les objets magiques trouvèrent un nouveau propriétaire. Shahdar s’amusa à acheter ça et là des artéfacts anciens. Après tout, le comte de Vanderbrog possédait un budget assez conséquent. Une fois la vente terminée, Shahdar invita Varlo à le rejoindre dehors pour discuter. — Varlo, Varlo… Tu n’as donc rien acheté ? Quel dommage. Tu étais pourtant venu pour cela. — Je n’avais pas le cœur à ça. Vas-tu rentrer dans ta bouteille maintenant que tu t’es bien amusé ? Promis, je ferais plus attention à ton bien-être. — Hahaha, non merci, je goûte trop à ma liberté. — Alors je te dénoncerai ! Les gens me croiront, ils verront bien que tu ne te comportes pas comme le compte de Vanderbrog. Et tu seras tué, ou pire, enfermé et utilisé par des gens pires que moi ! — Je te propose un marché. Pour te remercier de m’avoir libéré, en échange de ton silence, je consens à t’accorder les trois vœux que tu me réclames depuis presque quinze ans maintenant. Interloqué, le marchand observa le génie d’un œil circonspect. Il s’attendait à une arnaque, mais la proposition était alléchante. — D’accord… Mon premier vœu était… — D’être infiniment riche ! Oui, je m’en souviens. D’un mouvement ample de son poignet, le génie lança un sort sur la bourse de Varlo qui tripla de volume. Le marchand ouvrit la lanière, en sortit quelques pièces pour vérifier qu’elles étaient vraies, et avant qu’il ait eu le temps de les y remettre, sa bourse s’était à nouveau remplie de pièces sonnantes et trébuchantes. Souriant jusqu’aux oreilles, l’homme regarda le comte d’un air impatient. — Ton second vœu était l’immortalité. D’un geste identique, le génie lança un sort, cette fois sur le marchand, qui se sentit revigoré, comme s’il retrouvait la vigueur de sa jeunesse. — Et ton troisième vœu était… — De posséder des aptitudes magiques ! Une nouvelle fois, le génie lança un sort qui provoqua des petits picotements dans l’avant-bras de Varlo. Ce dernier secoua sa main gauche et une petite explosion colorée en sortit. — Bravo, tu peux maintenant tirer des feux d’artifices, sourit Shahdar, d’un air énigmatique. — C’est tout ? Mais… Pourquoi fai… Avant qu’il ait eu le temps de finir sa phrase, le génie offrit une petite cuillère en argent à son ancien maitre qui la prit à pleines mains, inconscient du danger. Dans un pop, le marchand disparu. Enfin, pas tout à fait. Il faisait maintenant la taille d’une grosse mouche et il gesticulait au milieu des brins d’herbe dix fois plus hauts que lui. Délicatement, le génie le prit entre ses doigts, le glissa dans la fiole et la reboucha prestement. Avec un sourire carnassier, il secoua le tout, ce qui provoqua une nuée d’explosions tantôt roses, tantôt bleues à l’intérieur du verre épais. — Je te souhaite une riche et longue vie, petit magicien, murmura Shahdar en glissant la fiole dans un repli de son manteau avant de s’éloigner en sifflotant. |