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Malkym![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Une incantation pour un royaume(par Ellumyne)Marchant d’un pas rapide dans le majestueux couloir de marbre blanc longeant la bibliothèque, Issandral réfléchissait à la guerre qui approchait à grands pas. Il se disait qu’au nord du royaume, dans les terres gelées de la montagne de Grindor, une faille intermondes commençait à s’ouvrir, entrainant des coulées de lave en fusion qui se figeaient au contact de l’air glacial. Bientôt, des créatures démoniaques risquaient d’en sortir, et ce serait le chaos. Perdue dans ses pensées, la jeune femme vit au dernier moment une large porte en bois s’ouvrir devant elle. Sa sœur cadette sortit sur la pointe des pieds d’une salle d’études et se figea en tombant nez à nez avec Issandral. — Elvira ? Que fais-tu ici à cette heure tardive ? Tu devrais déjà être au lit, la réprimanda l’ainée. — Ce n’est pas parce que mère n’est plus de ce monde que tu dois la remplacer, Issy… La grande sœur fit une moue réprobatrice, mais ne répondit pas. Inutile de jeter de l’huile sur le feu. Leur relation était devenue tendue depuis cet évènement tragique et Issandral ne savait comment améliorer les choses. Dans un geste maternel, elle posa sa main sur le bras de sa petite sœur et s’apprêtait à lui expliquer qu’elle s’inquiétait pour elle, mais un cri de cette dernière l’en empêcha. La larme à l’œil, Elvira recula, pressant sa paume sur son avant-bras, comme pour le protéger. — Qu’y a-t-il ? Tu t’es blessée ? Montre-moi ! — Non ! hurla Elvira, furieuse. D’un geste vif, l’aînée souleva la manche de sa sœur et se figea, stupéfaite. Des runes d’un rouge sombre, rougeoyaient sur la peau d’albâtre de la jeune fille. Comme si elles avaient récemment été marquées au fer incandescent. La surprise laissa place à une peur sourde. — Tu… Elvira, tu… — Je vais bien, laisse-moi ! Avant qu’Issandral n’ait pu finir sa phrase, sa sœur prit la fuite, ses talons résonnant dans le long couloir. Respirant par à -coups, l’aînée entra dans la salle d’études. Au sol, le parquet en bois portait des traces de brûlures et des bougies étaient disposées en forme d’étoile. Une incantation. Elvira avait invoqué un démon ! Un livre épais était posé, encore ouvert, sur le pupitre de lecture. Issandral s’approcha et son cœur se serra quand elle vit de quel démon il s’agissait. Yuccal. C’était l’un des plus puissants. Comment sa sœur avait pu l’invoquer, elle qui n’était encore qu’en première année d’études ? Prenant son courage à deux mains, la grande sœur alluma les bougies une à une et se plaça devant le livre. D’une voix tremblante, puis de plus en plus ferme, elle lut l’incantation en latin tout en faisant des gestes complexes avec ses doigts en suivant scrupuleusement les indications. Elle devait savoir ce qu’Elvira avait fait comme pacte et elle avait plus de chances de le découvrir en demandant au démon. A la dernière syllabe prononcée, un nuage de fumée sortit du pentagramme. — Yuccal, pour vous servir, prononça une voix grave. — Euh… Bon…Bonjour, bégaya Issandral, surprise d’avoir réussi. Vous avez passé un pacte avec ma sœur. Et je veux savoir de quoi il s’agit ! — Il n’est pas dans nos coutumes de dévoiler la nature d’un pacte scellé. — Il s’agit de ma sœur ! Je m’en fous de vos coutumes ! — Il n’est pas da… — D’accord, d’accord, j’ai compris… Issandral chercha à se souvenir de ses cours de démonologie. L’une des runes qu’elle avait vue sur le bras de sa sœur représentait un T sur lequel reposait un rond. Le T correspond à l’âme et le rond accolé correspond à … à un échange… — Tu as demandé l’âme de ma sœur en échange d’un service ? Espèce de monstre ! — Il n’est p… — Annule le pacte ! Immédiatement ! — Que m’offres-tu en échange, humaine ? — Prend mon âme à la place ! — Navré, cet échange n’est pas bénéfique pour moi. — Que souhaites-tu alors ? murmura Issandral entre ses dents. — J’aimerais ne plus jamais être invoqué, humaine. Ni par ta sœur, ni par aucun autre être humain. Et ce, jusqu’à la nuit des temps. Issandral réfléchit quelques instants. La formule pour invoquer le démon était longue et compliquée. Même pour un invocatrice de renom comme elle. Si elle détruisait la page du Livre des Sortilèges Démoniaques, alors plus aucun sorcier ne serait capable de lancer l’invocation. — D’accord ! Marché conclu ! — Bien, le pacte est scellé. Et celui de ta sœur est annulé. D’un geste rapide, Issandral arracha la page relative au démon Yuccal et l’approcha de la flamme d’une des bougies. Le feu se propagea rapidement et il n’en resta bientôt plus que des cendres. Un souffle violent ébouriffa la jeune femme. Quand elle releva la tête, tous les cierges étaient éteints et Yuccal avait disparu. Issandral se précipita dans le couloir et courut jusqu’aux chambres pour retrouver sa sœur. Elle ne savait pas encore si elle devait la réprimander pour avoir mis sa vie en danger, ou si elle devait la serrer dans ses bras. À peine eut-elle atteint la porte qu'Elvira lui hurla dessus, les yeux brûlants d'une rage incontrôlable. — Qu’est-ce que tu as fait ! Mon plan était parfait ! — Elvira… Je t’ai sauvé la vie. Le démon allait prendre ton âme. Quelle idée t’est passée par la tête ! — Tu as tout ruiné ! Je n’arrive pas à y croire… J’avais pourtant tout prévu. Pourquoi faut-il que tu gâches toujours tout ? — Elv… — Depuis que maman est morte, tu me surprotèges comme si j’étais encore un bébé ! J’avais la solution pour sauver le royaume. Yuccal est peut-être un démon, mais lui et les siens sont les seuls assez puissants pour refermer la faille démoniaque. — Mais à quel prix Elvira ? Tu ne te rends pas compte de ce que signifie vendre son âme ! Tu aurais été son esclave pour l’éternité ! La cadette se figea, incertaine. Comprenant peu à peu ce que sa sœur lui disait, elle se mit à trembler. Des larmes cristallines coulèrent sur ses joues d’ivoire. — Je… Je n’ai pas vendu mon âme. J’ai… J’ai dit à Yuccal de choisir l’âme de dix détenus de haute sécurité dans la prison d’état. Pour notre royaume, ces gens ont déjà perdu leur âme il y a bien longtemps. Pour Yuccal, cela faisait de très bons esclaves. En échange de quoi, il refermait définitivement la faille. Issandral blêmit. Un frisson lui parcourut le dos tandis qu’elle vacillait, se retenant au bord d’une table pour ne pas s’écrouler. Au loin, un grondement sourd. Un vent glacial s’engouffra par la fenêtre. La terre se mit à trembler. D’abord, une légère secousse, suivi d’une autre un peu plus forte. Un vase posé en équilibre, se brisa. La faille continuait de s’ouvrir. Elvira recula, en secouant la tête pour chasser ses larmes. — Tu nous as tous condamnés… |