L'Académie de Lu





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Un vie

(par Awoken)
(Thème : urgent)



“Notre rencontre remonte à des années. Je devais avoir un peu moins de quinze ans, il en avait seize. On s’est rencontré lors d’une fête… La fête du solstice je crois. C’est le genre d’évènement où on se rend parce qu’il n’y a rien d’autre à faire.

On s’est tout de suite liĂ©s d’amitiĂ©. Il Ă©tait l’apprenti du mage du village, moi je m’entrainais pour intĂ©grer les Ă©cuyers du roi. On Ă©tait très diffĂ©rents mais ça ne nous empĂŞchait pas de bien nous entendre. Pendant sept ans, on a mĂŞme Ă©tĂ© les meilleurs amis du monde, insĂ©parables ! Et puis la guerre est arrivĂ©e.


C’était l’année de mes vingt-deux ans. On formait le duo de choc de notre groupe. Et il a fallu qu’on tombe dans cette embuscade. On était en mission urgente pour le compte du roi, un manuscrit vital à rapporter. Les sharika, ces fourbes, nous sont tombés dessus de nuit, quand on était les plus vulnérables. Quand l’alerte a été donnée, il était déjà trop tard, la plupart de nos camarades étaient tombés. Muneeb était introuvable. Tout en le cherchant, en l’appelant de toutes mes forces, j’ai défendu ma vie. Alors que j’allais tuer notre dernier assaillant, j’ai entendu sa voix dans mon dos. “Désolé.” J’ai ressenti le froid s’emparer de mon âme et, avant de perdre connaissance, je me suis retournée et je l’ai vu. Il semblait triste. Je n’y comprenais rien. Derrière lui, nos derniers camarades gisaient. J’ai compris sur le coup. Il nous avait trahis.

Quand je me suis réveillée, on était que six encore en vie. Et lui, il avait disparu en laissant le manuscrit. Pendant le reste de la guerre, il s’est battu du côté des sharika. Je ne comprenais pas ce revirement et cette incompréhension à engendré de la colère, puis de la haine à son égard. Ça a été jusqu’au point où j’ai détruit ou caché tout ce qui pouvait me rappeler le lien qu’on avait partagé.

Quand je l’ai revu, après la guerre, quand nous avons gagnĂ©, il Ă©tait libre. Mieux ! Il avait pris du galon. De la jalousie venait alors se rajouter Ă  l’incomprĂ©hension. Je me suis rendu auprès du roi, pour lui demander des explications. Il m’a servi le secret dĂ©fense sur un plateau. Pendant deux ans, j’ai Ă©vitĂ© celui que je considĂ©rais comme un traĂ®tre comme la peste.

L’année de mes trente ans, le roi nous a convoqué tous les deux pour une nouvelle mission de la plus haute importance. Il voulait qu’on lui ramène un artefact. Une mission dangereuse qu’on devait effectuer tous les deux. J’ai eu beau essayer de lui expliquer que ça serait plus contre-productif qu’autre chose, il a insisté. Il voulait à tout prix qu’on travaille ensemble. L’autre, comme à son habitude, ne disait rien. La rage au cœur, j’ai été obligée d’accepter.

Durant les trois semaines qu’ont duré le trajet, aucun de nous n’a prononcé un seul mot. Une atmosphère lourde et pesante de cohabitation involontaire. La glace s’est brisée quand on a été confronté à notre premier danger. Je l’ai alors sauvé des dents d’un asahriat, un lézard du désert, le genre de monstre qui vous arrache un bras d’un coup de crocs. A cette occasion, je lui ai jeté mon venin à la figure.

— Si ça ne tenait qu’à moi, je n’aurais pas bougĂ© le petit doigt !

S’en est suivi une longue discussion. Il ne semblait pas comprendre l’origine de la haine que j’éprouvais à son égard. Alors j’ai explosé. Je lui ai hurlé dessus, lui jetant à la figure tout ce que j’avais contre lui. Il avait l’air mal à l’aise. J’ai continué. Je lui ai dit mon incompréhension, ma colère, ma haine. Je l’ai frappé, je lui ai hurlé dessus, j’ai pleuré. Il n’a pas bronché. Quand je me suis calmée, il m’a tout expliqué. Il ne m’a jamais trahi. Il a été espion pour le compte du roi. S' il m’avait “endormie” lors de cette fameuse attaque, c’était pour gagner la confiance de nos ennemis. Il n’avait jamais cessé de travailler avec et pour nous. Il m’a expliqué que, s’il ne m’avait rien dit c’était que, au début, il était tenu au secret, ensuite, parce que je ne l’avais pas laissé m’approcher. Il avait demandé au roi de l’aider tout en sachant que je ne pourrais jamais refuser une mission que ce dernier me confierait.

Après cette déclaration, il m’a fallu un moment pour me rouvrir. Petit à petit, on a retrouvé notre amitié d’antan et, avec le temps, on s’est encore plus rapprochés, autant intellectuellement que physiquement. Dix ans après les évènements cités ci dessus, je suis tombée enceinte et nous nous sommes mariés.

Nous avons passé dix autres magnifiques années ensemble. Il y a un an, Muneeb est tombé malade.

Aujourd’hui, je vis avec mes remords et j’essaie d’expier mes fautes en élevant notre enfant du mieux que je peux.

Oh, Muneeb. Si tu savais comme il te ressemble.




























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