« Là, il est passé, regardez ! » dit un homme en armes. Le groupe le rejoignit tout en se mettant en liaison visuelle avec le reste du groupe de chasse.

Au sol étaient visibles plusieurs empreintes de pas bien humaines (pour être plus exact, des empreintes de chaussures de marche) tandis qu’un peu plus loin et un peu plus en hauteur était visible des bouts de branches cassées, montrant que l’être humain avait apparemment tenté de sauter d’arbre en arbre afin de brouiller les pistes.

Le groupe continue ainsi la traque durant 20 bonnes minutes avant de s’arrêter au niveau d’une petite rivière, d’où une multitude de traces identiques partait dans tous les sens.

« Je rêve ou cet humain est largement plus intelligent que tous ceux que nous avons pu rencontrer jusque-là ? Ce que nous pouvons voir au sol est, pour moi, clairement une tentative de brouiller les pistes » dit un jeune démon pour qui ce n’était que la deuxième traque. Alors que d’autres membres du groupe allaient lui répondre, une vouivre et un jeune phÅ“nix atterrissent en catastrophe à proximité. S’approchant du duo le groupe vérifie leur état et leur demande ce qu’il se passe ; les deux créatures ailées font alors un rapport quelque peu étonnant : elles ont repéré une forme humaine se dirigeant en direction de la grande montagne de Gall, et ce apparemment en marchant extrêmement vite !

« Mais, comment cela est-il possible ? Aucun être humain au monde, quelque-soient les époques que notre planète a connu, ne marchait à une telle vitesse et avec une telle endurance ! » fit remarquer un être à mi-chemin entre le satyre et la dryade. Alors le groupe semble commencer à discuter de la situation une voix s’élève : « Il ne faut pas oublier que nous ne savons quasiment rien de cet être humain, ni d’où il vient, ni où il veut véritablement aller. J’ai fait parvenir une demande au conseil de la haute histoire afin qu’il nous apporte trois objets spécifiques très fortement liés à l’espèce humaine : une nappe brodée avec un motif rappelant l’ancien royaume humain et un totem lié à l’ancienne religion ». Le groupe de chasseurs ne fut guère surpris par cette annonce car plusieurs d’entre eux avaient déjà pensé à cette possibilité d’utilisation d’artefacts anciens afin d’attirer l’être humain.

Un Minotaure plutôt âgé fit alors cette remarque : « Une fois que l’on aura mis la main dessus et maîtrisé ou endormi, comment pensez-vous que nous devrions le transporter ? Dans une remorque tirée par des chevaux, dans une calèche, ou alors dans un moyen de transport ouvert ? Car de confiner trop rapidement un être humain ayant autant bougé à l’extérieur est, de ce que j’ai pu en voir il y a longtemps, potentiellement très dangereux ».

Après la remise en route rapide du groupe après une alerte lumineuse aérienne près d’un poste de surveillance de la montagne de Gall, il fut collectivement décidé de procéder comme ceci :

— Dans un premier temps, lorsque l’être humain aura été localisé et plus ou moins encerclé il faudra qu’une sirène terrestre, une succube et une elfe des bois s’approchent de l’humain tout en chantant.

Pourquoi chanter ? Car le peu d’informations connues par le groupe à propos de leur cible est qu’elle apprécie tout particulièrement le fait de chanter et que cela semble la calmer.

— Dans un deuxième temps, si la procédure chantée a fonctionné comme prévu, tout le reste du groupe se dévoilera en cercle auprès de l’être humain et lancera un sort d’apaisement mental sur le jeune homme. Au cas où la procédure chantée aurait échoué, un sort fatigue sera lancé par le groupe tout entier en direction des jambes de la cible.

Quelque soit le cas auquel sera confronté le groupe, l’elfe des bois sera la pièce maîtresse de la fin de la traque ; en effet, son rôle sera celui de réceptionner la cible s’endormira ou sera grandement affaiblie, afin qu’elle ne se blesse en aucune façon et de vérifier aisément et rapidement son taux respiratoire et vibratoire.

Arrivant promptement au poste de surveillance ayant lancé l’alerte aérienne le groupe et les gardes en place remarquèrent l’être humain marchant encore rapidement en direction d’une grande cascade à proximité du seul chemin menant vers la montagne. Alors que le groupe allait s’élancer afin de rattraper et d’encercler leur cible ils virent quelque chose de très étonnant : le jeune humain se mit à ralentir le rythme de sa marche puis finit par s’arrêter et s’asseoir à proximité de la cascade.

« Ça y est, il semble enfin fatigué, il faut profiter de l’occa… ». La jeune créature ailée n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle fut arrêtée par le reste du groupe. En regardant plus attentivement la situation au regard de leur cible, cette dernière semblait s’être mise dans une position de méditation, ce qui interloqua tout le monde. Alors que personne ne savait exactement comment procéder au vu de la situation inédite l’elfe des bois se dirigea vers son sac posé au sol, en sortit un harmonica et fit signe au reste du groupe de rester sur place.

« Ne me dites pas qu’elle pense que cela… » commença un des membres, interrompue par son plus proche vis-à-vis lui disant ceci : « si, très clairement, elle pense que cela peut largement suffire. Cela ne me surprendrait pas, car entre sa maîtrise innée de la musique, des douces mélodies et de ce que l’on peut à présent entendre provenant de notre cible, cela semble absolument parfait pour une capture lente et faite avec délicatesse ».

En effet, après une très courte méditation, l’être humain avait commencé à chanter une chanson dont le refrain semblait être : « Quand l’oiseau chante, il fait moins froid, quand l’oiseau chante, c'est pour toi », et ce avec une voix et un air extrêmement apaisé et doux sur le visage, comme si l’entièreté de son être était impliquée dans la chanson.

À pas feutrés, l’elfe des bois s’approcha en commençant à jouer de son harmonica en faisant bien attention à ce que la musique soit bien en direction de la cible ; au bout de deux minutes de cette approche lente et douce l’elfe remarqua quelque chose qui l’étonna : l’air de musique qu’elle jouait avec son instrument semblait parfaitement s’accorder à la chanson entonnée par l’être humain !

Elle murmura : « une synchronicité ? C’est… totalement anormal ! ».

Arrivant presque au niveau de l’être humain (qui, tout en continuant à chanter, la regardait maintenant) elle vit ce dernier se lever lentement alors que la chanson arrivait apparemment à sa fin ; elle comprit rapidement ce qu’il se passait en observant les yeux et le regard de la cible : Il semblait sur le point de s’endormir debout !

Arrêtant de jouer de son harmonica, elle se précipita derrière le jeune être humain et le réceptionna de justesse alors que ce dernier commençait à vaciller en arrière. Tout en faisant un signe OK de sa main gauche au reste du groupe elle vérifia les signes vitaux et énergétiques du jeune homme : tout était intact sauf une donnée particulièrement bizarre, celle de l’énergie interne.

En effet, malgré l’état de sommeil dans lequel la cible était dorénavant plongée, son niveau d’énergie était encore comme si il était en train de courir un marathon.

Trois mages du groupe dessinèrent un large cercle magique tout autour du groupe afin de téléporter ce dernier en direction de la cité et, plus précisément, directement devant l’hôpital spécialisé pour les espèces hors norme.

(version non définitive)