![]()
![]()
![]()
![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() DĂ©fi de Schrödinger (trois images)
![]()
Schrödinger![]() Spectacles![]() ![]() ![]() La dernière mission(par Zandra-Chan)Le groupe d’aventuriers progressait lentement dans les boyaux du donjon. Par prudence, d’abord, par manque de lumière, surtout. Du moins, pour les humains. La fille-lézard poussée en tête de file avait déjà une vue basse. Elle se fiait bien davantage à la température, aux sons et aux odeurs, comme tous les reptiles. Elle leva le nez pour humer l’air stagnant. Pas d’effluve ni de chaleur de monstre. Elle retint sa respiration un instant pour écouter les échos portés par les murs réguliers du labyrinthe magique. Seule la respiration des six personnes derrière elle lui parvenait. La petite s'allongea alors au sol, plissant les yeux pour chercher un relief dans le dallage rudimentaire. Pas d'interrupteur en vue. Mais, méfiante, elle décida de décrocher les sacs de sable qu’elle gardait sur les avant-bras. Déliant les cordes épaisses, elle envoya l’un puis l’autre des sacs. Leur poids conséquent additionnés devait faire autant qu’un soldat en armure ; bien assez pour déclencher un piège – si piège il y avait. Prenant son rôle très à cœur, elle les ramena à elle pour les renvoyer plusieurs fois, avançant progressivement dans le couloir de pierres taillées. Il lui fallait déceler le moindre bruit suspect, au risque d’être punie pour sa négligence. — Alors ?! Ça vient, oui ? beugla une voix impatiente dans son dos, la faisant sursauter. — Pléïus, je vous ai déjà dit que c’est mon esclave. C’est à moi de la corriger si nécessaire. Maintenant baissez d’un ton, ou c’est vous que je “corrigerai”. La demi-lézard rattacha les sacs à ses bras d’une main hésitante. Il ne semblait y avoir aucune embûche devant eux. Et bien qu’elle soit porteuse de cette bonne nouvelle, c’est avec anxiété qu’elle revint vers le groupe. Son maître s’était probablement lassé d’attendre, lui aussi. Elle pénétra lentement le petit cercle de lumière créé par la torche. Son détenteur, le chef de l’expédition, la toisa avec un sourire froid. — Tu as terminé ta promenade ? La semi-humaine se tassa sur place, craignant une nouvelle “punition”. — … Des problèmes devant ? Elle secoua la tête de gauche à droite. L’autre répondit avec une satisfaction certaine. — Parfait. Il se retourna. — Sieur Damian, puisque vous ne servez à rien pour le moment, je vous nomme porteur de torche. Tâchez de la garder tenue bien haute. Le mage de soin, un homme aussi haut que large, échangea un regard avec la petite guerrière qui se trouvait à son côté. — Bien, monsieur.
La troupe s’arrêta au détour d’un couloir. Une large double-porte scellait la suite du chemin. D’un chassé de botte, le chef poussa son esclave vers l’avant. Elle atterrit tête la première contre le sol. Son éternel sourire de façade collé aux lèvres, le maître réclama qu’elle aille inspecter les portes de fer. La muette s’exécuta et renouvela son manège de vérifications. Les sacs avaient déclenché deux pièges : une volée de flèches et une grille de pieux. La petite n’avait pas fini de ramener ses sacs que le chef avança à son tour. — … Tu fais décidément du bon travail… Un frisson la parcourut. Il ne faisait jamais de compliments. Était-ce parce qu’ils avaient deux invités ? … Pourtant, il n’avait pas l’air respecter plus que ça ce mage à l’air farouche et cette guerrière aux cheveux rouge… La jeune fille sans voix se retourna pour lever vers son propriétaire un regard effaré. Juste à temps pour voir une claque arriver. Elle ne réagit pas. Si elle esquivait, il la battrait plus fort encore, à coup sûr. Le choc la renvoya au sol. — … pour un reptile inutile, acheva-t-il. Avec l’air suffisant que pouvait lui conférer sa qualité de noble, il s’arrêta devant la grande double-porte en une posture de réflexion. La petite lézarde fut la seule à entendre le faible cliquetis. En proie à la panique, elle chercha de tous côtés d’où avait pu venir le bruit. Un grincement de métal contre métal la força à lever la tête. Un couperet de la largeur du couloir luttait contre la rouille pour s’abattre sur le visiteur indésiré. La fille lança sa queue écailleuse contre son maître, le poussant, le propulsant contre le fer qu’il scrutait. La lame tomba. Sur la queue que la petite n’avait eu le temps de rapatrier. Elle ouvrit la bouche sur un hurlement de douleur muet. Des lames ruisselaient déjà sur ses joues alors qu’elle pressait ses mains sur la plaie écarlate.
Recroquevillée au sol, secouée par des spasmes de douleur, elle rampa pour s’éloigner de la lame démesurée… et de son maître écumant qui vociférait depuis l’autre côté du couperet géant. Le piège lui arrivait plus haut que la taille, le retenant pour le moment. Mais la petite entendait déjà , malgré ses élancements et les cris haineux de son propriétaire, les engrenages commencer à tourner en sens inverse. Bientôt, elle vit la lame remonter, ouvrant la voie au noble comme la herse du colisée libère le lion sur le gladiateur épuisé. L’homme, le nez en sang, avait laissé tomber son masque de bienséance et d’amabilité feinte. Les traits déformés par une colère sans nom, il arriva sur elle, le bras déjà armé pour un coup.
Il la battit avec sa propre queue tranchée et ne s’arrêta que quand elle ne bougea plus.
Elle n’était plus sûre de sentir son corps. Elle souffrait trop pour ne serait-ce que trembler. Respirer lui faisait mal. Son univers entier n’était plus que douleur. C’est pourquoi elle ne perçut pas que quelqu’un s’était agenouillé à ses côtés. Elle ne put même pas pousser un geignement plaintif quand une main effleura son épaule meurtrie. Elle reconnut à peine les voix qui perçaient difficilement le bruit assourdissant du sang qui pulsait dans ses oreilles. — Elle respire ? — Tout juste… Si je commence maintenant, je peux encore la sauver. La guerrière et le mage. Les deux membres exceptionnellement intégrés dans l’équipe pour cette mission. Elle ne comprenait pas ce qu’ils disaient. N’avait plus la force d’essayer. Elle se sentait lentement happée par les ténèbres. De tentantes ténèbres où la douleur disparaissait. Où tout disparaissait. |