Dans une taverne très peuplĂ©e Ă  une heure avancĂ©e de la journĂ©e plusieurs groupes de policiers d’élite sont stationnĂ©s. StationnĂ©s, oui ; ils ont Ă©tĂ© amenĂ©s dans cette zone Ă  la suite de plusieurs informations concordantes indiquant que cette taverne Ă©tait une des zones clĂ©s concernant un trafic d’une sinistre nature, impliquant apparemment un ancien tailleur renommĂ© mais Ă  prĂ©sent dĂ©chu et rejetĂ© par le commun des mortels.

Ce sinistre trafic implique (comme l’indique la prĂ©sence du tailleur) des contrefaçons de vĂŞtements, allant des plus courants au luxe le plus abouti. Certes la contrefaçon est quelque chose contre lequel toutes les polices du monde cherchent Ă  lutter mais il y a quelque chose de bien plus grave dans cette affaire-lĂ  : l’intĂ©gralitĂ© des vĂŞtements produits par ce tailleur contiennent en fait de quoi changer intĂ©gralement quasiment Ă  coup sĂ»r la personne portant ces vĂŞtements !

Et quand il est question de changement, il est fait rĂ©fĂ©rence ici Ă  un changement intĂ©gral de la personnalitĂ© des gens portants les vĂŞtements produits par ce sinistre personnage ; tous les gens ayant portĂ© des crĂ©ations de ce tarĂ© ont acquis une personnalitĂ© bien plus douce, calme, mielleuse et (peut-ĂŞtre le plus grave) avec une forme d’ignorance totale et d’innocence quant Ă  la façon dont marche le monde et les personnes

Le plus inquiĂ©tant dans toutes cette affaire est que les effets sont extrĂŞmement fort et que le tailleur dĂ©ment utilise apparemment toutes les substances et les produits modificateur sur ses crĂ©ations « au pif » ; cet alĂ©atoire apparent duquel il n’a encore pu Ă©tĂ© tirĂ© aucune logique fait que la lutte mĂ©dicale et policière contre ces crĂ©ations est extrĂŞmement compliquĂ©e.

La petite surprise sur le gâteau, si l’on peut se permettre cette expression vu la nature très grave des faits, et que ce tailleur arrive systématiquement à faire passer toutes ses créations dans les boutiques grand public et dans les boutiques de luxe sans qu’il ne soit possible à aucun moment de retracer le parcours desdits produits.

Dans la taverne, alors que la majorité des groupes sont en train de faire un récapitulatif sur leurs divers ordres missions, un groupe en particulier se questionne quant à la manière dont ils vont aborder leur projet, le plus périlleux d’entre tous.

« D’après les toutes dernières informations que nous avons reçues par certains de nos informateurs les plus chevronnĂ©s il semble qu’une des usines de production souterraine de ce tisseur fou a Ă©tĂ© localisĂ©e » annonce Chevrotine, l’une des deux plus expĂ©rimentĂ©s du groupe. Alors qu’elle allait rajouter quelque chose, l’un des membres lève la main et, en silence, dĂ©plie un immense papier au milieu du groupe ; le reste du groupe rĂ©alise que c’est une sĂ©rie d’instructions sous la forme d’un plan. Tous regardent le jeune homme ayant posĂ© le plan entre eux et sourient largement tandis que l’un des leurs dit ceci : « Ne me dis pas que… tu as fait ces plans d’attaque et/ou d’infiltration avant d’avoir la formation de la localisation et du type de zone que nous devrions couvrir ? »

Le jeune homme en question opine du chef et explique que, comme à son habitude, il a cherché à se mettre à la position du tisseur fou et ainsi tenter de prévoir le type de pièges que ce dernier pourrait mettre dans la ou les zones où il produit ses sinistres créations. Il rajoute pendant qu’il a reçu l’aide d’un général démoniaque s’étant présenté à l’annexe du quartier général afin de proposer son concours.

L’entièretĂ© du groupe fronce les sourcils et l’un des membres dit : « Cela veut dire que les quelques rumeurs que nous avons eues de la part de marginaux et de personnes clairement identifiĂ©es comme associĂ© Ă  des crĂ©atures dĂ©moniaques sont vrais : le tisseur fou est parvenu Ă  colporter ses crĂ©ations du cĂ´tĂ© des dĂ©mons. Cela est encore plus grave que ce que nous avions collectivement subodorĂ©. Est-ce que… ? ». Le jeune homme, Achille, rĂ©pond immĂ©diatement que oui il a prĂ©venu les plus hautes instances dès l’arrivĂ©e du gĂ©nĂ©ral dĂ©moniaque. Il rajoute qu’il a quand mĂŞme Ă©tĂ© surpris de voir que les dĂ©mons demandaient Ă  participer Ă  l’opĂ©ration en prĂ©paration, connaissant leur nature solitaire et rentre dedans.

De l’autre côté de la salle, deux groupes se sont réunis afin de faire part de leurs hypothèses quant aux motivations du tailleur siphonné. Ils se sont parvenus à une conclusion quelque peu déroutante mais semblant la plus plausible au vu des éléments récoltés. Ce tailleur fou, apparemment à la suite d’un choc émotionnel extrêmement violent, a décidé de faire en sorte de « purifier » l’être humain ET LES DÉMONS de toutes les émotions négatives et mauvaises pouvant les habiter. La chose qui continue quand même d’intriguer l’intégralité des forces de police de ce côté-là concerne la nature exacte de ce tailleur. Beaucoup des spéculations traînant autour de cette affaire stipule que ces derniers ne seraient pas humains mais seraient plutôt une sorte d’ange déchu.

Certes, anges et démons cohabitent de manière assez correcte sur la planète Terre avec les êtres humains mais il existe certains cas (des deux côtés de l’échiquier) de grave déviation comportementale et le tisseur fou semble être le tout dernier cas en date (et le plus grave qui se soit produit jusque-là). Le fait que le tisseur fou puisse aussi aisément répandre toutes ses créations quelques soit la clientèle implique forcément qui ne puisse pas être un humain (même un humain ayant passé un contrat avec un démon en serait incapable).

Deux heures plus tard deux des groupes sortent (celui de Chevrotine et un autre) en direction d’une zone industrielle extrĂŞmement dense ; c’est en effet par lĂ  qu’a Ă©tĂ© apparemment localisĂ© une des usines de production souterraine utilisĂ©e par le tisseur fou. Toutes les autres Ă©quipes ont bien entendu Ă©tĂ© mises au courant et sont en alerte.

Une fois parvenues sur place, à proximité d’un gigantesque ancien bunker reconverti en point de surveillance du port, les deux équipes se dispersent afin de fouiller méticuleusement la zone.

L’équipe de Chevrotine parvient dans un hangar Ă©trangement protĂ©gĂ© par huit serrures ; parvenant assez aisĂ©ment Ă  crocheter l’intĂ©gralitĂ© de ces dernières la brigade pĂ©nètre dans le bâtiment, en sortant leurs armes.

Après de longues minutes Ă  fouiller la zone de fond en comble, une des personnes du groupe utilise son criquet afin d’avertir ses compagnons : il a trouvĂ© une sĂ©rie de trois trappes imbriquĂ©es l’une dans l’autre !

Après avoir prĂ©venu les autres groupes via leurs Ă©couteurs la brigade entre doucement en direction du sous-sol. Dans une obscuritĂ© ne prĂ©sageant rien de bon, le jeune homme Ă  l’origine des divers plans d’action est en première position afin de signaler au groupe comment agir si des modifications se produisent ; en effet, le cas du camouflage de l’usine souterraine dans un rapport de fort transit Ă©tait la seconde hypothèse principale Ă  laquelle il avait pensĂ©.

Cette hypothèse se basait sur un fait apparemment anodin mais crucial son point de vue, la vitesse à laquelle les marchandises étaient expédiées. Cela ne pouvait se faire qu’à partir d’un port marchand de grande ampleur, or le port dans lequel la brigade est actuellement elle le seul réunissant les conditions permettant la commission à grande échelle de ce crime.

Après ĂŞtre parvenu Ă  dĂ©samorcer une quantitĂ© assez impressionnante de pièges posĂ©s dans la descente le groupe arriva Ă  proximitĂ© d’une gigantesque salle ; après s’être positionnĂ©s de part et d’autre de la gigantesque porte ouverte le groupe dĂ©cide d’envoyer un drone araignĂ©e, bien moins susceptible de se faire repĂ©rer par un quelconque mĂ©canisme de dĂ©tection. Alors que le drone Ă©tait en train de cartographier la zone, une voix extrĂŞmement forte hurla : « je sais que vous ĂŞtes ici, forces de police ! Montrez-vous ou tue quelqu’un ! ». Le groupe s’avança alors sous forme compacte, afin que le bonhomme ne puisse pas savoir combien de gens exactement il y avait face Ă  lui.

Lorsque le tisseur fou vit la brigade, il sourit d’un air plus que dément et montra clairement qu’il tenait entre ses mains une jeune personne inconsciente et sur laquelle il semblait prêt à inoculer un poison violent. Alors que la brigade commença à entamer le dialogue, l’un des membres de cette dernière (le jeune homme) parvint à se faufiler du côté gauche et a commencé à prendre à revers la cible.

Parvenant avec difficultĂ© Ă  se faufiler le plus proche possible du tisseur et de sa future victime il attendit quelques secondes d’avoir un signe de ses comparses avant d’agir : en se positionnant sur ses deux mains il opĂ©ra un balayage en direction des jambes du tisseur afin de le faire tomber brutalement. La manĹ“uvre rĂ©ussit parfaitement et la seringue dans la main droite de l’ignoble personnage tomba, comme prĂ©vu au vu de l’angle d’attaque, Ă  l’opposĂ© du trio.

Alors que le reste de l’escouade bondit en direction la victime et du tisseur fou, ce dernier se releva avec une aisance surnaturelle et, porté par une rage tout autant surnaturelle, parvint à se saisir du jeune homme par le cou et commença à serrer brutalement tout en déployant deux ailes dans son dos.

Alors que la brigade ne savait trop que faire car elle n’avait pas de munitions spécifiques contre les êtres angéliques un pan du mur sur la gauche se fracassa et trois êtres démoniaques en sortirent. Ni le tisseur fou ni la brigade n’eurent le temps de faire quoi que ce soit que deux des trois démons s’étaient précipités sur le tisseur et ainsi le maîtriser tandis que le troisième démon rattrapa dans ses bras le jeune homme et commença à le soigner.