« Vite fuyez tous, ils arrivent en masse, Ă  l’ouest de ce grand château !», hurle un homme en armure de cuivre.

La cinquantaine de personnes prĂ©sentes sur place commence alors Ă  prendre leurs jambes Ă  leur cou, avec pour but unique de sortir de cet immense complexe. Tandis que tout le monde prend la fuite, quelque chose tape dans l’œil de toutes les personnes prĂ©sentes, chose Ă  laquelle elles n’avaient nullement fait attention en s’introduisant dans ce château dĂ©labrĂ© : une quantitĂ© impressionnante de tableaux ornant les murs ou, devrait-on dire, une palanquĂ©e de tableaux incrustĂ©s aux murs, comme si les tableaux avaient fait partie intĂ©grante de la construction de l’édifice. Une autre chose notable sur ces tableaux : l’intĂ©gralitĂ© de ces derniers ont comme thème principal la prĂ©sence d’un enfant, apparemment Ă  diffĂ©rents stades de son existence. Cependant les diffĂ©rents stades en question s’arrĂŞtent Ă©tonnamment aux alentours des 16 ans de cet enfant et les autres tableaux qu’aperçoivent rapidement les fuyards ont un thème beaucoup plus sombre, celui de la perte et de la disparition.

Puisque nous parlons d’enfants, il nous semble utile de mentionner que la horde aperçue par l’homme en armure est une horde d’enfants, mais pas n’importe lesquels : des enfants Ă  mi-chemin entre le zombie et le sasquatch. Ces derniers semblent roder dans la rĂ©gion depuis une vingtaine d’annĂ©es sans faire de dĂ©gâts particulièrement significatifs jusqu’à prĂ©sent, ce qui a rĂ©duit leur visibilitĂ© aux yeux des autoritĂ©s, en gĂ©nĂ©rale peu regardante sur la rĂ©gion très peu habitĂ©e et/ou aucune activitĂ© politique ou Ă©conomique n’est notable.

Du cĂ´tĂ© de l’important groupe de fuyards, ils arrivent enfin au niveau de l’entrĂ©e principale du cĂ´tĂ© est. L’homme en armure, un dĂ©nommĂ© Vestal, dit Ă  tout le monde de s’arrĂŞter alors qu’ils allaient passer la porte. Il prend les devants, s’approche du cĂ´tĂ© droit de la porte principale, tape trois coups au sol après avoir posĂ© son oreille droite au sol ; il relève la tĂŞte assez rapidement après cette sorte de scanner et fait signe au groupe que c’est bon ils peuvent sortir.

Tandis que la horde sinistre commence Ă  pĂ©nĂ©trer dans le château par l’ouest, le groupe continue de fuir le plus vite possible en direction du hameau le plus proche. En chemin, quelques personnes demandent Ă  Vestal (qui semble bien plus familier de la zone qu’eux) ce que reprĂ©sentait cette fournĂ©e de tableaux intĂ©grĂ©s aux murs. Le soldat soupire, l’air triste et commence Ă  expliquer un peu l’histoire de la zone :

« Ce château dĂ©labrĂ© que nous venons de visiter semble le symbole d’une triste histoire alors qu’en fait cette dernière est un rĂ©cit portant sur l’espoir. En effet ce château en ruine a appartenu Ă  la famille royale actuelle. Ils l’ont abandonnĂ© peu de temps après un Ă©vĂ©nement tragique et apparemment sans retour : la disparition de leur tout dernier enfant, Ă  l’âge de 17 ans.

Ce dernier, dont le nom vous dira forcément quelque chose lorsque je vous le dirai quand nous serons en lieu sûr, avait déjà eu une enfance et une jeunesse extrêmement mouvementée. Outre sa naissance extrêmement particulière, dès le plus jeune âge il avait développé des capacités hors norme, faisant de lui une cible potentielle pour des groupes d’intérêts extrêmement dangereux. C’est pour cela que la famille royale avait fait en sorte de le cacher de le faire passer pour un roturier.

Malgré toutes ces précautions prises il a disparu un peu avant ses 18 ans, ce qui est jeune, très. Tous les tableaux que vous avez vu retracent non pas une commande faite par la famille mais un ajout peu de temps après la disparition de pas mal de tableaux préexistants. En effet tout ce que vous avez entraperçu parmi les tableaux évoquant la joie et le bonheur ont été fait du temps où le jeune homme était encore dans la famille tandis que les autres avec pour thèmes prédominants la disparition et la perte, ont été fait juste après l’évaporation du jeune homme ».

Alors que le chevalier arrivait apparemment de sa courte explication, le groupe aperçu au loin une large quantitĂ© de fumĂ©e et de poussière. Quelques-uns tremblèrent, pensant que les enfants zombies avaient contournĂ©s la zone et les avaient donc rattrapĂ©s on ne sait comment ; alors que les fuyards s’étaient regroupĂ©s en cercle dĂ©fensif sur indication rapide du chevalier, une des très jeunes filles du groupe pointa son index droit en direction de la fumĂ©e et dite Ă  haute voix : « des cheval, des cheval ! ».

Quelques secondes plus tard en effet émergea de la poussière une colonne de cavaliers et de cavalières, en armure de l’ordre incandescent. Une fois arrivés au niveau du groupe en fuite une vingtaine d’entre encerclèrent le groupe tandis que le reste se positionna sur le flanc droit de ce regroupement afin de surveiller la possible arrivée de la horde surnaturelle.

Un homme, la quarantaine bien tassĂ©e, sauta de son cheval et se dirigea vers l’homme en armure. Il le salua en le fĂ©licitant de son travail ; c’est alors que le vieux soldat rĂ©alisa qui Ă©tait devant lui : celui dont il parlait juste avant !

Avant de pouvoir profĂ©rer une quelconque parole il vit le jeune homme mettre son index devant sa bouche et lui faire un clin d’œil entendu. Il hocha lĂ©gèrement de la tĂŞte après cette indication et alla rejoindre le groupe, groupe s’étant placĂ© en huit cercles concentriques d’égale quantitĂ© de personnes. Une fois le groupe rejoint le vieux soldat observa la manĹ“uvre (une manĹ“uvre qu’il n’avait plus vu depuis très longtemps) : une tĂ©lĂ©portation magique de masse.

Il souffla, l’air soulagé mais en même temps un petit peu inquiet du fait de son grand âge. Alors qu’il s’accroupit au sol afin d’assurer ses appuis, il sentit quelqu’un se poser derrière lui et l’inviter à se caler. Le vieux chevalier s’exécuta prestement tandis que les runes et les glyphes présents tout autour du groupe et de l’unité de secours s’illuminaient de vert et de bleu.

Alors que la téléportation s’achevait, l’entièreté des déplacés put observer la horde se diriger à grandes enjambées en direction des grands cercles ainsi constitués. Fort heureusement, il était bien trop tard quelconque danger puisse être apporté par ces enfants atrophiés.

Moins de 20 secondes plus tard, la téléportation s’effectua sans encombre au niveau de la place centrale de la grande cité la plus proche. Alors que tout le monde (membre du groupe de secours compris) souffla un coup l’air extrêmement soulagés, le jeune homme apparemment à la tête de cette escouade chercha à s’esquiver promptement et à partir en direction du plus grand jardin de la cité.

En arrivant dans ce dernier (et après s’être assuré de ne pas avoir été suivi) il se colla contre un arbre et ouvre son journal de bord dans lequel il nota les événements du jour. Après cela il sortit de sa chemise à l’harmonica dans lequel un doux air il joua.

Ă€ l’entrĂ©e du jardin, une foule s’était dĂ©jĂ  constituĂ©e mais Ă©tait d’ores et dĂ©jĂ  bloquĂ©s par un contingent de soldats apparus en quelques secondes. Deux personnes rentrèrent par la voie des airs dans ce parc et rejoignirent le jeune homme. Alors qu’elles s’approchaient de ce dernier, elles rĂ©alisèrent si s’était assoupi après avoir jouĂ© cette douce mĂ©lodie. « Non, tu ne rĂŞves pas, Pierre, c’est bien lui, le disparu ! » dit alors une des personnes, une femme en tenue d’alchimiste. Pierre, s’approchant encore un petit peu du jeune homme Ă  prĂ©sent assoupi, regarda en direction du poignet gauche de ce dernier. Il remarqua trois marques très distinctives prouvant que la personne Ă  prĂ©sent endormie sous cet Ă©rable sycomore Ă©tait bien le jeune prince d’antan disparu.