L'Académie de Lu





Pas encore inscrit ? /


Lien d'invitation discord : https://discord.gg/5GEqPrwCEY


Tous les thèmes
Rechercher dans le texte ou le titre
Expression exacte
Rechercher par auteur
Rechercher par type de défi
Tous les textes


PseudoMot de passe

Mot de passe perdu ?

Copeland Timeline


(par Zandra-Chan)
(Thème : commercial)



Le chariot vient de s’arrĂȘter. AprĂšs quatre longues heures de voyage. Mon cƓur bat la chamade.


On est arrivés.


L’excitation qui monte en moi a plusieurs origines. La premiĂšre est simple : j’ai beau ne pas ĂȘtre bien grande, rester coincĂ© pendant si longtemps au milieu de caisses et de tonneaux n’a rien de confortable. Aussi, c’est avec un plaisir certain que je me dĂ©gourdi enfin les jambes, faisant quelques pas autour du vĂ©hicule cerclĂ© d’une grande bĂąche d’un blanc jauni.

La seconde raison est que j’ai la sensation de m’ĂȘtre rapprochĂ©e de
 de cette diffuse sensation qui m’attire quelque part. De l’une d’elle, au moins. Impossible de savoir si c’est juste Ă  cĂŽtĂ©, ou Ă  des kilomĂštres, mais je suis plus prĂšs maintenant, j’en suis certaine.

Enfin, il y a de l’apprĂ©hension, bien sĂ»r. La nouveautĂ©, ça m’a toujours fait un peu peur. Pas que, mais c’est le sentiment qui domine, le plus souvent. Alors ĂȘtre amenĂ©e dans une nouvelle ville pour aider Ă  tenir un commerce – chose que je n’ai jamais faite –, ça bouscule “un peu” mes habitudes.


AprÚs quelques étirements forts nécessaires, je prends enfin le temps de détailler les alentours.

Nous sommes Ă  l’entrĂ©e d’une ville. Une vraie ville. Pas le petit village paumĂ© en lisiĂšre de forĂȘt oĂč j’ai Ă©chouĂ© en arrivant. Non, une ville. Une grande ville. Avec des murs dĂ©fensifs, des gardes Ă  l’entrĂ©e et sur les chemins de ronde, et de nombreuses maisons, Ă  en juger la multitude de colonnes de fumĂ©e qui s’élĂšvent paisiblement au-dessus des remparts. Je perçois d’ici la rumeur des habitants.

Les soldats Ă  l’entrĂ©e semblent vĂ©rifier l’identitĂ© de chacun, raison pour laquelle il y a une petite queue de voyageurs, qui patiente bon grĂ© mal grĂ©, devant les immenses battants de bois qui font office de portes.

Notre tour arrive, et je laisse le marchand qui me sert d’escorte parler. Le regard des hommes en armures me rappelle vivement mon arrivĂ©e. Je sais maintenant ce qu’ils pensent et pourquoi : non, c’est pas parce que je suis mĂ©tisse que je suis une pirate. Non mais. Comme pour le leur prouver, je ressens le besoin d’intervenir.


— C’est vrai que je viens de loin, mais
 Muy pa peirataner.


Mon accent – qui doit ĂȘtre Ă  couper au couteau – les surprend. Le duo de gardes Ă©change un regard, se marmonne quelque chose Ă  l’oreille, jette encore regard Ă  la lettre d’introduction du marchand, me dĂ©taille une derniĂšre fois de bas en haut
 avant de nous laisser passer avec un mouvement du chef. C’est tout juste si je n’entends pas un “circulez”, lĂąchĂ© avec un fond de doute.


La ville est bruyante. Il y a du monde absolument partout. On se croirait dans un quartier commercial de Paris en pĂ©riode de soldes. Sauf qu’au lieu de grandes vitrines lumineuses qui exposent des vĂȘtements, des bijoux ou des appareils Ă©lectroniques de toutes formes et tailles, ce sont des petites boutiques, Ă©troites, aux devantures sombres qui s’alignent sur ce qu’il me semble ĂȘtre des kilomĂštres tant il y a de gens.

Mais je crois que ce qui me choque le plus, c’est que, comparĂ© au petit village, cette ville semble avoir une bonne centaine d’annĂ©es d’avance technologique : les bĂątisses ont des gouttiĂšres, le sol est pavĂ©, il y a des rigoles qui entraĂźnent les eaux usĂ©es vers ce qui doit ĂȘtre des Ă©gouts, et les rues sont assez larges pour permettre Ă  deux charrettes de se croiser. Une ville “moderne” – s’il en est – dans un univers mĂ©diĂ©val.

Rien que parce que j’ai des “pouvoirs” – ça me fait toujours marrer de dire ça comme ça –, je savais dĂ©jĂ  que je n’étais pas dans un monde classique. Mais de lĂ  Ă  penser que je suis vraiment dans un univers type mĂ©diĂ©valo-fantastique
 J’ai presque envie de gueuler “statut” ou quelque chose du genre, juste pour voir. Quitte Ă  s’imaginer dans un isekaĂŻ, autant pousser le concept jusqu’au bout.

Mon attention est cependant vite accaparée par le besoin de ne pas perdre mon guide dans cette masse mouvante de gens. Pas que je risque de perdre le chariot de vue, mais comme je marche à cÎté cette fois, ça serait bien de ne pas me faire distancer.


Je ne retiens pas un soupir de soulagement quand on s’arrĂȘte enfin devant une “droguerie” – j’invente rien, c’est Ă©crit sur la devanture. Mon accompagnateur commence Ă  dĂ©charger, me demandant un coup de main au passage. J’obtempĂšre, me saisissant d’une caisse
 “à ma mesure”. Quand j’entre dans la boutique pour poser le chargement, je suis submergĂ©e par une multitude d’odeurs que j’assimile bien vite Ă  des plantes que je connais : sauge, lavande, menthe, ortie, camomille, romarin, et plein d’autres condiments ou plantes aux propriĂ©tĂ©s pharmaceutiques. Merci mamie et son jardin pour ces connaissances. Des souvenirs remontent. J’en oublie presque de poser ma caisse.

Toutes les odeurs proviennent d’un immense meuble posĂ© derriĂšre le comptoir. Haut comme le mur, long comme une voiture et demi, il me confirme au moins qu’on ne m’a pas envoyĂ©e n’importe oĂč : je suis bel et bien chez un apothicaire.




























© 2021 • Conditions générales d'utilisationsMentions légalesHaut de page