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![]() ![]() Le chariot vient de sâarrĂȘter. AprĂšs quatre longues heures de voyage. Mon cĆur bat la chamade.
On est arrivés.
Lâexcitation qui monte en moi a plusieurs origines. La premiĂšre est simple : jâai beau ne pas ĂȘtre bien grande, rester coincĂ© pendant si longtemps au milieu de caisses et de tonneaux nâa rien de confortable. Aussi, câest avec un plaisir certain que je me dĂ©gourdi enfin les jambes, faisant quelques pas autour du vĂ©hicule cerclĂ© dâune grande bĂąche dâun blanc jauni. La seconde raison est que jâai la sensation de mâĂȘtre rapprochĂ©e de⊠de cette diffuse sensation qui mâattire quelque part. De lâune dâelle, au moins. Impossible de savoir si câest juste Ă cĂŽtĂ©, ou Ă des kilomĂštres, mais je suis plus prĂšs maintenant, jâen suis certaine. Enfin, il y a de lâapprĂ©hension, bien sĂ»r. La nouveautĂ©, ça mâa toujours fait un peu peur. Pas que, mais câest le sentiment qui domine, le plus souvent. Alors ĂȘtre amenĂ©e dans une nouvelle ville pour aider Ă tenir un commerce â chose que je nâai jamais faite â, ça bouscule âun peuâ mes habitudes.
AprĂšs quelques Ă©tirements forts nĂ©cessaires, je prends enfin le temps de dĂ©tailler les alentours. Nous sommes Ă lâentrĂ©e dâune ville. Une vraie ville. Pas le petit village paumĂ© en lisiĂšre de forĂȘt oĂč jâai Ă©chouĂ© en arrivant. Non, une ville. Une grande ville. Avec des murs dĂ©fensifs, des gardes Ă lâentrĂ©e et sur les chemins de ronde, et de nombreuses maisons, Ă en juger la multitude de colonnes de fumĂ©e qui sâĂ©lĂšvent paisiblement au-dessus des remparts. Je perçois dâici la rumeur des habitants. Les soldats Ă lâentrĂ©e semblent vĂ©rifier lâidentitĂ© de chacun, raison pour laquelle il y a une petite queue de voyageurs, qui patiente bon grĂ© mal grĂ©, devant les immenses battants de bois qui font office de portes. Notre tour arrive, et je laisse le marchand qui me sert dâescorte parler. Le regard des hommes en armures me rappelle vivement mon arrivĂ©e. Je sais maintenant ce quâils pensent et pourquoi : non, câest pas parce que je suis mĂ©tisse que je suis une pirate. Non mais. Comme pour le leur prouver, je ressens le besoin dâintervenir.
â Câest vrai que je viens de loin, mais⊠Muy pa peirataner.
Mon accent â qui doit ĂȘtre Ă couper au couteau â les surprend. Le duo de gardes Ă©change un regard, se marmonne quelque chose Ă lâoreille, jette encore regard Ă la lettre dâintroduction du marchand, me dĂ©taille une derniĂšre fois de bas en haut⊠avant de nous laisser passer avec un mouvement du chef. Câest tout juste si je nâentends pas un âcirculezâ, lĂąchĂ© avec un fond de doute.
La ville est bruyante. Il y a du monde absolument partout. On se croirait dans un quartier commercial de Paris en pĂ©riode de soldes. Sauf quâau lieu de grandes vitrines lumineuses qui exposent des vĂȘtements, des bijoux ou des appareils Ă©lectroniques de toutes formes et tailles, ce sont des petites boutiques, Ă©troites, aux devantures sombres qui sâalignent sur ce quâil me semble ĂȘtre des kilomĂštres tant il y a de gens. Mais je crois que ce qui me choque le plus, câest que, comparĂ© au petit village, cette ville semble avoir une bonne centaine dâannĂ©es dâavance technologique : les bĂątisses ont des gouttiĂšres, le sol est pavĂ©, il y a des rigoles qui entraĂźnent les eaux usĂ©es vers ce qui doit ĂȘtre des Ă©gouts, et les rues sont assez larges pour permettre Ă deux charrettes de se croiser. Une ville âmoderneâ â sâil en est â dans un univers mĂ©diĂ©val. Rien que parce que jâai des âpouvoirsâ â ça me fait toujours marrer de dire ça comme ça â, je savais dĂ©jĂ que je nâĂ©tais pas dans un monde classique. Mais de lĂ Ă penser que je suis vraiment dans un univers type mĂ©diĂ©valo-fantastique⊠Jâai presque envie de gueuler âstatutâ ou quelque chose du genre, juste pour voir. Quitte Ă sâimaginer dans un isekaĂŻ, autant pousser le concept jusquâau bout. Mon attention est cependant vite accaparĂ©e par le besoin de ne pas perdre mon guide dans cette masse mouvante de gens. Pas que je risque de perdre le chariot de vue, mais comme je marche Ă cĂŽtĂ© cette fois, ça serait bien de ne pas me faire distancer.
Je ne retiens pas un soupir de soulagement quand on sâarrĂȘte enfin devant une âdroguerieâ â jâinvente rien, câest Ă©crit sur la devanture. Mon accompagnateur commence Ă dĂ©charger, me demandant un coup de main au passage. JâobtempĂšre, me saisissant dâune caisse⊠âĂ ma mesureâ. Quand jâentre dans la boutique pour poser le chargement, je suis submergĂ©e par une multitude dâodeurs que jâassimile bien vite Ă des plantes que je connais : sauge, lavande, menthe, ortie, camomille, romarin, et plein dâautres condiments ou plantes aux propriĂ©tĂ©s pharmaceutiques. Merci mamie et son jardin pour ces connaissances. Des souvenirs remontent. Jâen oublie presque de poser ma caisse. Toutes les odeurs proviennent dâun immense meuble posĂ© derriĂšre le comptoir. Haut comme le mur, long comme une voiture et demi, il me confirme au moins quâon ne mâa pas envoyĂ©e nâimporte oĂč : je suis bel et bien chez un apothicaire. |