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Malkym![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Machinerie ancestrale(par Sourne)L’air est si humide que je préférerais encore rester deux heures dans un hammam. Et encore, un hammam serait frisquet en comparaison. Le couloir est lugubre, sombre, étouffant et incroyablement vétuste. Les dalles s’effritent à mon passage, les murs sont rongés par la moisissure et empestent plus qu’une décharge. J’aimerais autant éviter de m’attarder ici… — Bah alors, on ne prend pas son pied ici ? me raille ma compagne. — Roba, tu m’exaspères au plus au point, répondis-je sèchement. Pour une fois que c’est dans ce sens-là tu me diras. Enfin, mon regard las se pose sur ma guide. Les contours de son visage sont indistincts à travers la lueur fébrile de sa torche, mais je sens d’ici la graisse de ses cheveux courts et grisonnants, malgré son jeune âge. Et je subodore aussi son regard moqueur sur moi, ou plutôt sur ma bourse remplie d’écus impériaux. — Lève les yeux, veux-tu ? ordonné-je par réflexe. — Ouais ouais, rétorque-t-elle de sa voix criarde. Kof, kof. Après avoir expectoré, elle essuie ses lèvres craquelées de la manche de sa tunique usée. Sa cape toute aussi élimée flotte à chacun de ses pas, me frôlant et m’irritant la peau à chaque contact. — Tu pourrais prendre un peu plus soin de tes affaires… — Et toi, te mêler des tiennes ! Un soupir aussi long que le bâillement d’un grand cornu s’extirpe de ma bouche. — C’est pour la Princesse Aùria que je fais ça… — Hé, avoue que tu préférerais avoir l’un de tes compagnons invoqués plutôt que moi dans ton équipe ! — Hélas, oui… — Comme c’est dommage que leurs sorts soient inefficaces contre les mécanismes, hein ! Alors que mes doigts de fée peuvent faire céder n’importe quelle serrure héhé. Décidant d’ignorer l’énième moquerie de Roba, je me concentre sur la marche. Là , un pavé manque, laissant entrevoir une terre noirâtre. Et les toiles d’araignées sont innombrables, si bien que les compter pourrait me faire passer le temps pendant des semaines. Nous arrivons enfin devant une gigantesque porte, à deux battants. Je pose une main dessus, et la retire aussitôt. L’acier qui la constitue est brûlant. — Préservation par le froid ! Une fine pellicule de givre recouvre d’emblée la porte, qui se sublime lentement en une vapeur tiède. — J’espère que comme ça, les doigts de fée de madame seront préservés, ironisé-je. — Mais je vous remercie, mon bon prince ! réplique-t-elle avec encore plus de cynisme. Roba étale ses instruments sur le sol et sort de son trousseau des crochets. Elle analyse les mécanismes, les triture pendant de longues minutes, essaie avec un marteau et des pinces. — Y a pas à dire, ils faisaient du beau boulot dans l’ancien temps ! Mais c’est bon, j’y suis arrivée héhé ! — C’est pas trop tôt. Je pousse les battants de toutes mes forces et je regrette de ne pas avoir de gros bras dans l’équipe. Derrière moi, se contentant de contempler mes efforts, Roba se gausse de moi. Son rire de crécelle m’horripile, si bien que je manque de glisser et de me fracasser au sol. Heureusement que j’avais les jambes bien ancrées… Dans un grincement abominable, les portes s’ouvrent enfin. Des relents de pourriture et de renfermés m’intoxiquent, m’arrachant une toux grasse. — Bah alors, on se salit aussi ! — Ho ta g… Hé, regarde ça ! La salle est plus vaste que ce que je m’étais permis d’imaginer. Elle est plus haute qu’une cathédrale, et aussi large qu’une cité. Des rouages et des engrenages cliquettent lentement, entraînant avec eux des machines que je ne connais pas. Des panaches de vapeur ardente s’en échappent, et je dois les éviter pour progresser. Il ne me faut pas longtemps pour entrevoir ce que j’étais venu chercher. Une silhouette massive, entravée par des chaînes rougeoyantes. La peau écailleuse est marquée par des stries cicatrisées, les membres paraissent brisés, mais j’entends une respiration rauque. La bête ne bouge pas d’un pouce, mais elle est toujours. — La calamité d’Almaris… susurré-je. Une formidable source de puissance… Un contre pouvoir inégalable… — Sacré bestiau ! On aurait à bouffer pour des siècles dessus ! Mais en attendant, et si on rentrait se faire un banquet aux frais de la princesse, hein ! Quel mensonge vais-je bien pouvoir formuler ? La calamité d’Almaris serait une garantie pérenne et terrifiante, pour n’importe qui. Celui ou celle qui la contrôle est la personne la plus puissante de ce monde. — Hé, Roba. Tu veux mes écus ? Je te les donne tous, à une condition. Oublie tout ce que tu viens de voir. La crypte s’est effondrée depuis des siècles, la machinerie a rouillé, la bête n’est plus. — Ah ? Borf, si c’est ce que tu veux… Détaché, je lui jette la bourse. Les écus sonnent et retombent juste derrière elle, si bien qu’elle est obligée de me tourner le dos pour les ramasser. — Hé, tu pourrais faire attention avec le fric ! Alors qu’elle est agenouillée, à récupérer toutes les pièces sur le sol poussiéreux, je dégaine ma dague en silence. Je sais qu’elle finira par parler. Mieux vaut remédier à cette menace à l’abri des regards. |