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JilanoAlhuin![]() Spectacles![]() ![]() ![]() RĂŞve empoisonnĂ©(par JilanoAlhuin)Les larges portes s’ouvrirent, laissant les cinq individus pĂ©nĂ©trer en son sein. Entre les civils groupĂ©s près de vulgaires feux de camp Ă peine allumĂ©s et les soldats blessĂ©s qui peinaient Ă ĂŞtre soignĂ©s, la citĂ© d’Esari semblait pathĂ©tique au possible. C’était Ă se demander comment ils survivaient. — Moi qui croyais que tu avais trouvĂ© une excuse pour un simple rencard avec ta bien-aimĂ©e, je dois dire que j’suis surpris ! fit Phileas en observant les alentours. J’imagine mĂŞme pas le bazar que ça doit ĂŞtre hors des murs… — Si j’avais besoin de l’inviter pour cela, vous ne seriez pas au courant, rĂ©torqua le paladin, retirant son casque maintenant qu’il Ă©tait dans un endroit sĂ»r. — Vous ne pensez pas qu’on a mieux Ă faire que parler amourettes ici ? leur intima Kara. Elle s’approcha des survivants, et s’appropria une partie de l’emplacement pour cuisiner pour ceux encore Ă©veillĂ©s. — Elle a raison, on devrrrrait se mettre au travail, fit remarquer l’homme-chat. S’il n’avait pas Ă©tĂ© accompagnĂ© par ses camarades, nul doute que Liam aurait Ă©tĂ© traitĂ© comme un vulgaire sauvage. Seulement vĂŞtu d’un pagne vĂ©gĂ©tal, leur druide s’écarta presque trop lĂ©gèrement de ses camarades, sans la moindre inquiĂ©tude. — Bon, je vais voir c’que ton ordre prĂ©voit pour tes camarades ! En espĂ©rant que ça soit de meilleure qualitĂ© que ce que tu avais… maugrĂ©a le jeune homme en cherchant dĂ©sespĂ©rĂ©ment ce qui ressemblait Ă une forge. Le paladin observa les alentours en silence. Il n’était pas venu lĂ depuis une vieille mission. Le paysage avait bien changé… lĂ oĂą les prairies verdoyantes s’étendaient Ă perte de vue, il n’y avait plus que la misère et la mort. — On va les sortir de lĂ , et leur rendre leur ville. Ne t’en fais pas. — Comment peux-tu en ĂŞtre sĂ»re, Elysia ? J’ai rarement vu une ville en si piteux Ă©tat… — On s’est rarement aventurĂ© aussi loin, tu veux dire. Je prĂ©fère ne pas imaginer Ă quoi ressemblent les citĂ©s oĂą les premiers revenants sont arrivĂ©s. Cette ville est encore debout, et ils peuvent tous ĂŞtre sauvĂ©s, fit-elle en montrant les civils d’un geste de la main. On ne va pas les laisser maintenant, si ? — Certainement pas. On en a fait le serment, je te rappelle. — Alors allons-y. Ă” seigneur Ersel, montrez-moi la voie, fit-elle d’un air rieur, allant dĂ©jĂ en direction de l’autre cĂ´tĂ© de la petite citĂ©. Il ne leur fallut que peu de temps avant de trouver une autre entrĂ©e de la ville. Les portes tenaient Ă peine debout, et les soldats semblaient bien trop peu nombreux pour surveiller un tel endroit. Ils gravirent un escalier de pierre abimĂ©e, avant d’arriver au sommet. De leurs yeux, ils purent apercevoir la menace qui les attendaient. Au loin, une armĂ©e de crĂ©atures se relevait peu Ă peu. Un essaim squelettique qui se prĂ©parait Ă assaillir ce lieu paisible. Les quelques maisons visibles Ă l’extĂ©rieur de la ville n’étaient plus que des ruines. — Depuis combien de temps rĂ©sistent-ils ? s’enquit Elysia qui ne put dĂ©tourner le regard des morts-vivants. — Trop longtemps. D’après la lettre, deux semaines dĂ©jĂ . C’est un miracle qu’une si petite citĂ© ait tenue. — Vous pouvez me remercier pour ça, fit une voix proche d’eux. En se tournant, ils dĂ©couvrirent un homme qui semblait avoir connu bien trop de batailles. Entre les cicatrices sur ses bras, la jambe en moins qui, au vu du sang sur les bandages, Ă©tait une blessure fraiche, et les yeux cernĂ©s, il reflĂ©tait de tout son ĂŞtre la citĂ©. — Que vous est-il arrivĂ© ? demanda le paladin en s’approchant de l’homme, surpris et admiratif. — Un de ces machins a eu la bonne idĂ©e de dĂ©vorer ce qui me servait de jambe. Je lui ai bien Ă©crasĂ© la tĂŞte, je vous assure, mais bon… le mal Ă©tait dĂ©jĂ fait. Mes hommes m’ont tirĂ© de ce terrain de malheur. Ils m’ont dit de retourner Ă notre sainte cité… Et puis quoi encore ? Je ne vais pas me retirer comme un lâche ! Ersel garda le silence. Elysia quant Ă elle se tourna vers le combattant blessĂ©, le regard dĂ©jĂ prĂŞt Ă se battre pour la bataille Ă venir. — Monsieur… — Appelez-moi Varsan, ou capitaine si vous tenez tant que ça Ă me donner un titre. — Varsan… rĂ©itĂ©ra la jeune femme. Combien d’archers et de mages comptez-vous encore dans vos rangs ? — Pas assez pour repousser un assaut de plus. Il y a encore quelques chevaliers prĂŞts Ă se battre, mais ça suffira pas non plus. Et c’est sans compter… Il soupira, Ă©puisĂ©. — La citĂ© pourra pas survivre, mĂŞme si on parvenait Ă repousser tout ça. On manque de nourriture et de soins pour les blessĂ©s. — Je le sais dĂ©jĂ , fit-elle d’une voix aussi calme que possible. Et avec tous les civils sur les bras, si on veut les protĂ©ger, alors… on ne peut pas rester ici. PrĂ©parez un petit groupe et Ă©vacuez les civils vers la sainte citĂ©. Notre groupe et le reste de vos hommes, on couvre vos arrières en restant ici. Plus la citĂ© tiendra, plus vous gagnerez de temps en fuyant. — Et vous, dans cette histoire ? — On s’en sortira. On l’a toujours fait, pas vrai ? assura-t-elle en se tournant vers l’elfe. — Et comment. Occupez-vous de guider les civils, Varsan, on s’en tirera. ajouta-t-il en se craquant les doigts. Une fois l’information relayĂ©e, le groupe des cinq aventuriers se posta sur la muraille, accompagnĂ© d’archers. Les chevaliers attendaient devant la porte leurs ordres. — Sans vouloir ĂŞtre pessimiste, ça sent très mauvais… maugrĂ©a Phileas qui croisa les bras. — Cela m’a l’air d’être une tâche plus complexe que prĂ©vue, acquiesça Kara qui comptait ses flèches. Mais bon, ici, le but, c’est retarder le plus possible, puis fuir. On devrait pouvoir s’en tirer. — ILS ARRIVENT ! L’hurlement rĂ©sonna dans la citĂ© vide. Chacun banda son arc, dĂ©gaina son Ă©pĂ©e, rĂ©cita son incantation. Les portes furent ouvertes, laissant passer Elysia, Ersel et les chevaliers, tandis que les autres se trouvaient sur les murs, prĂŞts Ă tirer. Les premières volĂ©es et les premiers sorts arrĂŞtèrent un bon nombre de cadavres, mais cela ne suffit pas. Au bout de quelques minutes, les chevaliers durent se joindre Ă la mĂŞlĂ©e, repoussant vague après vague. Ils tinrent pendant ce qui semblait une Ă©ternitĂ©, avant qu’un cri retentit au-dessus d’eux. — Homme Ă terre ! En levant les yeux, ils virent que les cadavres les avaient imitĂ©s, projetant leurs propres projectiles pour tuer les leurs, forçant les mages Ă changer leurs incantations pour protĂ©ger les leurs. Les guerriers durent reculer peu Ă peu vers la citĂ©, laissant les revenants s’avancer encore et encore. Puis, le premier chevalier tomba. Son sang coula depuis la plaie bĂ©ante Ă sa gorge. Il s’effondra au sol… avant de se relever, et de se tourner. Ses yeux Ă©taient vides, pourtant il s’était relevĂ©. — Ils sont plus nombreux que je le pensais, grogna Ersel. J’espère que tu as prĂ©vu un truc… — Oui. Elysia restait concentrĂ©e. Au plus profond d’elle-mĂŞme, elle n’était pas sĂ»re de son propre plan, pourtant… elle ne voyait pas d’autre solution. MalgrĂ© tout, ils furent forcĂ©s de rentrer, et la guerrière utilisa sa magie runique, forçant la terre Ă se soulever. La terre repoussa les cadavres, permettant un bref temps de calme. Elle se tourna vers son ami druide, qui Ă©rigea un mur de racines et en guise de porte. Temporaire, mais efficace. — Ça ne tiendra pas assez longtemps… fit Phileas. Jamais on ne pourra partir Ă temps. — Si. Elysia s’approcha des racines, et elle ajouta sa propre incantation au sort de son ami. — Je vais protĂ©ger la porte suffisamment longtemps pour que vous partiez avec les soldats. Ses camarades, hormis le druide, se tournèrent vers la guerrière, l’air abasourdi. — Pardon ? s’étonna Ersel qui vint près d’elle. — Tu sais tout aussi bien que moi qu’une fois cette porte tombĂ©e, ils vous poursuivront. Vous ne pourrez pas ĂŞtre assez loin pour vous mettre en suretĂ©. Soit, on meurt tous ici, soit… — Tu Ă©tais au courant de ça, Liam ? demanda Kara en serrant les poings. Son silence Ă©tait sa seule rĂ©ponse, mais elle suffisait amplement. Ersel approcha sa main lentement du visage d’Elysia, qui Ă©vitait son regard du mieux que possible. — Pourquoi tu ne m’as rien dit ? — Parce que tu n’aurais pas acceptĂ©, murmura-t-elle. Je l’ai su dès que j’ai vu l’armĂ©e de revenants qu’il faudrait abattre. Ersel serra les dents. Entre haine, colère, tristesse, il ne savait que faire. Elle se tourna vers lui, avant de planter son regard dans le sien. — Promets-moi juste une chose, Ersel. Porte l’espoir comme je l’ai fait. Ils ont besoin de quelqu’un, fit-elle en montrant ses camarades. Il fit un signe de tĂŞte, et elle sourit. Elle profita du peu de temps qu’ils avaient pour lui voler un baiser, probablement le dernier qu’elle lui offrirait. Il serra les poings et s’éloigna en silence une fois leur Ă©treinte terminĂ©e, tandis qu’elle s’apprĂŞtait. La porte de racines tint bon pendant bien longtemps, si longtemps qu’Elysia crut y avoir passĂ© des heures. Puis, l’invasion commença. Elle les accueillit, lame en main, murmurant des incantations pour ses propres runes. Elle attaqua l’armĂ©e de cadavres, tranchant et brĂ»lant chaque monstre sur son passage. Mais alors que son combat fit rage, sa propre fatigue l’atteignit. Ce fut une lame qui lui entailla la jambe en premier. Puis, une flèche qui se logea dans son Ă©paule. Elle riposta tant bien que mal, puis ce fut une morsure derrière elle qui la toucha, suivit d’une griffure au torse. Elle parvint Ă bondir et Ă s’extirper de l’armĂ©e de cadavres, mais elle savait que cela n’était que quelques secondes de plus. Elle attrapa son arme, avant de rĂ©citer trois mots en langue runique, trois mots qu’elle avait priĂ© ne jamais devoir utiliser. Elle prit sa lame par la garde, assurĂ©e que son sortilège fonctionnerait. Puis, elle sentit sa lame traversant son corps, la dernière qui la blesserait. Les runes traversèrent son corps comme du venin. Ses veines s’illuminèrent d’un rouge brillant, se propageant sur son corps en quelques secondes. Elle hurla, la douleur lui donnant l’impression de brĂ»ler de l’intĂ©rieur, d’avoir du verre sous sa peau. Son cri cĂ©da un bref instant, avant de reprendre.
En sueur, lame en main, elle observa autour d’elle. Seule, dans la forêt, elle maudit ses propres souvenirs qui la hantaient. Elle observa le feu devant elle, espérant que la lueur d’espoir était encore allumée en son ancien amant. |