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![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() Ă€ la manière du film d'horreur
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Elinor![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Génuflexion(par Ellumyne)Un brouhaha ordinaire s’élevait du centre-ville. Des couples flânaient tranquillement dans les rues en se tenant la main. Des parents se dépêchaient de faire les dernières courses pour la rentrée scolaire de leurs enfants. Globalement, tout était calme en cette fin du mois d’août dont la chaleur écrasante incitait à la léthargie. Mais c’était sans compter une ombre mouvante au coin d’une ruelle étroite qu’aucun rayon du soleil n’atteignait jamais. Masqué par l’obscurité, un vieil homme ricana, ce qui fit tressauter sa longue barbe blanche. — Aujourd’hui, vous allez voir… murmura-t-il, sûr de lui. Ouvrant un large pan de son long manteau, il en sortit un appareil photo à téléobjectif. Puis il se cala contre le mur de pierre tiède avant de viser sa première victime à travers l’œilleton de l’appareil. Mais le zoom était tellement puissant qu’il n’arrivait pas à y voir clair et cela lui donna la nausée. L’homme grommela. — Qu’est’ que c’est qu’ça ? Ah, un bébé, non, non, c’est pas ce que je veux… Ohh, voilà ! Raffermissant sa prise sur la coque en plastique pourvue de nombreux boutons, il visa eeet clic ! Son doigt relâcha la pression et l’ancêtre observa le résultat, un sourire au coin des lèvres. Mais ce qu’il vit était à des années lumières de ses attentes… — Douggy ! A quoi tu joues ? Allez, viens… Mais viens bon sang ! s’énerva une femme en tirant sur la laisse de son chien. Le caniche s’était soudainement couché en travers du trottoir et ne semblait plus vouloir se relever, malgré les ordres de sa maitresse habillée dans une tenue de sport rouge pivoine. — Oups… ronchonna le vieil homme en tripotant les réglages de son appareil. La température montait petit à petit et il réalisa que porter un manteau en laine n’était pas la meilleure idée qu’il ait eue aujourd’hui. Mais il souhaitait rester discret, tout du moins jusqu’à ce que tout soit complètement au point. Se repositionnant, il soupira de soulagement. Maintenant, il voyait une vue d’ensemble de la place centrale. Des cris attirèrent son attention et il observa la femme dont les joues devenaient aussi cramoisies que la couleur de sa tenue à force de crier sur son pauvre toutou. Il fallait la faire taire avant que les gens ne se posent des questions. Il la visa donc avec son invention du diable eeeet clic ! La silhouette gracile de la maitresse se contorsionna dans tous les sens et battit des bras pour ne pas perdre l’équilibre. Mais c’était peine perdue. C’était comme si une gigantesque main invisible la poussait vers le sol et elle n’eut d’autre choix que de poser un genou à terre. Ce faisant, elle rejoignit son animal qui, pensant à un jeu, roula sur le dos pour réclamer des gratouilles. — Ouiiii ! hurla le vieillard en sautillant de joie. J’ai réussi ! Allez, un autre ! Tout à son bonheur, il sélectionna sa victime suivante et lui fit subir le même sort. Puis encore une autre. A chaque personne qui s’agenouillait, son cœur battait un peu plus vite. Et il continua à « photographier » chaque individu qui avait le malheur de rentrer dans son angle de tir. Jusqu’à sortir de sa cachette et utiliser son appareil comme une mitraillette, sans plus chercher la moindre précision. Des cris de détresse fusèrent de toute part, chacun se demandant ce qui était en train de se passer. Jusqu’à ce qu’un enfant le pointe du doigt. — Papa, papa, regarde, il y a le vieux fou là -bas. Le père, reconnut aussitôt le professeur Istique, à force de voir son visage placardé dans les faits divers du journal local. Il prit son téléphone et appela immédiatement la police en renfort. Cette dernière arriva très vite sur les lieux du crime, sirène hurlante. Mais cela n’inquiéta pas le moins du monde l’homme à la longue barbe qui se mit à déambuler au milieu de la foule, fier comme un coq que sa nouvelle invention révolutionnaire fonctionne sans accroc. Il s’adressa à son public forcé d’un ton hautain. — Bonjour à tous ! Aujourd’hui est un grand jour. Aujourd’hui, je vous présente le « Génuflexeur » ! Aujourd’hui est le jour où grâce à mon invention, vous vous prosternez tous devant votre nouveau maitre. Aujourd’hui est… — Est le jour où tu vas retourner en taule ! s’exclama une policière. — Que dites-vous, madame Voyance ? — Professeur Istique ! Vous êtes en état d’arrestation ! hurla Claire d’une voix fluette. Tout ce que vous direz… Dites, je dois vraiment vous répéter vos droits à chaque fois ou vous les connaissez par cœur à force ? — Eh non, vous n’y arriverez pas cette fois ! Car j’ai l’arme ultime ! répliqua le vieillard en dirigeant le téléobjectif vers la policière. Ses mains parcheminées agrippèrent plus fermement l’appareil photo et… Une trombe d’eau lui tomba sur la tête, détrempant tout sur son passage. Pris de panique, il souffla sur le boitier, le tapota, tenta de l’essuyer avec sa manche trempée. Mais rien n’y fit. Perdu pour perdu, il se campa face à Claire Voyance et appuya sur le déclencheur. Un pshiiiit misérable suivi d’une fine colonne de fumée blanche s’élevèrent de l’objet. — Mon… Mon invention… murmura le professeur en levant la tête vers le ciel afin de comprendre l’origine de son malheur. Une grosse dame aux cheveux frisés lui fit coucou du deuxième étage, un seau vide à la main, avant de l’apostropher. — On commence à en avoir marre de vos bêtises monsieur le génie. Ça vous dirait pas de partir à la retraite ? La foule applaudit de concert tandis que chacun se relevait tant bien que mal en se frottant les genoux endoloris. Et c’est sous les huées que le professeur se fit raccompagner par la policière. |