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Défi de Schrödinger (trois images)
Elinor
Spectacles
  Camelote(par Ellumyne)Le marché battait son plein dans la gigantesque cité de Blue Moon. Des échoppes multicolores de toutes tailles s’imbriquaient les unes dans les autres au point que les visiteurs ne savaient plus où donner de la tête. Partout des chalands excités encourageaient la populace à visiter leur commerce plutôt qu’un autre en proposant des myriades de services ou d’objets plus ou moins utiles voire carrément douteux. Mais cela faisait partie du jeu et Yolandi traversa la place centrale avant de bifurquer dans une ruelle plus calme. Sa mère lui avait réclamé de la poudre de scolopendre huileux pour confectionner un remède contre la toux. C’était bien évidemment totalement inefficace et surtout aussi répugnant à avaler que la créature dont elle était extraite. Mais le jeune homme savait que s’il ne lui en ramenait pas un sachet, le courroux de sa mère serait plus terrible que n’importe quel microbe. Alors il continua en direction du seul et unique commerce qui en vendait à des kilomètres à la ronde. Mais avant qu’il n'atteigne la devanture, une voix l’interpella. — Bonjouuuur ! Yolandi se retourna brusquement. Tournant la tête de gauche à droite, il cherchait la source de l’appel sans réussir à la localiser. — Ici ! Iciiiii voyons ! Une créature haute comme trois pommes, couverte d’une fourrure bleu outremer aux reflets argentés, sautillait sur son tabouret en bois au risque de tomber. Elle s’égosillait pour compenser sa petite taille et s’agrippait à sa table avec ses pattes griffues pour se stabiliser. — Vous cherchez des articles hors du commun ? siffla le vendeur entre ses longues dents de rongeur. — Euh… répondit le jeune homme qui n’était pas vraiment impressionné. — Inutile d’aller plus loin, j’ai tout ce qu’il vous faut ! — Vous avez de la poudre de scolopendre huileux ? demanda Yolandi, les yeux pétillants de malice, sachant qu’il n’en trouverait pas ici. — De la poudre de… Vous êtes fou ? La grande Epicuria Astras Therapeutics a classé cette immondice dans la catégorie des ingrédients « de nature à altérer la survie des faibles d’esprit qui se risqueraient à l’utiliser dans un remède ». Et ce depuis le troisième Cycle de la nouvelle Ere ! — Dites ça à ma mère… — C’est votre mère qui vous envoie ? Intéressant… Intéressant… Je peux vous proposer des objets d’utilité publique que la population toute entière s’arrache ! Le jeune homme glissa un regard le long de l’allée sombre. Seul un corbeau picorant quelques miettes sur le sol non loin d’un mendiant crasseux qui ronflait sous une couverture élimée, venait troubler le calme ambiant. Manifestement ce vendeur exagérait un poil sa définition de « population ». — Regardez-moi ça ! hurla la créature. Un parapluie-cape qui se fixe sur un haut de forme ! Pour être protégé des pieds à la tête ! — Ma mère ne porte pas de haut de forme… — Un porte-monnaie relié à votre compte en banque qui vous pince les doigts quand vous n’avez plus d’argent ! — Je sais gérer mes sous… — Le tout pour un prix modeste, minime, dérisoire, ridicule, que dis-je, négligeable ! — Combien pour ce parfum de l’oubli ? — Seulement 25 petites couronnes. — 25 ??? s’étrangla Yolandi. — Vous verrez, vous ne le regretterez pas. Un pshiiit sous le nez de votre victime et elle oubliera tout ce que vous voudrez. Le jeune homme pesa le pour et le contre. Il pouvait faire oublier cette histoire de poudre de scolopendre à sa mère, mais comment justifier qu’il ait dépensé le double de ce qu’il aurait dû ? Tant pis, il piocha dans sa réserve personnelle pour compléter le prix demandé et repartit avec le petit flacon de parfum. Cette année, il arriverait peut-être à convaincre sa mère que se soigner à l’aide de tisanes au miel, ce n’était pas si mal. |
