L'Académie de Lu





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Academy Universe - ancien lore


Un Fournisseur consciencieux

(par Sourne)
(Thème : vendre / dol)



Le Royaume du Nord Ă©tait une fière nation. Ses guerriers pouvaient abattre d’un seul coup d’espadon un rang entier de soldats de notre grand empire. Ah, leur magie… une incantation, un enchantement et leur mĂ©tal traversait le mĂ©tal pour dĂ©chirer les chairs… Quel carnage, j’aurais bien aimĂ© les voir en action ! Enfin, un bon coup de mortier explosif, c’est bien plus moderne et crĂ©atif…

— Pap… patron ! s’exclame une jeune Nordique.

— Hein, quoi ? Grima, c’est toi ?

Mes yeux se posent sur une belle et ravissante reprĂ©sentante du Nord. Ses cheveux dorĂ©s brillent d’autant plus que ses yeux olive pĂ©tillent Ă  la vue du splendide et pimpant archĂ©ronien que je suis ! Ah, des fois j’aimerais bien changer mes iris amĂ©thyste et ma chevelure plus sombre que du charbon… Et avoir vingt ans de moins et la forme qui va avec, cela va de soi.

— Tu as encore les yeux dans le vague ! Tu as repris une ampoule hallucinogène pendant que j’avais le dos tournĂ© ?

Là, c’est le moment où j’aimerais bien me retourner vers quelqu’un qui nous regarde, pour lui confier que c’est faux d’un air malicieux. Mais bon, derrière moi il n’y a encore que des râteliers de fusils d’assaut, des caissons de grenades et même un blindé léger… Me demande bien si j’arriverais à le refourguer, surtout après l’obus estien à l’uranium appauvri qu’il s’est pris… J’ai refait la peinture, ça devrait aller. Je pense.

— HĂ©, n'accuse pas ton patron sans la moindre preuve !

Elle soupire et appose une main sur son front, comme pour dissimuler son regard réprobateur.

— Il y a encore les fragments de verre sous ton siège.

Oups ? Bon, ça fait des annĂ©es que ça dure ce manège, elle va bien finir par se lasser et me laisser… J’ai plus de cinquante ans, je gère ma vie comme je veux mince ! Et puis, faut bien que je trouve une source d’extase, vu comme je passe mes journĂ©es enfermĂ© dans une cave sombre Ă  bidouiller des armes…

— Sinon… Tu as ton rendez-vous de cet après-midi qui est arrivé.

— Merci de m’avoir prévenu, ma petite Grima.

Mon petit ton presque compatissant a l’air d’avoir fait son effet ! Elle a l’air d’une gamine flattĂ©e maintenant hĂ©hé…

— Bon, fais-le entrer, que je puisse retourner vaquer Ă  mes occupations !

Au vu de la colère qui règne subitement dans ses yeux, elle n’a pas dĂ» apprĂ©cier. Oups ? Boh, elle s’en remettra. Ma protĂ©gĂ©e est allĂ©e la porte de mon “bureau” va-t-on dire, et laisse entrer mon indĂ©sirable invitĂ©. Un officier de l’armĂ©e nordique fait donc irruption. Du genre baraquĂ©, avec un uniforme qui moule ses muscles et une grosse chaĂ®ne en or autour du cou. Me demande si ses ancĂŞtres avaient autant de classe… Enfin bon, vu comme ils ont fini Ă©crasĂ© par les dragons du magnifique Empire d’ArchĂ©rion…

— Bien le bonjour, le Fournisseur, me fait-il avec la rigueur militaire.

— Ouais, bonjour, tout ça…

Il me lasse déjà, ce…

— Capitaine Damìtre ?

— Non. Je suis le commandant Dimitri, de l’Armée d’auto-défense Nordique.

Ils avaient le droit Ă  une armĂ©e de dĂ©fense ces sauvages du Nord ? Bah mince alors, on a vraiment mal nĂ©gocier nos accords de paix… Quoique, vu son utilité…

— C’est ça, et je suis un agent infiltrĂ© de l’Agence de SĂ©curitĂ© ArchĂ©rionnienne, qui vend des armes aux insurgĂ©s Nordistes !

— Oui, c’est pour cela que je viens Ă  votre rencontre, renâcle-t-il, las… Nous avons besoin d’une centaine de fusils supplĂ©mentaires, des munitions qui vont avec et d’une petite puissance de feu… Pourquoi pas deux ou trois mortiers ?

Il a besoin d’une puissance de feu ? J’ai envie de me dĂ©barrasser d’un blindĂ© ! Sans attendre, je bondis hors de mon siège et je lui saisis la main. L’air un peu niais de celui qui ne comprend pas lui va Ă  ravir je trouve !

— Vous ĂŞtes un de mes plus chers et estimĂ©s clients, et j’ai l’article qu’il vous faut. Allez, venez, vous ne serez pas déçu !

Après avoir opposé un peu de résistance, il se résigne et me suit bien docilement. Ma main effleure le blindage, et je lui montre le canon.

— Un griffon modèle 512 ! Un vrai monstre de puissance, vous devriez entendre son moteur rugir !

— Hum…

Je le sens un peu suspicieux… Je plaque mon dos Ă  l’ancien impact et fais mine de rien savoir. L’innocent, ça marche toujours !

— L’Empire se sĂ©pare de son dernier blindĂ© aussi facilement ? Sans vouloir vous offenser…

— Il y a pas la moindre entourloupe, jurĂ© ! Contre seulement une petite dizaine de milliers de dragons d’or, il est Ă  vous !

— Ce n’est pas autant pour les fusils ?

Ah oui. Mais j’ai bien envie de le virer de chez moi… Son regard est pesant. Il est songeur.

— Je vous offre trois ceintures d’obus avec, une affaire ! Et non enrichi Ă  l’uranium, me marmonnĂ©-je avec ironie.

— Pardon ?

— Rien, rien, ce sont les Ă©lucubrations d’un homme qui a fait son temps, voilĂ  tout ! Vous saurez ce que ça fait… si vous vivez assez longtemps, me murmurĂ©-je.

— Hum… et quelle est donc la tache que vous couvrez ?

Mince. Il m’a grillé. Respire, et invente un mensonge…

— Je vois que monsieur a l'Ĺ“il ! Un sanglier est rentrĂ© dedans et a rayĂ© la peinture. C’est pour ça qu’il est aussi abordable, je ne veux que proposer la meilleure qualitĂ© Ă  mes clients et la moindre tare m’est insupportable !

Le silence se joint à nous. J’en entendrais presque nos battements de cœur. Et je sens la sueur perler sur mon front… Il se rapproche. Jauge davantage l’état du véhicule, et l’impact d’obus. Il recule, l’air sévère.

— Je ne vous savais pas aussi amusant, Fournisseur. Allez, je prends votre griffon ! Comme d’habitude, vous le livrerez Ă  la caserne. Sur ce, je prends congĂ© de vous.

Encore un client satisfait, qui repart le sourire aux lèvres pensant avoir fait une bonne affaire. C’est si beau que j’en pleurerais presque de joie… J’aimerais dire que c’est pour ça que je fais mon métier mais bon… L’essentiel, c’est qu’il ne se soit pas aperçu de mon dol et qu’il reviendra encore. L’Empire m’en donne de ce travail, toujours à refiler de la camelote à des sauvages bien heureux…




























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