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Faucheuse![]() Spectacles![]() ![]() Bienvenue au Paradis(par Ellumyne)Une lumière aveuglante. Un bruit assourdissant. Un choc sourd. Puis à nouveau une lumière aveuglante. Eric avait totalement perdu ses repères. A peine une seconde plus tôt, il était accroupi au milieu de la route qui jouxtait sa maison, pour récupérer son chat qui s’était échappé tandis, qu’un klaxon lui vrillait les tympans. L’homme frotta ses oreilles à moitié bouchées tout en clignant des yeux pour s’habituer à la clarté ambiante. — Monsieur ? Monsieur ?! — Hein ? Que ? Quoi ? — Nous n’avons pas toute la journée Monsieur ! Regardez donc la file qu’il y a derrière vous… — Je… Où… Où suis-je ? — Les nuages, une majestueuse porte en fer forgé qui s’ouvre sur un magnifique rayon de soleil… Où voudriez-vous que nous soyons ? Au Paradis voyons ! Pourquoi posent-ils tous la même question idiote… — Au Pa… Paradis ? Et vous êtes Saint… Saint… Euh, le vieux qui garde l’entrée ? Saint-Pierre soupira d’agacement. Les Nouveaux Arrivants, ce n’est plus que ce qu’était. Aucune culture et aucun respect. Malgré tout, le gardien à la longue barbe n’avait pas d’autre choix que de laisser entrer tous ces énergumènes. Après tout, ceux qui avaient fait le bien dans leur vie avaient le droit d’entrer au Paradis. Et cet Eric ne dérogeait pas à la règle. Alors il claqua des doigts et deux angelots au visage poupon arrivèrent en voletant. — Emmenez cet homme dans ses nouveaux quartiers. Suivaaant ! Les deux gros bébés soulevèrent Eric par les épaules et le transportèrent à travers l’immense porte, jusqu’à une place charmante entourée de nuages duveteux nimbés de reflets multicolores. Là , ils s’approchèrent d’un escalier en colimaçon creusé dans un cumulonimbus et y jetèrent le pauvre homme sans autre forme de procès. Heureusement, l’homme rebondit plusieurs fois sur les parois cotonneuses avant de s’arrêter plusieurs dizaines de mètres plus bas, jambes par-dessus tête. Reprenant peu à peu ses esprits, il regarda autour de lui et ce qu’il vit lui coupa le souffle. Une centaine de personnes flânaient le nez en l’air, ou bien faisaient la sieste, lovés dans des sofas de brume scintillante. Au ciel, les nuages voguaient au gré d’une brise légère et la chaleur du soleil réchauffait les cœurs et l’âme. Eric entreprit de visiter son nouveau chez lui et s’avança au milieu de la foule. Tout le monde semblait extrêmement gentil et accueillant et nombre d’entre eux lui souhaitèrent la bienvenue avec un sourire éclatant. C’était donc ça le Paradis. Il s’y voyait bien y vivre pour l’éternité. Mais tous ces gens avaient beau être adorables, il aurait voulu profiter de cette vie avec Hiros. Après tout, son chat était dans ses bras quand la voiture les avait percutés. Son animal devait forcément être ici. Eric partit donc à sa recherche, mais personne ne semblait pouvoir l’aider. Alors il s’éloigna de la foule et se dirigea vers l’immensité du Paradis en hurlant le prénom de son animal de compagnie. Il marcha de longues minutes, et l’air se rafraichissait de plus en plus au point qu’il se mit à grelotter. — Qu’est ‘vous faites ? brailla une voix dans son dos. — Oh, vous êtes là petit angelot, figurez-vous que je cherche Hiros, mon ch… — L’est pas là  ! Retournez avec les autres ! répliqua l’autre sèchement. — Savez-vous où je peux le trouv… — Nan ! — Mais… Le visage poupon se chiffonna sous la colère. Les joues rouges et le front ridé, l’angelot s’apprêtait à piquer une crise mémorable. Mais ça, Eric ne le savait pas encore. C’est pourquoi il resta planté là , plein d’espoir. — RETOURNE AVEC LES AUTRES ! hurla soudainement le gros bébé en battant frénétiquement des ailes. Des plumes frappèrent le visage du pauvre homme qui recula de surprise en se protégeant comme il le pouvait. Contre toute attente, son dos heurta une surface dure qui bascula sous son poids. Une masse blanche aussi légère et aérienne qu’une barbe à papa géante lui tomba sur la tête et il plus il se débattait pour s’en extirper, plus le coton s’emmêlait autour de ses bras, au risque de l’étouffer. Une seconde, il se demanda s’il pouvait mourir une deuxième fois, mais la panique et des hurlements autour de lui l’empêchèrent de continuer sa divagation mentale. — Equipe technique, nous avons une urgence dans le box 12 587 ! Rapportez du gros scotch, on a une paroi à refixer et n’oubliez pas l’agrafeuse cette fois, un nuage s’est encore décroché du plafond. Stupéfait et incapable de bouger, Eric prit son mal en patience et attendit que deux créatures ailées le libèrent de sa prison. Quelle ne fut pas sa surprise quand il aperçut des tas de tuyaux derrière la cloison brisée. Un chuintement plaintif s’élevait d’une canalisation rompue et l’un des angelots se précipita dessus pour combler la brèche avec plusieurs tours de ruban adhésif. Ce n’était pas le seul bricolage approximatif qu’ils avaient l’air d’avoir réalisé. Des câbles entremêlés pendouillaient à droite et à gauche et les techniciens branchaient et débranchaient des prises au hasard tout en baragouinant des réponses aux instructions qu’ils recevaient manifestement par télépathie de leur chef, resté dans le petit village. Des lumières s’éteignaient et se rallumaient au gré de leur essais infructueux et Eric s’aperçut que les nuages si mignons qu’il voyait depuis son arrivée n’étaient en fait que d’énormes boules de coton traversées de diodes minuscules pour leur donner l’air de scintiller. Une agrafeuse murale lui passa sous le nez à la vitesse de l’éclair et trois poupons ailés ahanèrent pour replacer le gros cumulus en hauteur. Sans être excessivement lourd, il était surtout encombrant et les petits bras potelés avaient du mal à le plaquer au plafond tout en posant autant d’agrafes qu’ils le pouvaient. Tchak, tchak, tchak. Les angelots n’y allaient pas de main morte, rechargeant l’appareil en munitions dès que c’était nécessaire. Tchak, tchak, tchak. Des échardes tombaient du plafond malmené, mais au moins, ce nuage ne bougerait plus jamais. Abasourdi, l’homme les observait en silence, ne comprenant rien à ce qu’il était en train de vivre. Le Paradis était-il faux ? Était-ce un canular monté de toutes pièces ? — Toi ! Viens par-là  ! l’invectiva un ouvrier. — Moi ? Mais… Je n’ai rien fait. Qu’est-ce que… — Tu vas retourner avec les autres habitants de ton bloc. Et ne t’avise pas de parler de ce que tu as vu ! C’est clair ? Le Paradis doit rester un lieu de paix et d’harmonie ! — Euh… Mais… — Y’a pas de « mais » ! Si je te vois ne serait-ce qu’essayer de raconter ça, c’est pas les nuages que je vais agrafer la prochaine fois. Bien compris ? — A deux conditions ! Bombant le torse, Eric fit mine d’avoir plus d’assurance qu’il n’en avait réellement. Face à lui, les yeux du poupon semblaient vouloir sortir de leurs orbites tellement celui-ci était crispé de colère. — Je… Je veux savoir ce qu’il se passe ici ! — Tu veux savoir ? Eh ben moi j’vais te l’dire c’qui s’passe ici ! Tout l’monde veut aller au Paradis ! Parce que l’Paradis c’est trop bien, c’est les vacances pour l’éternité, fait beau, c’est mignon, y’a des p’tits angelots à vo’t service. Sauf qu’on peut plus ! Le ciel est surpeuplé ! Vous v’rendez pas compte. Sur les 49 000 chrétiens qui décèdent par jour, 40 000 traversent les portes du Paradis. Par jouuuuur ! Comment qu’on fait nous ? Hein ? Comment qu’on fait ? — Mais le ciel n’est pas infini ? — Infini ? Infiniiiii ? Mais où vous z’êtes allé pêcher ça ? Il ne fait que 5 trillions de mètres carrés, pas plus. Et puis nous, les angelots, on est surbookés ! Tout l’temps à devoir gérer les plaintes de X ou Y ! On meurt de fatigue. Et on peut même pas avoir de descendance pour prendre la relève parc’que… Bref… Vous savez. — Et du coup vous nous parquez dans des espèces de box grand luxe. — Voilà , on vous place dans les étages inférieurs du ciel, on vous colle des p’tits nuages par-ci, des p’tites lampes chauffantes par-là , comme ça on a un Paradis en duplex et c’est plus facile à gérer. Pas besoin de partir à la recherche d’untel qui s’est perdu dans la brume. C’est un gain de temps ! Bon, c’est quoi v’ot dernière condition ? C’est pas tout, faut que j’retourne bosser, moi. — Mon chat, j’aimerais que vous me rameniez mon chat. — Ah ça, ch’avais bien que vous alliez m’le réclamer. L’voilà  ! L’angelot, un sourire sadique au coin des lèvres, sortit un amas flasque de poils de son sac et le tendit à Eric. Face au cadavre de son compagnon, l’homme poussa un cri étranglé et se mit à pleurer à chaudes larmes. La créature ailée leva les yeux au ciel. — Il croyait en Dieu vo’t chat ? Nan, j’crois pas. Pas croyant, pas d’Paradis. La règle est simple pourtant… — C’é… C’était mon seul ami… sanglota Eric. — Désolé pour vous. Sinon, j’ai une solution. J’vous fais passer en enfer. Parait qu’là -bas, vous r’vivez en boucle vot’ mort. Du coup… V’pourriez serrer vot’ animal dans vos bras pour l’éternité. Et nous, ça nous libèrerait une place au Paradis. Z’en dites quoi ? |