Le feadhn - Le lator histi - Dryade

Dryade - Feadhn! Un dhar veut vous voir!

Le feadhn - Celui qui est arrivé hier?

Dryade - Oui.

Le feadhn - Bien, fais le entrer.”

Un homme arborant une corne sur le front, un lief, fut introduit dans la pièce de vie du dryade. Il le salua à la manière de son peuple en plaçant une main devant sa bouche et en fermant les yeux. Le chef nymphe lui rendit son salut et l’invita à s’installer à sa table.

Le feadhn - Soyez le bienvenu chez moi maître dhar. En quoi puis-je vous être utile?

Le lator histi - Merci. Pour tout vous dire, je suis en mission pour mon prince. Vous n’êtes pas sans savoir que pendant la décennie qui a précédé, mon pays a connu une période de trouble important en raison des dissensions de succession.

Le feadhn - Nous ne le savons que trop bien…

Le lator histi - Durant cette période, une partie de notre histoire a été détruite pendant un incendie. Aussi, pour éviter que cela ne se reproduise, il m’a nommé, moi et plusieurs autres reconi, lator histi ou porteur d’histoire. Notre tâche est de reconstituer notre passé et de sauvegarder celui des autres peuples, tel le vôtre, monseigneur.

Le feadhn - Le mĂŞme incident ne risque-t-il pas de se reproduire?

Le lator histi - Nous sommes un peuple pacifiste, ce genre d’incident n’a lieu que tous les milles ans.

Le feadhn - Cinq générations sont suffisantes pour oublier ce que dix ont mis à construire.

Le lator histi - Nous faisons justement ce travail pour qu’elles n'oublient pas.

Le feadhn - Très bien… Que voulez-vous savoir?

Le lator histi - Tout!

Le feadhn - Tout?! Vous êtes bien ambitieux mon garçon! Enfin… Autant commencer par le commencement. Je suppose que, vous même, avez un mythe sur l’origine du monde.

Le lator histi - Nous n’avons conservé que la version que nous a transmise Calide.

Le feadhn - … C’est votre nom pour le grand air je suppose… Et vous pensez donc avoir la véritable version, mais les dieux aiment à se mettre en valeur. Enfin… Je vais donc vous parler de notre “version”.

C’était bien des millénaires avant l’arrivée du premier fora. Il n’y avait rien. Rien qu’une boule stérile et colérique. Les dieux s’ennuyaient ferme dans leur palais d’ether. Un jour où ils devaient s’ennuyer plus qu’un autre, ils décidèrent de s’occuper de cette balle que Tadamo, le chaos originel, convoitait déjà. Tout d’abord, Talahmo, la grande terre, calma les élans de la planète et la grande mer, Farraig l’aida en apaisant le feu rouge. Cependant, Tine, le grand feu, voulant aider, détruisit tout, il fallut le concours du grand air, Amuigh, pour que tout retrouve le calme et que notre monde soit prêt. Enfin presque. Car, il manquait deux choses. La lumière et la magie.

La grande lumière, Solasion, s’allia à l’ombre,Scàth, et ils créèrent les trois soleils qui brillent sur nos têtes. La magie, Draion, créa la lune et insuffla la vie à ce caillou qui fourmilla bientôt d’une activité frénétique. Voilà comment Domhana est née.

Le lator histi - Et les deux autres?

Le feadhn - Les deux autres?

Le lator histi - Il manque deux dieux dans votre récit.

Le feadhn - J’y viens! J’y viens! Vous êtes bien impatient pour un historien!

Il resta donc deux dieux qui, comme les autres, voulaient leur part de la création. Le premier, Gachru, l’infini, posa des limites aux environs de notre monde et les décora de mille et unes étoiles. Aignion, le grand esprit, lui, était plus patient que ses semblables et attendit. Il attendit des millénaires jusqu’à ce que vienne un être qu’il sentit capable de raisonner et de comprendre les choses autour de lui, le premier fora. Il lui offrit la connaissance. Le premier compris alors qu’il ne fallait pas chercher à faire plier les arbres et qu’il suffisait de pousser avec eux.

Nous conservons encore aujourd’hui cette philosophie de vie même si nous savons aujourd’hui que le récit originel n’est rien d’autre que ce qu’il est, un mythe.

Le lator histi - Alors que pensez vous aujourd’hui?

Le feadhn - Nous ne pensons pas, nous savons, car Aignion nous a bel et bien offert la connaissance. Il est humble et refuse de prendre la place qui n’est pas la sienne, c’est pourquoi nous savons que c’est la vérité.

Le lator histi - Et quelle est cette vérité?

Le feadhn - Les dieux ne nous ont pas créé, pas plus qu’ils n’ont créé Domhana. Nous avons créé les dieux parce que nous doutions et que nous avions besoin d’eux.Cependant, aujourd’hui, ils sont tellement ancrés dans nos esprits qu’on serait bien incapables de s’en débarrasser. Mais y avons nous seulement intérêt? Je laisse cette question à vos philosophes, maître dhar.